Ca m'a fait bizarre d'aller voir son film car j'ai découvert son cinéma pour la première fois, tout en ayant beaucoup
entendu parler auparavant. Bref,
The Master est une oeuvr sublime, extrêmement belle visuellement grâce à la beauté de certains plans et des
images. La première séquence du film est juste merveilleuse, aidée par une musique déjà magistrale de
Jonny Greenwood. L'effet immersif est
immédiat, ça faisait longtemps d'ailleurs que je n'avais pas entendu de musique aussi harmonieuse, aussi lyrique au cinéma.
Greenwood nous
offre une magnifique composition dès l'ouverture, et c'est également grâce à lui que ce conclut le film de façon presque nostalgique. C'est un réel bonheur que d'aller au cinéma seul, ou pas
d'ailleurs, mais de rester jusqu'à la fin du générique dans une ambiance parfaitement paisible, avec pour unique point d'intérêt que cette musique qui berce. Les génériques de fin ne sont pas
tous nécessairement magnifiques mais quand ils le sont, il est regrettable de ne pas en profiter. C'est profiter du film et de son ambiance quelques minutes de plus, tout en repensant aux images
qu'on vient de voir, c'est entamer une réflexion sur ce qu'on vient de voir et ne pas se réintégrer dans le monde "réel" immédiatemment. En quelques sortes, c'est un joli moment de contemplation
qu'il est rare de vivre au quotidien et qui fait du bien.
Quoiqu'il en soit, l'année commence bien avec
The Master, qui est beau
visuellement (les plans sur les remous de l'eau sont à tomber, la réalisation et le montage sont exquis) mais pas seulement. Le thème est déjà original et intéressant, mais le traitement l'est
encore plus.
The Master, c'est un face-à-face entre deux hommes, une relation de dominance qui s'installe entre un homme paumé, qui s'est
écarté de son chemin au retour de la guerre, et un "master" aux allures parfois sectaires qui lui vient en aide en lui réinculquant le contrôle de soi. On a ici une rencontre
cinématographiquement marquante entre deux grands acteurs :
Philip Seymour Hoffman et
Joaquin
Phoenix, qui éclipsent sans souci tout le reste du casting. Quel plaisir, d'ailleurs, de retrouver
Joaquin Phoenix au cinéma
! Son interprétation dans
The Master risque de marquer les esprits et les récompenses de l'année tant elle est inoubliable. L'acteur est
carrément possédé par son personnage, avec cette démarche, cette allure courbée qui en font instantanément un être perdu, sans avoir jamais à le mentionner explicitement. Les plans ne cessent de
mettre en valeur son visage marqué, ce qui offre parfois de brefs moments d'émotion.

Alors que je pensais que l'ennui allait m'envahir, j'ai été passionné par cette rencontre et fasciné par
les dialogues, même si le propos du film est parfois difficile à suivre. C'est d'ailleurs l'un des seuls petits défauts que j'octroierai au film : le fait qu'il aurait pu être plus accessible.
The Master enchaîne effectivement des scènes proches de la perfection, flamboyantes et mémorables, mais cet enchaînement est parfois
compliqué à saisir ; malgré la qualité des acteurs et l'intérêt que j'ai porté à l'histoire, j'ai eu du mal à saisir où voulait en venir l'auteur avec ces deux personnages. Parfois même, j'ai
trouvé que le film n'allait pas assez dans l'émotion et restait trop terre-à-terre, j'aurais bien imaginé certains scènes décoller complètement avec une amplification du volume musical pour
souligner les traits psychologiques de Freddie Quell, mais les sublimes compositions sonores restent à mon goût trop discrètes. Cependant, j'ai vécu un beau moment de cinéma même si je n'ai pas
toujours ressenti où le film voulait m'emmener. La performance de
Joaquin Phoenix (mais également de
Philip Seymour Hoffman dans une moindre mesure) est absolument mémorable et au risque de me répéter : ça fait vraiment un bien fou de le revoir sur grand
écran, surtout pour nous sortir des interprétations pareilles.