Un petit article pour parler rapidement de la technique du travelling au cinéma, puisque j'ai réalisé aujourd'hui la 4e et dernière partie d'une série de compilations vidéos sur le sujet. Le travelling est tout simplement un déplacement de la caméra durant un plan. Il peut être latéral (vers la gauche ou la droite) ou vers l'avant et l'arrière, ou encore vertical, mais dans ce cas on parle plutôt de grue. Le travelling est à distinguer du zoom. Si visuellement, les deux techniques se ressemblent, l'effet n'est pas du tout le même. Le zoom écrase la perspective, agrandit ou réduit l’image, là où le travelling fait réellement bouger la caméra dans l’espace. Elle avance, recule, glisse sur le côté, souvent par l'intermédiaire de rails ou d'un système de dolly pour que ce soit plus fluide.
Plusieurs cinéastes sont particulièrement friands du travelling. Wes Anderson, par exemple, en use et abuse, avec des rails pour un rendu précis et millimétré. De même, avec la popularisation du Steadicam dans les années 80, le travelling est devenu plus courant et plus facile à mettre en place puisqu'il a pu, dès lors, être exécuté à la main, en portant la caméra. Aux origines du cinéma, en effet, il fallait positionner la caméra sur un train ou sur un chariot à roulettes pas forcément très stable, et on a gagné en précision et fluidité au cours des décennies. Un siècle après l'invention du cinéma, des cinéastes comme Kubrick ou Scorsese sont devenus des références du travelling "flottant".
Un travelling, en général, n'est pas là que pour faire joli. Même si parfois, le procédé peut s'avérer un peu gratuit voire tape-à-l'œil (je me dois de citer à nouveau Wes Anderson même si ça fait partie du style qu'il s'est créé), le travelling sert souvent à faire passer un message ou une émotion. Un travelling avant peut nous permettre de nous rapprocher d'un personnage, tandis qu'un travelling arrière peut donner une vue d'ensemble sur un décor ou une situation. Le travelling latéral, quant à lui, est parfait pour suivre un personnage qui marche, même si les deux autres le font également sous la forme de "follow shots" (Gus Van Sant en est un spécialiste). Il existe enfin le travelling circulaire, lorsque la caméra tourne autour d’un personnage pour donner une impression d'ivresse, ou le travelling compensé dont j'ai déjà parlé ici, popularisé par Hitchcock avec Sueurs Froides pour créer un sentiment de vertige. Bref, le travelling est un moyen de créer de la narration visuelle, de nous embarquer émotionnellement, parfois même sans qu'on ne s'en rende compte. C'est un outil puissant, souvent associé à la virtuosité.
Pour ceci, je vous présente une série de 4 vidéos que j'ai réalisées sur ce thème, qui mettent en avant ce dispositif à travers des compilations musicales. Chacune est concentrée sur une direction particulière (droite - avant - gauche - arrière). C'est une liste d'exemples (non exhaustive) de scènes cultes du cinéma, en somme, que je vous partage si ça vous intéresse.