Les films de l'enfance #10 - La chêvre - de Francis Veber

      Ça faisait longtemps que je n'avais pas revu La chèvre, même si je le connais plus ou moins par cœur. Ce fut donc un plaisir de le montrer à mes deux filles cet après-midi : elles se sont amusées autant que moi, et ont enfin compris pourquoi je les surnomme "Pierre Richard" à chaque fois qu'elles trébuchent. Je sais qu'il y a une faute d'orthographe dans le titre de cet article, mais elle est volontaire ; afin de rendre hommage à la célèbre erreur présente dans le film lui-même...

      La chèvre est un classique de la comédie française et mérite ce statut. Dans la catégorie des duos cultes, celui de Pierre Richard et Gérard Depardieu a marqué les esprits avec cette trilogie, dont La chèvre est sans doute mon volet préféré. Cette histoire au pitch absurde (engager un grand malchanceux sur les traces d'une jeune femme disparue, en espérant que ses mésaventures reproduisent celles de la disparue...) est truffée de gags poilants et de situations qui jouent sur les regards des deux acteurs et le manque de compatibilité des deux personnages, souvent hilarants. 

      Si vous êtes tentés de montrer ce film à vos enfants, faites attention au langage employé et à certaines séquences. Les miennes ont 6 et 9 ans, j'ai donc volontairement passé en avance rapide les quelques scènes dans le bordel, où il est fait régulièrement mention de "bar à putes". Autant j'accepte qu'elles entendent certains mots qu'elles connaissent déjà, tels que "putain", "connerie" ou "merde" (qui sont quasiment impossibles à éviter lorsqu'il s'agit de comédies françaises), autant j'ai envie de les préserver d'un vocabulaire trop vulgaire qui ne leur serait pas du tout adapté. 

     Exit, donc, la scène de la gifle, mais avec La chèvre, il y a bien d'autres choses à se mettre sous la dent : les dialogues cultes s'enchaînent et il y a eu pas mal de rires sur mon canapé, notamment l'improbable scène du gorille, celle des sables mouvants (personnellement ma préférée), de la guêpe, ou bien sûr la conclusion du film avec les retrouvailles sur un radeau improvisé. Dans chacune de ces scènes, le talent de Pierre Richard pour faire rire est légendaire, à tel point que son nom est devenu synonyme de maladresse dans le langage courant.

     La première partie du film est moins adaptée pour des enfants, il y a globalement beaucoup de bagarres depardiesques. Malgré tout, voir l'acteur attraper un autre mec par les narines est tordant - d'ailleurs cette scène me fait toujours rire car l'homme qui se fait tirer le nez par Depardieu a été choisi après un "casting de narines", étant donné qu'il fallait trouver un nez compatible avec les gros doigts de l'acteur. Dans la deuxième partie, le scénario se concentre davantage sur les conflits verbaux qui opposent Perrin et Campana dans la jungle, et les situations sont bien plus amusantes une fois qu'on connait mieux les deux personnages. 

     On ajoute à ça une musique culte et génialissime de Vladimir Cosma, que tout un chacun peut siffloter à la simple évocation du film, et qui plonge La chèvre dans une ambiance de comédie tout à fait particulière. Bref, un excellent moment passé en famille.