Tout simplement l'un des meilleurs films que j'ai vu cette année. Choquant, bouleversant, profond. Réalisé par Tony Kaye en 1998, American History X est un film traitant des grouspuscules néonazis aux
Etats-Unis. Edward Norton y joue le rôle de Derek Vinyard, un homme qui a perdu son père, abattu par un
dealer noir. Depuis ce jour, il ne ressent que de la haine et rejoint un groupe militant d'extrême-droite qui prône la supériorité de la race blanche. Convaincu qu'il doit venger son père,
il commet un double meurtre et entraîne son jeune frère Danny dans la spirale de la haine.
"Wouaw...", voilà tout ce que j'ai trouvé à dire à la fin de ce film. C'est le premier long-métrage
de ce réalisateur,
Tony Kaye, qui est quasiment inconnu dans le monde du cinéma, et quelle réussite ! Je vais même avoir du mal à exprimer
tout ce que j'ai pu ressentir en voyant ce film, rempli de scènes tout aussi bonnes les unes que les autres. Voyons, par où commencer ?
Alors déjà, je me demande si j'ai déjà vu passer 2h de film aussi vite. Toutes ces images,
tous ces dialogues sont tellement forts que j'ai été hypnotisé pendant les trois premiers quarts du film. Pas hypnotisé d'admiration, je vous rassure, mais plutôt de choc, mêlé à de la révolte.
Comment dire...?
Edward Norton est hallucinant, déjà. C'est très très impressionnant de voir à quel point il donne de la crédibilité à son
personnage, c'est dingue. Il interprète ce skinhead néonazi avec tant de force et de talent que je n'en reviens toujours pas. Le personnage de
Derek est
imposant, terrifiant, révoltant. Voir cet homme débiter toute ces insultes, toutes ces conneries pendant la majeure partie du film, ça fait un choc. On a typiquement affaire au gros raciste de
base qui ne sait pas exactement de quoi il parle, et qui forge toute sa pensée sur un traumatisme d'adolescent et des théories de groupuscules d'extrême-droite. Et il y croit à fond, il est
persuadé de détenir la vérité suprême. Ce qui m'a beaucoup refroidi, c'est de penser que de telles personnes existent réellement (et bien sûr, pas seulement aux USA, puisque ce genre de clans
existe en France). Des xénophobes primaires qu'on ne peut absolument pas raisonner, quoiqu'on puisse dire. Ce principe est puissamment montré dans ce film, notamment lors de la scène où
Derek s'énerve chez lui, à table, et que ça dégénère. Une scène assez choquante, face à laquelle on ne sait pas comment réagir, béats de stupeur ou
murmurant éventuellement un petit "
oh la vache"...
Dans ce film, la violence est très présente, mais elle n'est pas
gratuite. C'est surtout à de la violence morale qu'on a affaire, notamment lorsque
Derek abat deux noirs dans un élan de haine, torse nu, avec une grosse
croix gammée tatouée sur le buste et les yeux pétillants de folie (
première photo). Quand on pense que ce genre de personnes court les rues, il y a de quoi avoir peur et se poser
des questions sur leur état mental. De plus, ce film ne dénonce pas vraiment le racisme (mais bien sûr, il ne le prône pas !). Disons simplement que ce n'est pas un film
contre le racisme, mais
sur le racisme. On assiste à l'évolution de ce personnage qu'on déteste profondément, mais
qui va commencer par trouver la voie de la rédemption. J'arrête là pour les spoilers, car sinon je devrais tout raconter (bien que j'en ai envie !). Même si certains voient dans ce film
une oeuvre ultra-moralisatrice, ce n'est pas ce que j'ai personnellement ressenti. La fin du film est assez étrange car la profondeur du personnage est vraiment poussée jusqu'au bout, et on en
arrive à le plaindre alors qu'on l'a haï pendant presque deux heures.
Le film est basé sur un système de
flashbacks, tous en noir et blanc (tiens,
tiens), ce qui donne au film quelque chose de plus. Ce principe est vraiment intéressant, car il nous permet d'essayer de comprendre le personnage de
Derek
jusqu'au bout, des origines de sa haine vers sa prise de conscience, en passant par tous ses actes et discours odieux. Ce sont vraiment les paroles qui frappent dans ce film, plus que les gestes.
Des dialogues pétrifiants qui montrent non seulement que ces personnes ont une argumentation très claire, mais pire : qu'elles y croient à fond et qu'aucun argument ne peut les en dissuader.
Certains diront que le film accumule les clichés, car il associe tous les racistes à des admirateurs sanguinaires de
Adolf Hitler. Mais ce
n'est pas le cas, car si le film traite en effet du racisme, il se concentre surtout sur les racistes les plus violents, les plus haineux et les plus dangereux, ceux justement qui adulent le
nazisme et font l'apologie de la race supérieure. Le film prend le risque de ne montrer que ces cercles très fermés, et a l'intelligence de ne pas généraliser à tous les xénophobes, puisqu'il
parle uniquement du groupe auquel appartient
Derek. Le racisme existe à différents niveaux, et le film montre simplement le plus extrême. C'est pour ceci que
moralement, c'est frappant et ça calme. Un film brutal, mais qui prend soin de ne pas donner de leçons (à part la toute fin, regrettable par sa nian-nianterie), en montrant simplement l'histoire
de cet homme dans la spirale de la violence et du fanatisme racial.
En plus du noir et blanc, le réalisateur, qui est également le directeur de la photographie, nous offre des plans incroyables. Avec des
ralentis captivants, des gros plans qui font froid dans le dos, il nous scotche totalement, l'esthétisme atteignant des sommets. Grâce à ceci, il parvient à capter chaque regard de l'acteur qui
fait un boulot monstre. Et ce qui est fort, c'est d'avoir présenté ce personnage principal comme un leader néo-nazi aux idées bien arrêtées, et pas comme un "jeune naïf" influencé par une masse
ultra-convaincante. Mais
Edward Norton n'est pas seulement imposant et frappant, il est aussi bouleversant et poignant. Le deuxième acteur
principal du film est un autre
Edward, il s'agit d'
Edward Furlong, éblouissant de talent. Il
n'avait alors que 20 ans, et je suis de plus en plus surpris par le jeu cet acteur (souvenez-vous, le fils
Connor de
Terminator 2) au fur à mesure que je le découvre. Il joue donc le rôle de
Danny, le jeune frère de
Derek, qui va se laisser embrigader par les absurdités de son frère, son modèle. C'est donc lui qui joue le rôle du jeune naïf qui tourne mal.
Bref, j'ai vraiment vu quelque chose de très fort ce soir, et je vous le conseille vivement si vous ne l'avez jamais vu, car il vaut le détour. J'en viens même à
me demander pourquoi je ne l'ai pas vu avant (mais c'est souvent comme ça avec les chefs d'oeuvre).
Une petite bande-annonce tiens, ça faisait longtemps :
Voir aussi : La 25e heure,
Fight Club (fin du film).