Si on m'avait dit que je ressortirais déçu d'un film de Klapisch à propos de généalogie et de reliques du passé, je n'y aurais pas cru. Pourtant, La venue de l'avenir est un film au scénario rebattu, cliché à mort, à tel point que ça en frise le ridicule. Dommage, car il y avait tout de même de belles idées. Cet article spoile le film, mais bon, l'écriture du scénario est si évidente que vous n'aurez aucun mal à en deviner la fin au bout de 30 minutes.
Je ne vais pas m'abaisser, comme d'autres l'ont fait, à critiquer le soi-disant népotisme du casting, car je me fous totalement d'où viennent les acteurs tant qu'ils tiennent la route, ce qui est globalement le cas ici. En effet, je n'ai rien à redire sur les comédiens qui, certes, sont exactement là où on les attend (notamment Vincent Macaigne, Julia Piaton et Zinedine Soualem qui nous ressortent le même rôle à tout bout de champ), mais ne font aucune fausse note dans leur jeu. J'ai cru à leurs personnages de A à Z, même Suzanne Lindon qui me faisait un peu peur mais qui assure toute la partie dans le Paris de la fin du XIXe.
Non, ce que je reprocherai à La venue de l'avenir, c'est la platitude, voire la trivialité exaspérante de son écriture. L'idée, pourtant, était excellente : celle de réunir différents membres d'une famille dans la maison abandonnée dont ils viennent d'hériter (et qui, évidemment, doit être revendue et détruite pour construire des parkings et un centre commercial à la place... bla bla bla on connait la musique et on commence déjà à soupirer). Malheureusement, n'attendez aucune nostalgie ni aucune émotion généalogique, car l'ensemble est confondant de bêtise. Les différents cousins, qui ne se connaissent pas, se retrouvent dans cette vieille maison et tombent sur une toile en parfait état accrochée au mur alors que la baraque, inhabitée depuis 80 ans, prend l'eau, la poussière et le vent. Très rapidement, on comprend que les personnages ne seront pas tellement au centre de l'intrigue, car le but de toute l'enquête est de comprendre que ce tableau est en réalité un trésor inestimable... je vous le donne en mille : une œuvre perdue de Claude Monet lui-même, bien sûr, comme par hasard. Et on apprend qu'en fait, toute la famille est liée à l'histoire du peintre et bla bla bla. J'ai tellement levé les yeux au ciel qu'ils se sont probablement décollés un peu de leurs orbites. Dans le genre scénario complètement crétin, ça se pose là.
Tout aurait pu passer crème si les personnages principaux étaient un tant soit peu intéressants, mais ce n'est le cas pour aucun d'entre eux. Tous sont vides et semblent n'avoir aucune histoire : ils sont effleurés, tout au plus. Côté XIXe siècle, Suzanne Lindon est plutôt magnétique mais Adèle est un personnage raté, elle n'a d'intérêt que pour les figures historiques qu'elle côtoie, jusqu'à sa rencontre avec Monet à Giverny qui est d'une superficialité étonnante, venant de Klapisch. Anatole et Lucien ne présentent aucun intérêt, pas plus qu'Odette : on se contrefout, finalement, de sa condition de prostituée, du moment que le beau Paris nous est montré dans une reconstitution des plus idéalistes. Quant à l'intrigue moderne, aucun des quatre personnages n'a de matière pour nous faire ressentir quoi que ce soit. Même le protagoniste, Seb, est bloqué dans des choix de vie incompréhensibles. Autant la première scène avec Cassandra Cano (dans le rôle de l'influenceuse sans cervelle) est plutôt amusante, autant on a bien du mal à comprendre ce que la jeune femme fait ici au bout d'un moment, mis à part pour délivrer les messages les plus neuneus qui soient.
Il n'y a guère qu'une comédienne qui m'ait semblé avoir un peu de substance pour une sous-intrigue qui aurait pu être terriblement jolie : c'est Pomme, dans la peau d'une chanteuse simple et pétillante. Elle offre au film un moment magnifique avec le titre "La nuit", seule vraie parenthèse poétique du film. Malheureusement, là aussi, tout est simplement effleuré en surface pour aboutir à une conclusion mièvre et attendue. On voit à peine la chanteuse, mais on rêverait presque qu'elle ait pris la place de Suzanne Lindon dans le rôle principal, tant elle semblait avoir à offrir. J'espère la voir développer sa carrière d'actrice prochainement, pour voir ce que ça donne.
Bref, je n'avais pas prévu d'être aussi négatif avec La venue de l'avenir, car j'ai tout de même passé un assez bon moment dans la salle, mais c'est finalement la trivialité du scénario et la bêtise du propos qui l'emportent. Je ne sais pas ce qu'a voulu faire Cédric Klapisch ici, mais on est très loin de la subtilité et de la poésie de ses précédents films (Ce qui nous lie, Deux moi, En corps avaient été de jolis coups de cœur). Ici, il s'enfonce dans une reconstitution de la capitale totalement clichée, et accouche d'une histoire de voyage dans le temps parisien qu'on a déjà vue ailleurs en mieux (cf Minuit à Paris qui, s'il n'était pas exceptionnel, avait poussé jusqu'au bout le même concept avec un peu moins de sérieux). Je suis très déçu.