Voilà donc, après une longue année d'attente, le début de cette dernière saison. Autant dire que tout le monde en attendait énormément. En effet, depuis la
saison 1, je crois qu'on n'avait jamais eu autant de questions sur la fin d'une saison de
Lost. Bien sûr, toutes les fins de saison sont
excellentes, en particulier la troisième. Mais en terme de mystère, ce sont les fins des saisons 1 et 5 qui sont les plus fortes. Je reviendrai sur les dénouements extraordinaires des autres
saisons plus tard, pour le moment je vais uniquement me concentrer sur celle-ci (
ça fait beaucoup de fois "saison" dans le même
paragraphe non ?).
La fin de la saison 5
Sans l'avoir comprise la première fois, il faut tout d'abord noter que (pour la première fois depuis le début de la série) la fin de la saison 5 répond
pratiquement à autant de questions qu'elle n'en pose. En effet, l'ultime épisode de cette avant-dernière saison possède un bon twist que je n'avais absolument pas vu au premier abord. Le double
épisode final, intitulé "
Au bout du voyage", débute par la présentation d'un nouveau personnage, en compagnie de
Jacob sur une plage. Ce personnage, qui n'a pas de nom et qui n'en trouvera jamais, je l'appelerai
Noname ou
MIB (
Man in Black), comme le font tous les fans de la série. La présentation de ce personnage est la base d'une mythologie qui fait
l'objet de la saison 6 : deux hommes qui se connaissent depuis la nuit des temps cherchent à se tuer mais n'en sont pas capables. Ceci, on le comprend lors de cette scène sur la plage
(
photo), où les deux personnages discutent tranquillement et dont voici un extrait de la conversation :
Noname :
Est-ce que tu sais à quel point
j'ai envie de te tuer ?
Jacob :
Oui.
Noname :
Un jour ou l'autre, je trouverai
une faille...
On sent que l'atmosphère est tendue. Même si on ne connait pas ce personnage (enfin, c'est ce qu'on croit !) et qu'il n'apparait qu'en tout début d'épisode,
on sait déjà qu'il aura une très grande importance. Puis, on arrive à la fin de la saison, et
John Locke (qui semble avoir mystérieusement ressuscité depuis
le début de la saison) rentre avec
Ben Linus sous le pied de la statue afin d'y trouver
Jacob. A peine arrivés, ce
dernier
s'adresse directement à
Locke : "
Tu as
finalement trouvé la faille...". A ce moment précis, ce que je n'avais pas compris la première fois est en fait complètement
génial. On comprend, grâce à cette phrase, que cet homme n'est pas
John Locke, mais qu'il est cet homme au t-shirt noir qu'on a vu en tout début d'épisode sur
la plage. A partir de là, toute la saison 5 est à revoir entièrement, puisqu'on comprend que le terme "faille" désigne
Ben, qui a été manipulé par
Noname pour accomplir son grand but : éliminer
Jacob. On comprend que la vision qu'a eu
Ben de sa fille
Alex dans le temple n'était pas anodine mais terriblement mesquine et intelligente.
Ben était censé aller se faire juger par le monstre de fumée, et on découvre non seulement que ce monstre de fumée n'est autre que le
nouveau John Locke, mais en plus qu'il a pris l'apparence de
Alex dans le seul but de forcer
Ben
à obéir à ses ordres. Et pour cette raison comme bien d'autres, cette saison 5 est certainement la meilleure de la série, car elle implique un deuxième point de vue, puisque toutes les scènes
faisant intervenir
John Locke sont à voir d'un autre oeil (comme par exemple le fait que ce n'est pas
Locke qui a demandé
à
Richard d'aller aider son double dans la forêt suite à un voyage dans le temps, mais bien
Noname).
Bref, la fin de la saison 5 répond donc à une question : "
Locke a-t-il ressuscité, et si
non, qui est-ce ?". Mais, bien sûr, elle en pose une autre encore plus importante, qu'on pourrait formuler par : "
Faraday
avait-il raison ?". Car le plan de
Daniel Faraday qui a fait l'objet d'une grande partie de la saison reste sans réponse, et pour ça ils ont
encore fait fort.
Juliette frappe sur la bombe H et la fait exploser pour détruire le bunker avant même qu'il ne soit contruit. Selon
Faraday, si "le futur peut être changé" (théorie appelée ECC par les fans :
Everything Can Change), cet acte provoquera une
remise à zéro. En effet, si la trappe n'est pas construite, le vol Oceanic 815 n'a pas pu se crasher et les passagers ne s'écraseront jamais sur l'île. Tout rentrerait alors dans l'ordre.
Cependant, s'il a tort et que "ce est qui arrivé est arrivé, on ne peut rien y changer" (WHH :
Whatever Happened Happened), rien n'aura changé et ils
n'auront fait que détruire le bunker pour rien.
C'est sur cette note que se finit la saison. Elle se termine sur l'explosion de la bombe, suivie de l'apparition du générique de fin (qui est cette
fois-ci en noir sur blanc, troublant !) et il faut avouer que ça intrigue, car la question de savoir ce qui se passe juste après est primordiale et très très intéressante. C'est donc dans ces
conditions que démarre la saison 6, avec le double épisode dont je vais parler ici.
Episodes 6x01 & 6x02 : LA X
Je viens donc de revoir cet épisode qui est vraiment super bien foutu, une fois qu'on sait ce qu'il signifie. C'est dingue de voir avec quelle facilité les
scénaristes ont pu nous mener en bateau alors que les indices sont sous juste nos yeux. Ces deux épisodes sont riches mais, pire que tout, ils ne répondent pas à la question qui nous démange.
Lorsque l'épisode commence, on revoit la fin de la saison 5 avec la bombe H qui explose, puis le fondu blanc qui dure un petit moment. Et, enfin, apparaissent les premières images de l'ultime
saison : on voit
Jack dans l'avion, sur le vol Oceanic 815. Sauf que cette fois, l'avion ne s'écrase pas.
Jack semble
reconnaître
Desmond, il n'y a pas de doute possible : cette réalité a été provoquée par l'explosion de la bombe et
Faraday avait raison. On se demande alors comment va être meublé le reste de cette saison, la tension et l'excitation retombant subitement. Mais les scénaristes n'en ont
pas fini.
On voit alors
Juliette faire exploser la bombe à hydrogène une deuxième fois, puis encore ce fondu blanc. Sauf que cette
fois-ci, on retrouve
Kate dans la jungle, et une nouvelle fois
Jack, qui semble être présent dans les deux réalités
différentes. Le pitch est lancé : nous n'avons toujours pas notre réponse, et toute la saison va nous montrer des images issues des deux réalités. Et c'est impressionnant de voir que pendant 18
épisodes, absolument tout le monde a plongé tête baissée dans cette théorie des "
deux réalités engendrées par la bombe". La théorie la plus simple
étant que la bombe a tout simplement engendré les deux univers en même temps. Une autre avançant le fait qu'on a juste la chance de voir les deux possibilités se produire, et que c'est à nous de
décider laquelle nous préférons.
Et bien sûr, en nous baladant pendant 18 épisodes, ils ont fait fort. La naissance de "
FlashSideways", un tout
nouveau genre de flashs (après les
flashbacks et les
flashforwards) est géniale. A présent, on sait que
tout ceci n'était pas une réalité engendrée par la bombe, qu'elle n'a absolument aucun rapport avec le reste de la série. Ces
FlashSideways sont tout
simplement la vie qui suit la mort de tous les personnages. Un lieu complètement séparé du reste de l'intrigue, et c'est certainement pour ceci que ça nous a échappé. Je trouve ça dingue que
personne n'ait eu la présence d'esprit de se détacher de l'intrigue pour pouvoir comprendre à l'avance quels étaient ces flashs. Encore un coup de maître comme ils ont su le faire pendant 6 ans.
Bref, j'ai déjà dit tout ceci dans l'
article
consacré à la fin de la série.
Et pourtant, les indices sont déjà là, sous nos yeux. Par exemple, lorsque
Sawyer retrouve
Juliette sous les décombres et qu'elle meurt, on apprend qu'elle a voulu lui dire, tout juste avant de mourir, que "
ça a
marché". Autrement dit, nous savons à ce moment-là que juste avant de mourir,
Juliette a eu un aperçu de ces
FlashSideways, la rassurant quant à l'effet de la bombe H. A ce moment précis, je m'étais dit "
Tiens, si ça se trouve il y a donc deux réalités provoquées par la bombe, et il suffit de mourir pour être transporté dans la
deuxième". Et comment pouvais-je être aussi proche de la vérité sans m'en rendre compte, sans parvenir à comprendre moi-même que OUI, la mort l'a bien faite passée dans l'autre
réalité, mais que cette autre réalité n'avait aucun rapport avec la bombe H ? A présent, je me sens vraiment ridicule de n'y avoir pas songé, mais c'est toute l'intelligence de ce scénario. Je
trouve géniale cette capacité à mener en bateau les spectateurs, c'est une chose que j'admire vraiment beaucoup.
La reste de l'épisode est passionnant, puisqu'on suit ces deux réalités sans parvenir à comprendre d'où vient la seconde, ni pourquoi elle semble
comporter de gros problèmes comme "
Mais où est passé le cercueil de Christian ?" ou encore "
Pourquoi Hurley dit-il
qu'il a le cul bordé de nouilles ?". Je trouve que cet épisode est surtout intéressant lors des scènes montrant
John Locke, ou disons le
faux John Locke. Lorsque
Noname explique à
Ben à quel point
Locke était pitoyable, ou encore lorsqu'il sort pour frapper
Richard, qu'il tue tous les compagnons d'
Ilana en se transformant en fumée noire... Bref, toutes ces scènes font partie des passages cultes de
Lost, grâce à
Terry O'Quinn qui passe avec une facilité déconcertante du
John Locke gentil, souriant et handicapé, à
un
Noname agressif voire psychopathe. Cet acteur a vraiment un énorme talent, et je suis surpris (et déçu) de ne pas le retrouver sur grand écran après sa
prestation incroyable dans cette série. Il est vrai aussi qu'il serait certainement difficile pour moi de ne pas l'associer automatiquement au personnage de
John
Locke qui va lui coller à la peau longtemps, tout comme pour
Matthew Fox ou
Evangeline
Lilly.
J'ai également beaucoup aimé le fait que dans l'avion,
Jack se regarde dans le miroir et découvre qu'il saigne un
peu au cou. Il ne comprend pas pourquoi, et nous non plus. Plus fort encore : on ne saura pourquoi il a cette trace que dans le dernier épisode de la série, où on comprend alors qu'elle vient du
couteau que
Noname a enfoncé dans sa gorge du haut de la falaise. Cette scène prend une dimension superbe lorsqu'on sait qu'à ce moment,
Jack est mort mais ne le sait pas encore, tout comme l'ensemble des personnages. Il y a d'ailleurs quelques clins d'oeil agréables, comme le fait que
Charlie reprenne conscience, ayant failli s'étouffer avec son sachet de drogue, et qu'il demande à Jack "
Je
suis vivant ?", ce à quoi il répond en souriant "
Vous êtes vivant". Je trouve cette scène lourde de sens, qui
nous rappelle que les scénaristes avaient les clés en main depuis le début de la saison 6 et qu'ils nous ont envoyé des petits signaux sans qu'on ne s'en aperçoive. L'idée est intéressante et
j'ai le sentiment que les
FlashSideways suivants regorgent également de petits passages de ce style. Alors qu'ils étaient parfois ennuyeux la
première fois, ils vont certainement devenir un peu plus passionnants maintenant.
Enfin, cet épisode signe aussi le retour de l'émotion avec une scène sublime. Celle qui nous montre tous les passagers du vol Oceanic 815 sortir les uns après
les autres de l'avion, sur fond de musique comme
Michael Giaccino sait les faire. Une scène qui rappelle la fin de la saison 1, certainement
l'une de mes fins de saison préférées tant elle est chargée en émotion et en mystères... Bien sûr, cette scène de la saison 6 ne transporte pas autant de choses, mais ça fait quand même plaisir
de revoir
Jack et
Locke se saluer d'un signe de tête dans l'avion avant de se séparer. La seule chose que je reprocherais
à ce début de saison, c'est d'avoir introduit toute cette histoire de temple, avec le japonais
Dogen qui finalement n'aura jamais servi à rien, à part nous
faire comprendre que
Sayid est "
infecté". Chose qui n'est pas non plus expliquée réellement, tout comme les propriétés plus ou moins cicatrisantes de
la source sur les personnages. Ce n'est pas bien grave, mais c'est dommage car l'idée était sympa.
Bref, ce double épisode était déjà superbe avant d'en connaître toutes les subtilités, mais il l'est encore plus après. A savourer.
Voir aussi : Lost - What Kate Does 6x03, Lost - The Substitute 6x04,
Lost - The End 6x17 & 6x18.