Encore un film que j'ai mis du temps à voir, mais que je n'ai pas regretté d'avoir découvert, même si le milieu de la mafia n'est pas ma
tasse de thé et que ce film en est le stéréotype. Je vais essayer de creuser un peu plus la filmographie de Coppola (même si a
priori j'ai plus d'affinités avec le cinéma de sa fille), par exemple Dracula qui me semble être un immanquable, ou encore The Conversation et surtout Twixt qui me tente vraiment beaucoup au cinéma en ce moment.
Le film dure pas loin de 3h et je n'ai absolument pas vu le temps passer. Cependant, le porter au niveau de meilleur film
jamais réalisé comme je l'entends souvent depuis que je suis gamin, je trouve ça un peu fort. L'écriture du scénario est irréprochable, tout comme le casting, la BO et la mise en scène, mais il
m'a manqué un je-ne-sais-quoi qui m'empêche de le hisser au rang de film ultra-mémorable. Peut-être est-il tellement encensé par tout le monde que j'ai ressenti un petit poil de déception, je
m'attendais effectivement à un film encore plus puissant et efficace.
L'intérêt du film réside essentiellement dans l'ascension de Michael Corleone dans cette famille mafieuse. Le film s'ouvre sur un mariage,
lors duquel
Marlon Brando incarne avec une présence inouie "Le Parrain" (rien que sa voix en impose un max), qui marie sa fille. Conformément
à la coutume, il peut rendre un service aux personnes qui viennent s'adresser à lui, et dès le début on sent l'atmosphère que dégage Don Vito Corleone, ce sentiment de respect qui lui est dû. Le
début du film alterne les scènes de mariage et les consultations du parrain dans son bureau. C'est une partie du film qui dégage beaucoup d'humour en plus de nous présenter cette entreprise
familiale qui en impose, et si j'avais une légère chose à lui reprocher, ça serait que le mariage en lui-même est parfois un peu long. Ca permet néanmoins d'introduire le deuxième personnage
principal : celui de Michael Corleone, joué par
Al Pacino, qui semble éloigné des affaires familiales et ne souhaite pas tremper dedans. Les
deux acteurs principaux sont clairement des monstres du cinéma et même s'ils ne figurent pas parmi mes acteurs préférés, ils font de ce film une tuerie. Les très bonnes scènes s'enchaînent, comme
"l'offre qu'on ne peut pas refuser" qui se termine en boucherie chevaline ou encore la fusillade assez violente du péage qui enclenche de la vengeance à n'en plus finir.
Coppola aborde ainsi plusieurs thèmes intéressants, mais c'est surtout
l'évolution de Michael qui m'a passionné. Plus ou moins forcé de reprendre les rênes de la famille, il assume cependant le rôle de son plein gré, même s'il est (au début) loin d'être aussi
respecté que son père par le reste de la famille. Il est intéressant de voir que finalement, le fils gentil qui voulait se détacher des méthodes de la Famille va finir par faire face à ses
responsabilités et devenir encore pire que son père. Car contrairement à ce dernier qui s'arrangeait pour préserver le statu quo entre toutes les familles mafieuses, quitte à oublier la rancune
liée à l'assassinat de son fils, Michael va au contraire se débarrasser de tout le monde sans aucune pitié. Cette évolution est prenante, notamment la façon avec laquelle il protège Don Vito à
l'hôpital et prend en main sa sécurité, un passage plein de suspense. A part la fin du film qui conclut celui-ci avec force, la meilleure scène est pour moi le double meurtre au restaurant,
perpétué par Michael. Cette scène est bourrée de tension et constitue le tournant du personnage, qui devient alors extrêmement sûr de lui. Mais évidemment, la puissance du film vient dans les
dernières scènes, lorsque Vito s'effondre devant son petit-fils (scène pleine d'émotion et qui montre la vieillesse du grand Parrain, désormais loin de tout ce qu'il a vécu auparavant), et que
Michael devient clairement Le Parrain. La dernière séquence du film est évidemment culte, Michael mentant sans problème à sa femme et inspirant enfin le respect et la puissance aux yeux des
autres. Une scène puissante sur l'ascension de ce personnage, et il faut dire qu'
Al Pacino est brillant d'un bout à l'autre et que ça promet
pour
Le Parrain II.
Bref,
Le Parrain est évidemment un objet culte, qui a dû inspirer un bon nombre d'autres
films du même genre, mais je ne pense pas avoir envie de le voir 30 fois (pour l'instant).