Dogville - de Lars von Trier

         Un film très dur à juger car il sort totalement de l'ordinaire. J'avais tellement accroché à Antichrist que j'attendais beaucoup de Dogville, malheureusement il faut dire que la déception a été au rendez-vous. 

 

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dogville

 

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      Pourtant, ce ne sont pas les qualités qui manquent. Premièrement, bien sûr, il y a cette trouvaille visuelle impressionnante, c'est bien la première fois qu'on voit quelque chose du genre dans un film. Il dure 3 heures et se passe entièrement au sein d'un lieu sans décors. Les limitations des maisons sont tracées au sol, il n'y a ni Soleil ni terre, ni eau. C'est bien simple, on a l'impression d'assister à une pièce de théâtre avec encore moins d'accessoires. Pas de portes, mais les acteurs font comme si et le bruitage est bien là. C'est vraiment étrange et bien trouvé, dès le début on se dit qu'on est tombé dans un truc de dingue. De plus, ça fait marcher l'imagination du spectateur de façon spectaculaire, même si par moments je me suis demandé si le film n'aurait pas gagné à posséder de vrais décors. Autre qualité évidente : le scénario. L'idée est tout simplement lumineuse. Une femme, cherchant à fuir visiblement les autorités, se cache dans un petit village d'une vingtaine d'habitants : Dogville (le nom du village a d'ailleurs son importance, le film commençant et finissant sur le chien). A partir de là, comme les Dogvillois considèrent qu'ils prennent beaucoup de risques à la planquer ainsi, ils se mettent à exiger de plus en plus de choses de l'étrangère, choses qu'elle ne peut pas refuser, jusqu'à se faire traiter comme un véritable animal. Le film est exemplaire sur son scénario et sur le principe d'une communauté qui s'acharne crescendo sur une pauvre femme sans défense. Ca monte vraiment progressivement en puissance, ce qui est une bonne chose pour la dernière heure absolument génialissime, jusqu'à la toute fin où la question de "pardonner" vient au centre de l'intrigue. Vraiment magnifique, de voir l'évolution de cette femme au sein d'une communauté à laquelle elle n'appartient pas, mais va finir par appartenir aux habitants au sens propre du terme. La poussée de violence (pourtant douce, mais malsaine et glauque) est un pur bonheur cinématographique. A partir du moment où elle se fait enchaîner, c'est vraiment "jubilatoire" dans le sens "dérangeant".

         Mais voilà, pour accéder à un tel crescendo, il a fallu commencer le film lentement, très lentement. Et malheureusement, de ce côté on se fait vraiment chier pendant la première heure (au moins). Une fois la surprise de la mise en scène estompée, l'absence de décors ennuie et la lenteur des scènes aussi. Il ne se passe quasiment rien et ce ne sont pas les dialogues qui relèvent le tout. Sans mauvais jeu de mots, le dialoguiste essaie de meubler, mais il a du mal. Des répliques clichées, pourtant les acteurs sont vraiment excellents (je commence à véritablement adorer Nicole Kidman), notamment Paul Bettany, toujours aussi génial, Lauren Bacall, Jeremy Davies (notre bon Daniel Faraday) et l'apparition de James Caan. Mais non, franchement, la première heure, voire les deux premières, sont très chiantes, des comme ça j'en n'ai rarement vu passer aussi lentement. La chose que je me suis dit immédiatement : "Je ne verrai jamais ce film une seconde fois". Pourtant, ce début de film sert à la perfection la dernière partie absolument sublime (y'a pas d'autre mot).

      Bref, on a affaire à un OVNI du cinéma, mais si cet OVNI avait pu durer 2 heures au lieu de 3, ça n'aurait pas été plus mal.







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Z
<br /> <br /> Je pense qu'elle parle des propos qu'il a tenu à Cannes.<br /> Il a dit qu'il comprenait Hitler, qu'il avait de la sympathie pour lui et il avait fini avec un grand sourire en disant que c'était un nazi.<br /> Allez hop, banni de Cannes carrément. Ce qui montre une fois de plus les limites de la liberté des artistes dans ce festival snob, arty, bourgeois de merde, ou l'on se branle sur nimporte quel<br /> torchons pseudo-intellectuels mais ou dès qu'un film à un truc intéréssant à dire (genre Irréversible) personne ne comprend rien.<br /> Cela dit moi dans ses propos je ne vois qu'un misérable coup de provoc, rien de bien méchant... D'autant plus que la femme et les enfants de Von Trier sont juifs apparemment.<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Ouais effectivement Mona parlait de ça ;) J'en ai entendu parler bien sûr, mais j'admets que je m'en fiche complètemen et que c'est pas ça qui va m'empêcher de suivre sa filmo !<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> <br /> Je parlais "humainement" ... suite aux nombreux dérapages dans ses propros et des derniers en date à Cannes cette année, t'en as pas entendu parler ???<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Aaaaah ça ! C'est typiquement le genre de trucs qui me laisse ni chaud ni froid. En fait, j'ai pour principe que "l'homme" ne doit pas être une entrave à la découverte de "l'artiste". Ce sont<br /> deux choses à part et perso je ne m'intéresse qu'à ses films, pas à lui.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> <br /> Je t'avouerais que je n'ai jamais vu aucun LVT (pas trop fan de sa provoc à 2 balles non plus) ; mais je pense que je pencherais plus vers Dancer in the Dark ou Breaking the Waves si jamais<br /> un jour  ... ou bien Melancholia pour Kirsten Dunst. Cette fille dégage un truc très particulier.<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Concernant la provoc à deux balles, je ne sais pas trop d'où tu tiens ça... Antichrist est assez violent mais il n'empêche que visuellement, y'a des scènes fou (la scène de l'ultra-ralenti dans<br /> la forêt est magique et superbement oppressante, ça m'a bien marqué), une bonne ambiance et des scénarios bien foutus. Quant à Dogville, aucune provoc, le sujet est même traité avec de la<br /> douceur. Bref, j'suis pressé de voir Dancer in the Dark et Melancholia !<br /> <br /> <br /> <br />
F
<br /> <br /> Aaaaah  ! jsuis contente que tu parles de ce film <br /> <br /> <br /> C'est un ovni cinématographique qui m'a marquée à vie , car je l'ai vu au ciné , sur "grand écran" (ça change tout , crois-moi ), avec mon papa,  et j'étais bluffée .<br /> <br /> <br /> Pour moi c'est magnifique et cultissime et ça vaut 15 "history of violence" que, perso,  j'ai trouvé inintéressant (en lisant les commentaires, j'ai vu que les cahiers du cinéma et les<br /> inrocks avaient classé ce film dans le top ten de la décennie, je rêve!!! ) .<br /> <br /> <br /> Mais bon ,je crois que les goûts et les couleurs, les sensibilités de chacun ,c'est qqc qu'on ne peut pas vraiment décrypter .<br /> <br /> <br /> ps  : Nicole Kidman est excellente dans Dogville mais à chier dans Eyes wide shut , de kubrick . Une actrice très "irrégulière " dans ses prestations (selon moi) .<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Justement, bientôt dans le ciné près de chez moi ils vont passer tous les Kubrick, j'ai hâte de voir tout ça, y compris Eyes wide Shut !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Et personnellement je préfère regarder 15 fois History of Violence que 15 fois Dogville, une fois c'est déjà très long...<br /> <br /> <br /> <br />