Pour les mordus de vampires, ce film de 1994 est une sacrée réussite, à cent lieues de ce qui se fait 15 ans plus tard (oui, je ne manque jamais une
occasion de critiquer cette fameuse saga). C'est le film qui a, je pense, révélé Kirsten Dunst qui a maintenant un superbe parcours
cinématographique, et on comprend pourquoi. Entretien avec un Vampire est tiré du roman du même nom, d'Anne Rice, qui a également écrit le scénario du film (légèrement différent de la version littéraire). Le titre du film est intrigant : un journaliste,
Daniel Malloy, interviewe Louis de la Pointe du Lac chez lui. Il apprend que ce dernier est un vampire, qui lui relate en
détails le cours de sa vie, et notamment sa rencontre avec le vampire Lestat.
Le début du film est rapide et sans longueurs, on entre directement dans le vif du sujet avec une petite conversation entre le journaliste
et
Louis, qui nous intrigue déjà avec ses yeux perçants et sa stature impressionnante voire effrayante. Cependant, dès que le vampire commence à raconter son
histoire, j'ai eu un peu de mal. En fait, je me disais que si le film continuait de cette façon pendant 2 heures, j'aurais du mal à finir. Car il y a certaines parties du corps humain que je
déteste, que je ne supporte pas, notamment le poignet du côté paume de la main, et les veines latérales du cou (c'est pour ceci que je ne supporte pas de voir
Ruquier plus de 12 secondes). Pas de bol, pendant les 15 premières minutes du film les deux vampires passent leur temps à mordre ces deux endroits précis, avec évidemment
la dose de sang qui va avec. Mais bon, ça passe encore et j'ai même trouvé ça amusant et logique de débuter le film comme ça, car pour nous présenter un peu le monde des vampires c'était
inévitable et je m'y attendais, évidemment.

Heureusement, le film ne se contente pas que de ça et passe
rapidement à autre chose. Habituellement, je ne suis pas fan des histoires de vampires, mais là j'ai trouvé le scénario et les idées intéressantes et assez captivantes. Ici, les vampires ont une
certaine classe, quelque peu effrayants mais c'est absolument génial de voir
Brad Pitt et
Tom
Cruise transformés ainsi. J'ai donc pris plaisir à suivre cette intrigue d'un bout à l'autre. Par l'intérmédiaire du récit de
Louis, on en
apprend beaucoup sur le mode de vie de ces vampires, qui finalement ne craignent pas les gousses d'ail, ni les pieux (ben oui, c'est ridicule voyons !) mais sont néanmoins obligés de dormir dans
des cercueils et de se nourrir de sang pour survivre. Il s'avère donc que le personnage principal (le vampire interrogé par le journaliste) est assez particulier.
Louis de la Pointe du Lac n'est pas un vampire comme les autres, car il éprouve du regret à tuer des humains, et s'en prend donc essentiellement aux animaux. En quelques
sortes, c'est un vampire "végétarien" à sa façon, avec une âme et des principes moraux que n'ont pas les autres. Ce qui le rend intrigant et particulièrement touchant.
Brad Pitt est assez dingue tout au long du film, avec son air sérieux, son regard pénétrant et sa posture très noble et droite. Le personnage de
Louis est donc assez profond, sensible, et on se demande s'il est vraiment à sa place dans ce monde de violence et d'inhumanité. Son créateur,
Lestat, est au contraire un vampire sans remords qui aime tuer et se ressourcer de bon sang humain. Ce qui fait la force de ce personnage, c'est son humour noir qui est
souvent présent dans le film. Le moment où
Lestat danse avec le cadavre de la mère de
Claudia est à mourir de rire et
j'ai eu presque du mal à m'en remettre, avec la fameuse réplique "
There's still life in the old lady yet !".
De manière générale, le personnage de
Lestat est totalement délirant, drôle et complètement fou. La
scène pendant laquelle il incite
Louis à se lancer et à tuer une servante est bien décalée et amusante, avec ce cercueil et ces dialogues géniaux
("
Je ne suis pas morte ?" - "
Non, vous n'êtes pas
morte" - "
Pas encore !"). De même à la fin du film avec cette réplique tordante lorsqu'il écoute la cassette
enregistrée : "
Aaah Louis, toujours en train de pleurnicher, ça fait des siècles que j'entend ça". Bref, quasiment toutes
les répliques de
Lestat sont à retenir, et
Tom Cruise est parfait dans ce rôle, même si
Anne Rice avait quelques doutes à ce sujet avant d'assister à la projection. C'est d'ailleurs lui qui, à mon goût, tire le mieux son épingle du jeu, il
est méconnaissable et tout simplement impeccable. Très loin de ses rôles de beau gosse habituels, il nous offre une interprétation folle et pleine de vie. De plus, il est complètement fidèle au
Lestat du bouquin, d'après ce que j'ai pu comprendre (non je n'ai pas lu le livre).

Enfin, le troisième personnage principal est donc
Claudia, une gamine qui vient de perdre sa mère et qui est mordue par
Louis. Le changement de caractère est radical : la jeune fille
prend rapidement goût au sang humain, terrassant tout ce qui lui tombe sous la main pour assouvir ses besoins. Encore beaucoup d'humour noir au début du film, avec quelques répliques bien
senties.
Kirsten Dunst, qui était bien jeune à l'époque, est d'un talent précoce très prometteur (confirmé par la suite), déjantée et
incroyable. Quand
Claudia apprend qu'elle ne grandira jamais et que ses cheveux seront toujours longs et bouclés, elle nous offre une crise d'hystérie
impressionnante et mémorable. Bref, les acteurs sont tous excellents, même
Antonio Banderas que je trouve souvent assez quelconque m'a
étonné, dans un rôle assez imposant, celui d'
Armand, un vampire assez "méchant", chef d'une meute de monstres assoiffés de sang (il n'est pas vraiment le chef
mais d'après lui, "
s'il y avait un chef, ce serait moi", réplique qui m'a bien fait rire).
Armand permet également d'introduire une "ambiguïté" : celle de l'homosexualité des vampires. Ce n'est pas abordé clairement, mais le thème est néanmoins présent et
déroutant ! A un moment, on a même l'impression que
Louis et
Armand vont finir par s'embrasser. Ce sentiment est visible
également entre
Lestat et
Louis, par le fait que
Lestat recherche activement un
compagnon avec lequel il pourrait tromper sa solitude et "tuer" le temps. Etant donné que les vampires ne ressentent rien, il ne serait pas sage d'appeler ça de l'amour, mais on a quand même une
relation assez étrange entre les deux, qui jouent carrément les pères de famille en "adoptant"
Claudia (
Lestat, dans
toute sa splendeur : "
Voilà une heureuse famille !"). Mais bon, le film ne s'attarde pas là-dessus et il parait que le
livre est plus détaillé à ce propos, je ne vais donc pas parler de ce que je ne sais pas.

Cependant, je n'ai pratiquement parlé que de l'humour et de l'ambiance assez
folle qu'on voit dans ce film, mais ce n'est pas son seul atout.
Entretien avec un vampire est en fait plutôt sombre, parfois très sombre et
presque dramatique.
Louis est finalement un être qui souffre, car destiné à se retrouver seul. Il est l'unique vampire à avoir encore un fond d'âme,
d'humanité, et ne veut absolument pas perdre ça. Ainsi, il a énormément de mal à s'adapter à son nouveau monde et à se faire des amis dans ce milieu hostile et sanguinaire. Il est donc plutôt à
plaindre. On a d'ailleurs droit à une jolie réplique vers la fin du film qui confère à ce personnage une dimension particulière ("
Ainsi un vampire peut pleurer !"
- "Une fois ou
peut-être deux dans toute son éternité"). De même, cette référence au lever de soleil, que
Louis est condamné à ne
plus jamais revoir après sa dernière nuit de mortel, est intéressante. Le moment où il finit par revoir enfin ce spectacle magnifique par l'intermédiaire du cinéma est un petit moment d'émotion
du film. Les décors sont également noirs et les personnages imposants, avec de longs vêtements ténébreux et des coiffures bien strictes. Pâles à l'extérieur et sombres à l'intérieur. On se
retrouve dans l'univers très froid de la nuit (étant donné qu'ils ne peuvent pas supporter la lumière du soleil), avec quelques jolis plans sur les nuances du ciel. Les décors sont vraiment très
soignés, j'ai beaucoup aimé. Un peu de noirceur aussi avec
Claudia, cette fille qui ne cesse de mûrir mais est obligée de conserver éternellement son corps
d'enfant ("
il est interdit de les faire si jeune, sans défense, incapable d'assurer leur
survie"). Enfin, même
Lestat, si drôle et si cynique, atteint cette dimension dramatique lorsque
Louis retourne le voir quelques années après l'avoir abandonné.
Bref, finalement il n'y a que la fin qui m'a quelque peu déçu. Même si je l'ai trouvée assez bonne, je m'attendais clairement à autre chose
de plus surprenant ou intéressant. Je trouve que ça termine le film sur une note un peu trop humoristique, bien que ça corresponde totalement au personnage de
Lestat. J'ai cru comprendre que le livre avait une autre fin un peu plus classe, peut-être que je vais me décider à le lire ! Pas déçu de l'avoir vu, donc, car ça faisait
un moment que ça trottait dans ma tête. Beaucoup d'humour, peu de clichés, une intrigue prenante et un casting parfait. Que demander de plus ?
Voir aussi : Kirsten Dunst,
Twilight - la meilleure trilogie de tous les t