Ayant reçu ce film à mon anniversaire l'année dernière sans trop savoir de quoi il s'agissait, je peux remercier ma soeur qui m'a
donc fait découvrir Antoine de Maximy. C'est con, mais je n'avais jamais entendu parler de ce type ni de son émission "J'irai dormir chez vous" alors que c'est typiquement le genre de choses que j'adore visionner. Après m'être franchement régalé devant ce film, j'ai
continué en regardant plusieurs épisodes et je vais continuer. Antoine de Maximy, équipé de minuscules caméra et complètement seul, nous fait
découvrir le monde et ses habitants (ici, les USA), c'est un bonheur à chaque fois.
Notre voyageur débarque aux USA en parachute puis se retrouve seul dans le pays. Son objectif : parvenir à Hollywood
pour tenter de se faire inviter à dormir chez une star. Dans ce documentaire d'1h40,
Antoine de Maximy voyage à travers les Etats-Unis d'Est
en Ouest, passant par New York, Miami, la Nouvelle Orléans, Las Vegas... Les moyens de locomotion utilisés sont multiples : à pied, en stop, en taxi, en bus, à vélo et même en corbillard, il nous
fait parcourir les paysages et les communautés diverses. Inutile de dire que si son but "officiel" est de dormir chez une star, le réel objectif du film n'est bien sûr pas aussi bête. Avant tout,
Antoine de Maximy souhaite rencontrer des gens, partager des instants avec des personnes de natures diverses.
Du côté des spectateurs qui
n'ont pas aimé le film revient toujours le même argument :
Antoine dépeint majoritairement les côtés négatifs des Etats-Unis à travers des
personnalités étranges ou malheureuses. Ce choix est pourtant incroyablement enrichissant. Le cinéma et la télévision ne montrent que très rarement cette face cachée des Etats-Unis, et
Antoine de Maximy a osé le faire brillamment. Même si ce documentaire n'est peut-être pas représentatif des USA dans leur globalité, il est
pourtant évident qu'il n'a pas été fait dans ce but. L'objectif est bel et bien de parcourir diverses communautés et de rencontrer des personnalités atypiques, nous faire partager quelques
instants de leur vie. Il suffit d'avoir un minimum de recul sur les images pour les apprécier pleinement.
Une fois ce constat effectué, il n'est pas difficile de savourer le
film et de s'attacher aux personnages présentés. Le réalisateur nous emmène un peu partout et nous présente un éventail de personnalités important à travers un panel d'émotions diverses. La
crainte, le rire, la misère, le racisme interne au pays, la fête, l'entraide, on vit toutes ces choses avec
Antoine et le système de caméras
permet de plonger avec lui dans le film, comme si on y était. De nombreuses situations assez tendues nous montrent une Amérique potentiellement dangereuse dans des quartiers déserts, on sent
parfois qu'
Antoine n'est pas très confiant et on ressent ses craintes avec lui. Le moment culminant du film est probablement cette étrange
rencontre avec un homme qui souhaite à tout prix l'emmener chez lui, au milieu de nulle part. Volontairement flippant, ce passage permet également au film de ne pas toujours évoluer sur le même
ton. L'arrivée d'
Antoine aux USA est d'ailleurs assez troublante et on comprend rapidement que le "rêve américain" n'est pas vraiment
d'actualité dans toutes les régions du pays, ce qui vient contrebalancer un certain nombre d'idées reçues sur le sujet. Le débat virulent enclenché dans le bus est assez déconcertant. On
rencontre des américains désillusionnés, parfois paumés ; le témoignage le plus fort étant probablement l'homme sans-abri qui vit sur la plage. Un homme qui a tenté de vivre ce rêve et n'a pas
réussi son pari. Bref, à travers ses caméras
Antoine saisit de grands moments d'émotion, comme cet homme dans le train, envoyé en prison pour
un simple port d'arme pour une peine de 15 ans. Le bonhomme n'a certainement pas tout dit de cette affaire, mais qu'importe : la personnalité du gars est touchante et mémorable. En d'autres
termes, il se dégage du film une véritable humanité qui, alliée à la grande sincérité d'Antoine, ne peut pas laisser indifférent.
Cependant,
J'irai dormir à Hollywood ne fait pas que s'arrêter sur ce type de personnes et met en avant une certaine hospitalité des Américains qui fait plaisir à
voir. On peut citer ce couple de personnes âgées gymnastes tout à fait charmant, qui n'hésite pas à inviter Antoine pour passer la nuit, malgré le peu d'espace habitable. De même, il est
ravissant de voir ce type prêter son vélo au réalisateur sans aucun problème. C'est le genre de choses qu'on ne verrait probablement pas partout en France. Le documentaire emprunte même de forts
moments de joie et de rire partagés lorsqu'Antoine souhaite s'acheter une voiture typiquement "rêve américain". Il ne s'en sortira qu'avec un corbillard, mais c'est cette voiture qui sera
finalement la mascotte du film, aux couleurs de la chemise d'
Antoine de Maximy. Le propriétaire de la casse ainsi que sa famille donne lieu à
énormément de rire et de bonne humeur, offrant à
J'irai dormir à Hollywood une certaine légèreté. A travers les musiques entraînantes qu'on
retrouve dans la série, on a vraiment la sensation de voyager avec lui et de partager ces moments, ce qui est assez jouissif.
Et finalement, le but "officiel" du film ne prendra que peu de place dans le film. On se demande
comment il est possible de ne pas connaître
Will Smith, mais le fait de voir Antoine escalader la barrière pour aller le rencontrer est
terriblement osé. C'est d'ailleurs le culot qui caractérise le réalisateur, un culot qui - allié à sa sympathie innée - lui permet d'effectuer ce genre de roadtrips. Après quelques tentatives de
coucher chez des stars, comme
Spielberg ou
Clooney, Antoine de Maximy choisit de
terminer son film de la façon la plus poétique qui soit : en dormant avec le sans-abri sur la plage. Il aura ainsi dormi chez une star : la star de son propre documentaire qui a des choses
certainement bien plus enrichissantes à raconter que
Steven Spielberg. La poésie de cette fin de film est remarquable et fait de J'irai
dormir à Hollywood un petit chef d'oeuvre de documentaire qu'on ne peut pas oublier.