Retour très rapide sur quelques films découverts récemment, dont quatre grands classiques du cinéma. Malheureusement, j'ai très peu de choses à dire sur chacun d'entre eux : un seul entre dans mon top 500, et c'est non sans hésitation...
Naissance d'une nation (1915)
Intolérance (1916)
Deux films que tout "bon" cinéphile est censé avoir vu dans sa vie : Naissance d'une nation et Intolérance sont deux pavés de D. W. Griffith de respectivement 3h10 et 2h30. Je ne vais pas y aller par quatre chemins : ces œuvres ont été pour moi d'immenses purges, j'ai lutté comme jamais pour les finir mais je suis ravi de l'avoir fait, car au moins je n'aurai plus jamais à m'infliger cette corvée. Je comprends qu'en 1915, les films de 180 minutes n'étaient pas monnaie courante, et je vois également quelques sursauts d'audace dans la mise en scène surtout pour l'époque, mais bon sang, c'est chiant comme la mort ! Je n'ai cessé de me dire que la grande majorité des scènes auraient pu être amputées de moitié voire davantage.
Intolérance fut probablement le plus efficace en terme de somnifère, mais Naissance d'une nation remporte en plus la palme du propos nauséabond. Le pire dans tout ça : compte tenu de la réputation de Naissance d'une nation, je m'attendais à m'amuser un peu, comme je l'avais fait devant Autant en emporte le vent qui avait au moins un côté ludique (comparer les scènes pour trouver la plus scandaleuse : un sacré jeu), mais que nenni : les scènes s'enchaînent ici et les bâillements s'accumulent. Si vous avez l'occasion de ne pas le voir, ne la manquez surtout pas.
La chevauchée fantastique (1939)
En voilà un qui a failli se retrouver parmi mes coups de cœur : Stagecoach flirte parfois avec le huis clos et il est clair que le film de John Ford a inspiré de nombreux cinéastes durant des décennies, jusqu'à Quentin Tarantino et Les Huit Salopards en 2015. On y retrouve, en effet, cette bande de personnages hétéroclite qui traverse une zone dangereuse - ici, le territoire des Apaches - en diligence. Le film nous fait une promesse dès le départ : celle d'une confrontation avec Geronimo, et c'est là que le bât blesse : la fusillade finale est interminable et typique des westerns américains qui me laissent de marbre. Je sais qu'il faut remettre dans le contexte du cinéma américain de l'époque, mais cette représentation des vilains indiens est aujourd'hui totalement désuète et je me fous un peu de cette bataille sans saveur qu'on nous propose en fin de film. Dommage, car la galerie de personnages est tantôt cool, tantôt amusante. J'ai tout de même passé un excellent moment car chacun d'entre eux est bien écrit. Et c'est également la première fois que j'apprécie John Wayne dans un rôle : il s'éloigne un peu de l'image du vieux pépère que j'avais de lui jusqu'à présent.
Casablanca (1942)
Enfin vu ce grand classique de Michael Curtiz qui me faisait peur depuis tant d'années. Finalement, Casablanca est presque aussi merveilleux qu'on le dit, malgré quelques faiblesses dans l'écriture des personnages. En effet, le changement de position de Rick (de blasé à héros) est assez soudain et manque de cohérence, même si Humphrey Bogart est exceptionnel de cynisme. Quant à Ingrid Bergman, j'ai beau avoir adoré son jeu du début à la fin (quelle classe !), il faut admettre qu'Ilsa est agaçante à force de ne jamais être capable de prendre des décisions toute seule. "Oh Rick, je n'arrive plus à réfléchir, réfléchissez pour moi !"... de quoi lever les yeux au ciel. Encore une fois, c'est une vision de la femme ancrée dans une autre époque, mais ça ne permet pas vraiment au film de s'élever aujourd'hui.
Malgré tout ça, j'ai apprécié Casablanca pour son visuel incroyable : la photographie est vraiment somptueuse et j'avais les yeux rivés sur l'écran. La plupart des images sont époustouflantes de beauté, avec des jeux d'ombres typiques du noir et blanc des années 40. Pourquoi ne fait-on plus de tels films, avec un tel souci du détail ? Quant au contexte historique, il est indéniable que la date de sortie en plein milieu de la Seconde Guerre Mondiale a contribué à son statut de film culte. Bref, un joli film dramatico-romantique.
Le miroir (1975)
Deuxième tentative du côté de Tarkovski, Le miroir m'a un peu plus charmé que Nostalghia, mais je sens bien que je ne vivrai aucune histoire d'amour avec la filmographie de ce cinéaste. L'image est belle, certes, mais je ne me suis jamais senti impliqué dans cette histoire. Tout comme le précédent, j'en suis sorti avec la sensation de voir un truc trop "branlette intellectuelle" pour moi. J'ai visionné le film sagement, mais il ne m'a absolument rien procuré. J'ai été totalement indifférent aux personnages, aux situations, et même aux effets de mise en scène. Tout est froid. Je ne dis pas que Le miroir était désagréable, loin de là (c'est une sacrée progression par rapport à Nostalghia), mais ça ne me touche absolument pas. Le film m'est tellement passé au-dessus que je n'en ai quasiment plus aucun souvenir alors que je l'ai vu la semaine dernière. Si Stalker me fait le même effet d'ici quelques semaines, je pourrai officiellement m'arrêter là : Tarkovski n'est probablement pas fait pour moi.
Monstres & Cie (2001)
Vu avec mes filles la semaine dernière, je m'attendais tout de même à un plus gros coup de cœur de mon côté. Certes, le pitch est original, mais on voit un peu tout venir à l'avance et j'avais imaginé des personnages bien plus attachants. Monstres & Cie est divertissant, la fin est également assez touchante, et l'ensemble offre d'agréables moments, entre rires et émotion. Seulement, j'attendais un peu plus de folie.
Le royaume de Kensuke (2024)
Film d'animation plutôt sympa, avec de belles idées. Malgré tout, si le film plaira aux gosses pour son côté poétique et ses jolis messages - protection de la nature, des animaux sauvages -, l'ensemble est franchement trivial. Entre le vieux sage japonais qui frise le cliché ambulant, les braconniers caricaturaux sortis d'on ne sait où (l'île n'est même pas censée être sur les cartes) et le gamin tête-à-claques, il y a peu de place pour l'originalité, d'autant que tous les ressorts scénaristiques se devinent très facilement. Le Royaume de Kensuke est tout de même charmant, ne serait-ce que pour les décors et les musiques, mais à conseiller à un jeune public. Dans le même genre, découvrez plutôt La tortue rouge, mille fois plus inventif et poétique.