Aaah
David Fincher. J'adore ce réalisateur, qui nous a pondu quand même quelques petites
merveilles, notamment
Seven et
Fight Club (ou même
Benjamin Button mais qui est bien plus faible). J'ai entendu parler de
The Game en bien et je
devrais le voir prochainement.
Panic Room est cependant largement inférieur à ces deux films, à n'en pas douter. Mais ça n'empêche qu'il m'a
assez plu, d'autant que ça m'a permis de tester une seconde fois le système VOST de M6 : un pur bonheur qu'il était vraiment temps de mettre en place.

C'est surtout le début qui est génial, en fait. Déjà,
David Fincher est plutôt reconnu
comme un maître des effets visuels assez novateurs (rappelons-nous de la scène
Ikéa dans
Fight Club
(
que vous pouvez revoir ici), entre autres, qui est bien bluffante et originale). Ici
encore, il ne faillit pas. Pendant toute la première moitié du film, j'en ai pris plein la vue. Les effets de caméra sont sublimes, travaillés. On n'assiste pas à une simple présentation de la
maison, on la découvre de façon assez incroyable. Certains plans sont magnifiques, et j'admets que je suis extrêmement sensible aux beaux mouvements de caméra et jolies prises de vue comme on en
voit beaucoup au début de ce film. Une caméra qui passe dans l'entre-ouverture d'une porte, qui rase le sol,
wouaw. Le summum vient lorsque les 3 cambrioleurs tentent d'entrer dans la
maison. On les voit agir depuis l'extérieur, testant les issues possibles, se déplaçant, et le plan ne change pas ! La caméra se déplace, descend de quelques étages, passe à travers le sol, les
murs, entre dans une serrure, tout en suivant les déplacements des malfrats qui finissent par entrer dans la baraque. Ce n'est peut-être pas extraordinaire ni terriblement novateur, mais la vache
qu'est-ce que j'ai pris mon pied ! Si les films regorgeaient plus souvent de ce genre d'artifices, j'avoue que je serais aux anges (on retrouve plus ou moins la même chose dans le cinéma de
Shyamalan, sans les effets spéciaux de traversées de plafonds, et j'adore ça).
Bref, outre les superbes scènes de ce style, le principe du film est intéressant et le scénario de base promettait quelque chose de fort et
riche en tension et suspense. Concernant le suspense, on est plutôt bien servi en début de film, disons pendant la première moitié (encore). Il y a bien sûr l'entrée des bad guys dans la maison,
qui se déplacent sans faire trop de bruit, tandis que la fille et sa chère maman dorment paisiblement à l'étage. Là aussi, on a quelques jolis plans, la caméra se déplace rapidement entre les
voleurs au rez-de-chaussée jusqu'aux chambres en haut, de manière à ce qu'on se rende bien compte de la distance qui les sépare. Puis la mère à moitié endormie se lève, va dans la salle de bains,
et ne se doute absolument pas de ce qui se trame en bas. Pas mal de stress, accentué par l'ambiance globale du film, assez sombre et pesante. Ensuite, bien sûr (et c'est pour moi l'une des
meilleurs scènes de
Panic Room), on a l'incroyable scène du téléphone portable. Le personnage de
Jodie
Foster voit à travers les écrans de contrôle qu'elle a le champ libre pour aller chercher son portable, et sort discrètement pour le récupérer alors que les malfaiteurs se
trouvent à seulement quelques mètres de là ! Elle peine à le trouver, et c'est au ralenti qu'elle finit par l'attraper sous le lit pour finalement courir se réfugier. Une scène vraiment très
tendue, j'étais crispé à mon siège et un tel truc ne m'arrive pas souvent.

Le film a également quelques très bons moments, assez imaginatifs, comme le coup de la lampe torche qui clignote chez le voisin afin de le
réveiller et justement le téléphone portable. Le film reste crédible et pas trop gros sur ces deux idées, car ce sont deux tentatives désespérées de se sauver de la part des deux femmes, et aucun
d'entre elles n'aboutit. On fait tout un foin sur ce voisin qui finit par jeter un oeil par la fenêtre, mais tout ceci ne sert à rien puisqu'il tire simplement les rideaux et va se recoucher, ce
que la grande majorité des gens aurait fait j'imagine. De même, le passage des flics qui débarquent sur le seuil de la maison et tentent de savoir ce que Meg a dit au téléphone à son mari est
intéressant et on ne décroche pas vraiment de l'histoire, on a envie de savoir comment ça va finir parce que merde, c'est
David Fincher et il
nous a habitués à du bon.
Par contre, et là j'en viens aux points négatifs, la deuxième partie du film s'essouffle totalement. La tension tombe, l'intérêt chute, et la
caméra redevient banale. J'ai carrément l'impression que la fin du film a été totalement bâclée. Déjà, j'ai tiqué avec la scène du gaz et des grosses flammes bleues. Cette scène est-elle bien
réaliste ? Pas sûr... Mais surtout, c'est trop gros, trop téléphoné. Ensuite, toute la fin du film est finalement assez banale et sans grand intérêt. Comme par hasard, la jeune fille a des
problèmes de santé et doit absolument se faire une injection de glucose sous peine de mourir. C'est dingue comme ce coup-là est utilisé au cinéma (on retrouve ça dans
Signes avec le gamin asthmatique, mais là au moins il y avait quelque chose de plus, quelque chose de symbolique qui n'était pas là juste pour mettre un
peu d'action lorsqu'elle retombait). En fait, dès que
Jodie Foster sort de la chambre forte et que les deux méchants-pas-si-méchants y
prennent sa place, la tension tombe totalement à plat et ce qui suit n'est qu'un enchaînement de choses pas très passionnantes. Finis les effets visuels, fini le stress : on a juste envie que ça
se finisse en beauté. Mais là encore, le film ne remplit pas mes espérances puisque je trouve la fin complètement nulle et bâclée. Résultat des courses : les méchants meurent ou vont en prison,
et la mère et la fille cherchent un nouvel appartement plus petit, assises dans un parc. On ne pouvait pas faire plus bateau comme fin, et j'ai été très déçu. Néanmoins, le film se laisse très
bien regarder et je ne l'ai pas trouvé si mauvais que ça.

Au niveau des acteurs, c'est mitigé. Contrairement à
Seven ou
Fight Club (encore que
Marla Singer est un personnage des plus somptueux et géniaux qui soient), ce sont ici les
actrices qui s'en sortent le mieux. J'ai beaucoup de mal avec
Jodie Foster. Même si elle est absolument fabuleuse dans
Le Silence des Agneaux (pour ne citer que celui-ci), elle m'a énormément déçu dans le navet "
Flight
Plan" que j'ai trouvé ridicule et où l'actrice passe son temps à brailler "
Where is my daughter ??". Avec Panic Room, elle remonte
un peu dans mon estime bien qu'elle ne me parait pas toujours ultra-convaincante. Grosse surprise par contre :
Kristen Stewart. Je l'avais
beaucoup aimée dans
Into the Wild, mais sans plus (il faut dire que son rôle un peu cruche n'aidait pas), et je m'étais basé sur les deux
premiers
Twilight pour en conclure que son jeu d'actrice n'était pas terrible. Pourtant, je me disais qu'elle devait avoir du potentiel.
Dans
Panic Room je l'ai découverte sous un autre jour et j'ai été agréablement surpris par son jeu, ce qui me pousse à oublier mon préjugé
et à éventuellement chercher à la découvrir dans autre chose. Quant aux acteurs masculins, ce n'est pas bien folichon.
Forest Whitaker nous
refait entièrement le même personnage que dans
Phone Game (en fait c'est plutôt l'inverse, mais ça ne change rien), dans le rôle d'un
médiateur plutôt sympathique, ce qui, certes, évite le gros cliché du méchant sans coeur, mais casse également toute la tension que le film avait créé au début.
Jared Leto est plutôt fade et attendu, j'aime pourtant beaucoup ce mec mais là, il ne m'a pas procuré grand chose et j'ai trouvé ce personnage très peu
intéressant. Bref, ce sont les femmes qui s'en tirent le mieux dans ce film, sans hésitation.
Pour conclure, je dirais que j'ai trouvé
Panic Room plutôt bon, bien fait (en tout cas
pendant toute la première partie). Cependant, dès que les rôles sont échangés et que les malfrats se retrouvent "enfermés" à l'intérieur, le film perd toute sa saveur jusqu'à un dénouement des
plus convenus. Du bon thriller donc, mais du mauvais
Fincher.