Tout est relativement parfait dans ce film dont je vais faire une critique assez courte. Il se base surtout sur un scénario en béton et d'excellentes idées, en
plus de s'offrir un casting de rêve en prime (pourquoi faire les choses à moitié ?).
Je n'avais jamais vu
Josh Hartnett autre part que dans
Virgin Suicides où je l'avais déjà trouvé génial,
Pearl Harbor que je n'ai pas gardé en mémoire et
Sin City où il joue un rôle minuscule. Encore une fois, je l'ai trouvé au top dans un rôle assez marrant et original. Il interprète avec un
certain naturel le personnage principal du film,
Slevin, et c'est vraiment réussi. Il nous fait rire, notamment au début lorsqu'il est forcé de se rendre chez
Le Boss en serviette de bain, sans même savoir pourquoi il est sollicité (du moins, c'est ce qu'on pense). Le personnage est franchement attachant car il a la
classe (il n'a aucun stress vis-à-vis de sa situation et on comprendra d'ailleurs pourquoi à la fin). De manière générale, tous les acteurs sont excellents, il n'y a franchement rien à en redire.
Morgan Freeman ne se renouvelle pas beaucoup dans le rôle du type cool mais joue un "méchant", ce qui change quand même de d'habitude.
Ben Kingsley est plutôt bon aussi, j'ai beaucoup aimé cette rivalité entre les deux personnages, assez intéressante et originale. Ces plans
au début où on les voit, chacun à leur fenêtre scrutant l'immeuble de l'autre, j'ai trouvé ça génial.
Lucy Liu a vraiment un rôle totalement
opposé à celui qu'elle a eu dans
Kill Bill et ça fait bizarre. C'est amusant de voir qu'elle n'est finalement pas très grande, voire petite,
impression qu'elle ne donne pas dans le film de
Tarantino. Bref, on s'en fout, ça n'empêche que son rôle est un petit rayon de bonheur dans
le film, son personnage est franchement amusant et insolite, même s'il ne sert strictement à rien dans l'intrigue. Quant à
Bruce Willis, il
est marrant de le voir dans un rôle secondaire (
Goodkat) et il est tout simplement parfait du début à la fin. Un énorme atout supplémentaire qui apporte
beaucoup de charme à plusieurs scènes. Il joue un rôle à double emploi, à triple emploi même, et son personnage est finalement le plus intrigant de tous. Le film commence plus ou moins avec lui,
lorsqu'il aborde un type dans un aéroport et lui dit "
il fut un temps", et finit également avec lui, lorsqu'il parle avec
Slevin, une fois de plus dans un aéroport, accompagné de la géniale réplique "
J'ai une réputation
à l'échelle mondiale, crétin.".
Effectivement, les dialogues sont un énorme point fort de ce film, on ne s'ennuie jamais, en partie grâce à eux. Les répliques
font systématiquement mouche, grâce à un humour bien senti, et aucun personnage n'est oublié de ce côté-là.
Bruce Willis a donc son lot de
bonnes expressions, certaines d'entre elles ne faisant que renforcer le côté mystérieux de son personnage ("
Je m'appelle Goodkat. Tu peux m'appeler Monsieur Goodkat"). En plus de ça, il a la
classe.
Goodkat fait d'ailleurs référence à une histoire véridique assez insolite sur
Charlie Chaplin
que j'adore particulièrement : "
Charlie Chaplin a voulu participer à un concours de sosie à Monte-Carlo, il a terminé 3ème. Ca c'est
une sacré histoire".
Lucy Liu nous sort également des phrases amusantes qui ne font pas effet tout de suite mais font rire après
quelques secondes, comme "
T'es moins grande que je croyais -
Oui, j'suis petite pour ma taille". Même le passage avec les deux loubards qui débarquent chez
Nick est rempli d'humour, notamment avec la vanne qui fait un bide total : "
Dis ça à un unijambiste mec,
comme ça ça lui ferait une belle jambe pour courir !" et qui m'a bien fait marrer. Pour finir, les dialogues entre
Josh Hartnett
et
Morgan Freeman sont extrêmement savoureux, entre autres "
Excusez moi, mais qui êtes-vous ? - Je suis le Boss. - C'est drôle je croyais que c'était lui. - Pourquoi ? On se ressemble ? - Non, j'ai pas cru que vous étiez
lui mais qu'il était vous" ou "
Pourquoi est-ce qu'on l'appelle "Le Rabbin" ?
- Parce que...parce qu'il est rabbin. - Qui est son fils ? - Isaac la folle. - Pourquoi est-ce qu'on l'appelle "la folle"
? - Parce que c'est une folle". Bref, que de bonnes répliques (je remercie au passage
Réplikultes.net) qui entretiennent un certain humour avant une révélation assez
inattendue qui change totalement le ton du film.
C'est effectivement le deuxième gros atout du film : sa fin gigantesque. Le scénariste se joue du spectateur d'un bout à l'autre du film. On
pourrait se dire que ce final n'apporte pas grand chose à un deuxième visionage du film mais après réflexion, de nombreuses scènes prennent leur sens avec ce twist final. Tout d'abord, le ton
faussement joyeux du début du film. Franchement la BO façon "comédie bas de gamme", j'ai trouvé ça insupportable, mais ça ne fait finalement que brouiller les pistes sur
Slevin et c'est balaise. La fin nous fait également comprendre entièrement le rôle de
Bruce Willis dans le film, et
il faut avouer que c'est génial. Autre chose : la fin explique le début du film de façon puissante. Alors qu'on croyait, depuis le début, que le fameux "
Nick
Fisher" était le mec qui avait perdu aux courses hippiques en début de film, on tombe sur le cul en apprenant que les deux histoires se situent à 15 ou 20 ans d'intervalle et que
Slevin n'est autre que le gamin du début qu'on croyait mort. Il est impressionnant de voir comme le scénario nous balade aussi facilement en bouleversant ce
qu'on avait pris pour acquis et en jouant sur la temporalité. Vraiment un joli coup. La fin est également passionnante pour la relation entre
Goodkat et
Slevin, qui s'avèrent étonnamment proches alors qu'on croyait qu'ils étaient des inconnus l'un pour l'autre. Qui plus est, cette liaison dramatique est
inattendue et j'ai trouvé ça très subtil. Bref, ça faisait longtemps que je n'avais pas vu un twist final aussi bien construit. Pratiquement impossible à deviner à moins d'être expert en analyses
de scénario, et encore.
Bref, un excellent film qui a le mérite de sortir de l'ordinaire et de nous offrir un final travaillé et proche de la perfection. Clairement, je
ne regrette pas de l'avoir vu.