Together - de Michael Shanks - Critique

      Millie et Tim approchent de la quarantaine et décident de déménager pour donner un nouveau départ à leur couple. Lors d'une promenade, ils chutent dans une caverne, et vont devenir étrangement plus fusionnels... En voilà un film d'horreur très sympa ! Je ne m'attendais à rien, et j'ai été positivement surpris par la qualité de ce premier long-métrage de Michael Shanks. Du body horror réussi, bien foutu, qui ne laisse pas indifférent.

      Sans être un chef d'œuvre, Together est étonnant et tient la route du début à la fin. Durant 1h35, le réalisateur joue avec son concept inédit et atteint parfois des sommets d'horreur parfaitement maîtrisés. Outre les scènes de suspense, comme les classiques surprises dans le noir – mais sans jumpscares, s'il-vous-plaît ! –, la plupart des effets horrifiques reposent sur du body horror très efficace : corps tordus, charcutés, peau qui se décolle, cheveux qui agissent comme des lianes rampantes et gluantes. Les effets pratiques, les transformations corporelles, les sons visqueux sont saisissants. 

     Le plus fort, dans tout ça, c'est que Together ne tombe jamais dans l'écueil de vouloir trop en montrer. La caméra révèle et cache ce qu'il faut, elle s'arrête au bon moment. Les scènes de fusion sont certes dégoûtantes, mais rarement gratuites. Quant au spectateur, s'il se tortille devant son écran, il ne peut bizarrement pas en décoller les yeux. Je me souviendrai longtemps de la scène dans les toilettes, ou encore de la séquence finale qu'on pourrait qualifier "d'horreur poétique". 

     L'écriture et la mise en scène ne gâchent rien : le scénario contient quelques facilités, comme l'identité du mystérieux voisin sympa, mais le propos du film est d'une cohérence folle. Car Together n'est finalement qu'une grande métaphore de la dépendance affective dans un couple, en montrant littéralement une fusion physique entre les deux personnages. L'amour peut unir deux personnes, mais peut aussi les étouffer, jusqu'à en devenir toxique. Ici, Tim est un homme dépendant de sa partenaire, il ne peut s'éloigner d'elle sans ressentir des effets d'angoisse ou de manque. Together illustre ces phénomènes en les poussant à l'extrême, et je trouve l'allégorie assez brillante. Bien que ce soit encore perfectible, il y a ici bien plus de finesse, à mon goût, que dans un The Substance lourdaud ou un Men exécrable.

      Pour couronner le tout, les deux acteurs principaux sont à la hauteur du reste, même si leurs personnages manquent clairement de profondeur. Dave Franco est totalement crédible, mais c'est surtout Alison Brie qui tire son épingle du jeu : on croit en ce personnage et en ses doutes. L'actrice est subtile. Sa carrière est à suivre, tout comme celle du réalisateur qui m'a scotché pour un premier essai. C'est prometteur.

      Bref, je vous conseille d'aller voir Together si vous avez le cœur un minimum accroché. Il vaut le coup d'œil, au moins pour la curiosité, pour ses idées audacieuses et son atmosphère glauque. Un film original, visuellement marquant, avec une double lecture intéressante.