Je commence à beaucoup aimer les films d'époque, et comme j'adore les films de Milos Forman que j'ai vu jusqu'à présent, j'ai pensé
que Les Fantômes de Goya allait être un excellent moment, traitant de l'Inquisition en Espagne à l'époque du peintre Francisco de Goya.
Finalement, même si le film est plutôt bon, y'a pas de quoi s'extasier non plus.
Les points positifs sont pourtant nombreux, le casting notamment.
Javier
Bardem en tête, dont le personnage est crédible bien qu'on ne sache jamais réellement de quel côté il se place.
Stellan
Skarsgard est plutôt bon également dans le rôle du peintre Goya. C'est rare et surprenant de le voir dans un rôle d'homme sympa, lui qui est habitué aux enfoirés de service, alors
faut en profiter (d'ailleurs, en voyant l'affiche j'étais persuadé que Bardem allait incarner Goya et Skarsgard le méchant frère Lorenzo).
Natalie
Portman, comme d'habitude, est brillante dans son jeu d'actrice. C'est loin d'être son meilleur rôle (notamment sur la fin où, je trouve, l'évolution de son personnage est de
moins en moins crédible), mais elle nous sert quelque chose d'assez différent de d'habitude, notamment dans la seconde moitié du film. Excellente interprétation de
Michael Lonsdale également, dans un rôle très dur de catholique extrémiste menant l'Inquisition en Espagne.
Le sujet traité est dur et cruel, mais n'est pas sans rappeler qu'il y a à peine quelques siècles, l'Eglise catholique a
elle aussi eu sa période d'intolérance extrême à l'égard de ceux qui ne pensaient pas comme eux (les juifs, les protestants, les scientifiques, etc). Les Fantômes de Goya (qui d'ailleurs ne
tourne pas tellement autour du peintre Goya, ce qui est dommage car j'aurais aimé en savoir plus sur lui) est donc juste et terrifiant concernant cette période d'Inquisition, en particulier sur
La Question, torture infligée aux "mécréants" pour leur faire avouer n'importe quoi (et ce même quand les signes de catholicisme sont flagrants). Le plus grand passage du film à mon goût demeure
d'ailleurs le moment où la famille d'Inès inflige à Lorenzo ce qu'il fait subir à d'autres, afin de lui faire comprendre l'absurdité et l'horreur des méthodes employées par ses supérieurs.
Javier Bardem est absolument génial dans ce passage, on se surprend à prendre pitié de l'homme (et on a bien raison puisque cet événement va
changer sa vision des choses ainsi que le cours de son histoire). Bref, tout le sujet de l'Inquisition est bien traité et fait froid dans le dos, grâce à un casting convaincant, même s'il est un
peu exagéré et probablement en décalage par rapport à la réalité.
De même, toute la deuxième partie du film est plutôt bonne, notamment le fait que Goya
devienne sourd. Il devient de moins en moins acteur de tout ceci et de plus en plus spectateur, dessinant les choses qu'il aperçoit. Il est juste dommage qu'à partir de ce moment, le personnage
de Natalie Portman perde tout intérêt (ou presque). Tout ne tourne plus alors que sur la recherche d'une enfant perdue et le film se perd dans une intrigue qui peine à passionner. En tout cas,
j'ai personnellement été déçu de cet aspect qui pour moi n'apporte rien à l'histoire. Même s'il était bon de signaler à quel point Inès est ressortie détruite de cet enfer, son personnage et sa
folie m'ont terrifié et j'aurais préféré (par exemple) que soient développées ses retrouvailles avec Goya et Lorenzo. Au lieu de ça, le film sombre dans une trame qui ne m'a pas franchement
emballé et se conclut avec un goût terrible d'inachevé et d'absence d'émotion. La fin du film est assez pessimiste mais elle nous laisse avec un mauvais arrière goût, ce qui m'a déçu.
Bref, pour terminer sur
Les Fantômes de Goya, je dirais que j'ai passé un
très bon moment, le tout dans une ambiance vert-jaune assez prenante, mais que la dernière demie-heure n'a pas été à la hauteur de tout ce qui l'a précédée. J'attendais mieux de
Milos Forman qui a pourtant montré avec Man on the Moon et Vol au-dessus d'un Nid de Coucou qu'il savait conclure ses films de façon bouleversante et
intense.