Un film très dur à juger car il sort totalement de l'ordinaire. J'avais tellement accroché à Antichrist que j'attendais beaucoup de Dogville, malheureusement il faut dire que la déception a
été au rendez-vous.
Indice Spoiler :
-> Lire la suite...
Pourtant, ce ne sont pas les qualités qui manquent. Premièrement, bien sûr, il y a cette trouvaille visuelle impressionnante, c'est bien la première fois qu'on voit
quelque chose du genre dans un film. Il dure 3 heures et se passe entièrement au sein d'un lieu sans décors. Les limitations des maisons sont tracées au sol, il n'y a ni Soleil ni terre, ni eau.
C'est bien simple, on a l'impression d'assister à une pièce de théâtre avec encore moins d'accessoires. Pas de portes, mais les acteurs font comme si et le bruitage est bien là. C'est vraiment
étrange et bien trouvé, dès le début on se dit qu'on est tombé dans un truc de dingue. De plus, ça fait marcher l'imagination du spectateur de façon spectaculaire, même si par moments je me suis
demandé si le film n'aurait pas gagné à posséder de vrais décors. Autre qualité évidente : le scénario. L'idée est tout simplement lumineuse. Une femme, cherchant à fuir visiblement les
autorités, se cache dans un petit village d'une vingtaine d'habitants : Dogville (le nom du village a d'ailleurs son importance, le film commençant et
finissant sur le chien). A partir de là, comme les Dogvillois considèrent qu'ils prennent beaucoup de risques à la planquer ainsi, ils se mettent à exiger de plus en plus de choses de
l'étrangère, choses qu'elle ne peut pas refuser, jusqu'à se faire traiter comme un véritable animal. Le film est exemplaire sur son scénario et sur le principe d'une communauté qui s'acharne
crescendo sur une pauvre femme sans défense. Ca monte vraiment progressivement en puissance, ce qui est une bonne chose pour la dernière heure absolument génialissime, jusqu'à la toute fin où la
question de "pardonner" vient au centre de l'intrigue. Vraiment magnifique, de voir l'évolution de cette femme au sein d'une communauté à laquelle elle n'appartient pas, mais va finir par
appartenir aux habitants au sens propre du terme. La poussée de violence (pourtant douce, mais malsaine et glauque) est un pur bonheur cinématographique. A partir du moment où elle se fait
enchaîner, c'est vraiment "jubilatoire" dans le sens "dérangeant".
Mais voilà, pour accéder à un tel crescendo, il a fallu commencer le film lentement, très lentement. Et malheureusement, de ce côté on se fait
vraiment chier pendant la première heure (au moins). Une fois la surprise de la mise en scène estompée, l'absence de décors ennuie et la lenteur des scènes aussi. Il ne se passe quasiment rien et
ce ne sont pas les dialogues qui relèvent le tout. Sans mauvais jeu de mots, le dialoguiste essaie de meubler, mais il a du mal. Des répliques clichées, pourtant les acteurs sont vraiment
excellents (je commence à véritablement adorer Nicole Kidman), notamment Paul Bettany,
toujours aussi génial, Lauren Bacall, Jeremy Davies (notre bon Daniel Faraday) et
l'apparition de James Caan. Mais non, franchement, la première heure, voire les deux premières, sont très chiantes, des comme ça j'en n'ai
rarement vu passer aussi lentement. La chose que je me suis dit immédiatement : "Je ne verrai jamais ce film une seconde fois". Pourtant, ce début de
film sert à la perfection la dernière partie absolument sublime (y'a pas d'autre mot).
Bref, on a affaire à un OVNI du cinéma, mais si cet OVNI avait pu durer 2 heures au lieu de 3, ça n'aurait pas été plus mal.