C'est quoi ce délire ? On m'a conseillé ce film plusieurs fois et j'avais un excellent a priori sur ce film de Nick Cassavetes, d'autant qu'il se tape un beau 4.1 de moyenne sur Allociné. En voyant que la presse lui donnait en moyenne 2.4, je me suis dit qu'une
fois de plus, ils n'avaient aucune sensibilité, et j'ai donc commencé N'oublie jamais (The Notebook) avec confiance. Résultat, je trouve la
presse 2 fois trop indulgente pour le coup...
En parlant de My Blueberry Nights dans la précédente critique, je félicitais Wong Kar Wai de ne jamais forcer l'émotion, de faire passer une
légère mièvrerie avec justesse, sans clichés. Et bien pour N'oublie jamais, je pense exactement le contraire et c'est bien ce qui fait défaut au film pendant 2h (qui sont d'ailleurs
interminables). Premièrement, le film est d'une mièvrerie à toute épreuve. J'ai rarement vu un film aussi niais. J'apprécie en général les films un peu à l'eau de rose (Sur la route de Madison,
par exemple), mais là ce n'est pas possible pour moi. Le réalisateur essaie vraiment de passer en force et je trouve le procédé complètement raté. Et si le scénario avait été original, j'aurais
peut-être passé l'éponge afin de me concentrer sur le fond plutôt que sur la forme, mais une fois de plus j'ai trouvé ça loupé. On a une énième histoire d'amour bien romancée, contant l'amour
impossible entre deux individus de classe sociale différente, qui vont se quitter et se retrouver toute leur vie (plutôt original non ?)... La trame est sans surprise, même cette histoire
d'Alzeimer est téléphonée au possible (il n'est pas difficile de deviner la fin du film en détails au bout d'une petite demie-heure) et on sent venir inévitablement le dénouement larmoyant et le
pathos qui va avec. Sans spoiler, ça ne loupe pas !
Bref, outre cette niaiserie prononcée, le film est juste un énorme amas de clichés en tous genres. J'ai presque
hésité, en regardant le film, à noter tous les clichés grossiers que j'ai pu apercevoir, mais je ne me serais jamais arrêté d'écrire. Ca passe tout d'abord par la musique, qui est clichée clichée
clichée. Dès la première scène, on a une musique au piano toute douce, interminable, sur des images certes plutôt belles, mais auxquelles on ne peut être sensible tant on ressent ce désir de
forcer l'émotion le plus possible. Tous les clichés sur l'amour et le romantisme sont dans ce film, ou presque. La seule chose que j'ai appréciée, c'est qu'il n'y ait jamais d'histoires de
jalousie entre les protagonistes, et donc aucune dispute débile à propos de ça. C'est, scénaristiquement parlant, le seul point positif que j'ai noté. A part ça, tout est attendu, voire ridicule
par moments (franchement, la fille qui débarque chez Noah en voiture, bagages en main, les bras grands ouverts avec la satanée musique pourrie qui gâche tout, c'était trop et je n'ai pas pu
m'empêcher de rire). Je suis méchant avec ce film mais c'est pourtant le dur ressenti que j'ai eu pendant 2 heures. Je suis quand même obligé de citer deux points positifs, pour que ma critique
ne soit pas trop cruelle. Premièrement, le casting est plutôt bon, il faut le dire.
Ryan Gosling notamment est le seul à interpréter un
personnage vraiment creusé, beaucoup moins cliché que les autres et touchant. Deuxième point positif : le fait que la mère d'Allie finisse par comprendre un peu sa fille et lui laisse faire son
choix. J'ai beaucoup aimé le passage où elle emmène Allie sur un chantier et lui explique que l'ouvrier au loin était son amour de jeunesse, chose qui la tracasse encore 20 ans plus tard. Ca met
en place un thème intéressant, celui du choix qu'a Allie et des deux avenirs que ces choix peuvent engendrer (deux types de vie totalement différents). Mais là encore, ce passage intéressant ne
dure que 5 minutes au maximum (j'aurais tant aimé que le personnage de la mère soit plus exploité de ce côté car pour moi ça partait sur une bonne piste), et le sujet des "embranchements de
l'avenir" a de toutes façons été bien mieux traité dans d'autres films (Mr Nobody notamment). Si j'ai beaucoup aimé ce passage, c'est parce qu'il casse le cliché des parents riches et intolérants
qui décident tout pour leur fille. Malheureusement, cet instant de lucidité scénaristique n'arrive qu'au bout d'une heure et demie, ce qui m'aura laissé le temps de pester contre les clichés
pendant tout ce temps.
Bref, j'ai trouvé quand même ce film bien ridicule car très mièvre et très cliché, avec des scènes vue 1000 fois qui m'ont
franchement fait rire (le soldat mort au combat, sérieusement, et le must du must : le baiser sous la pluie... C'est une scène qui m'avait déjà agacé dans Match Point, mais alors là avec la
musique c'est intenable). Si vous aimez la romance à l'eau de rose poussée à l'extrême, ce film passe peut-être, mais cinématographiquement parlant il est à mon goût bien raté.