The Master - de Paul Thomas Anderson - Critique

           Honte à moi, c'est mon premier film de Paul Thomas Anderson (même si Magnolia et There Will Be Blood sont depuis longtemps dans ma ligne de mire). The Master est une oeuvre brillante qui vaut au moins le détour pour sa poésie et l'interprétation exceptionnelle de Joaquin Phoenix.

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             Ca m'a fait bizarre d'aller voir son film car j'ai découvert son cinéma pour la première fois, tout en ayant beaucoup entendu parler auparavant. Bref, The Master est une oeuvr sublime, extrêmement belle visuellement grâce à la beauté de certains plans et des images. La première séquence du film est juste merveilleuse, aidée par une musique déjà magistrale de Jonny Greenwood. L'effet immersif est immédiat, ça faisait longtemps d'ailleurs que je n'avais pas entendu de musique aussi harmonieuse, aussi lyrique au cinéma. Greenwood nous offre une magnifique composition dès l'ouverture, et c'est également grâce à lui que ce conclut le film de façon presque nostalgique. C'est un réel bonheur que d'aller au cinéma seul, ou pas d'ailleurs, mais de rester jusqu'à la fin du générique dans une ambiance parfaitement paisible, avec pour unique point d'intérêt que cette musique qui berce. Les génériques de fin ne sont pas tous nécessairement magnifiques mais quand ils le sont, il est regrettable de ne pas en profiter. C'est profiter du film et de son ambiance quelques minutes de plus, tout en repensant aux images qu'on vient de voir, c'est entamer une réflexion sur ce qu'on vient de voir et ne pas se réintégrer dans le monde "réel" immédiatemment. En quelques sortes, c'est un joli moment de contemplation qu'il est rare de vivre au quotidien et qui fait du bien.


 


 

           Quoiqu'il en soit, l'année commence bien avec The Master, qui est beau visuellement (les plans sur les remous de l'eau sont à tomber, la réalisation et le montage sont exquis) mais pas seulement. Le thème est déjà original et intéressant, mais le traitement l'est encore plus. The Master, c'est un face-à-face entre deux hommes, une relation de dominance qui s'installe entre un homme paumé, qui s'est écarté de son chemin au retour de la guerre, et un "master" aux allures parfois sectaires qui lui vient en aide en lui réinculquant le contrôle de soi. On a ici une rencontre cinématographiquement marquante entre deux grands acteurs : Philip Seymour Hoffman et Joaquin Phoenix, qui éclipsent sans souci tout le reste du casting. Quel plaisir, d'ailleurs, de retrouver Joaquin Phoenix au cinéma ! Son interprétation dans The Master risque de marquer les esprits et les récompenses de l'année tant elle est inoubliable. L'acteur est carrément possédé par son personnage, avec cette démarche, cette allure courbée qui en font instantanément un être perdu, sans avoir jamais à le mentionner explicitement. Les plans ne cessent de mettre en valeur son visage marqué, ce qui offre parfois de brefs moments d'émotion.


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                Alors que je pensais que l'ennui allait m'envahir, j'ai été passionné par cette rencontre et fasciné par les dialogues, même si le propos du film est parfois difficile à suivre. C'est d'ailleurs l'un des seuls petits défauts que j'octroierai au film : le fait qu'il aurait pu être plus accessible. The Master enchaîne effectivement des scènes proches de la perfection, flamboyantes et mémorables, mais cet enchaînement est parfois compliqué à saisir ; malgré la qualité des acteurs et l'intérêt que j'ai porté à l'histoire, j'ai eu du mal à saisir où voulait en venir l'auteur avec ces deux personnages. Parfois même, j'ai trouvé que le film n'allait pas assez dans l'émotion et restait trop terre-à-terre, j'aurais bien imaginé certains scènes décoller complètement avec une amplification du volume musical pour souligner les traits psychologiques de Freddie Quell, mais les sublimes compositions sonores restent à mon goût trop discrètes. Cependant, j'ai vécu un beau moment de cinéma même si je n'ai pas toujours ressenti où le film voulait m'emmener. La performance de Joaquin Phoenix (mais également de Philip Seymour Hoffman dans une moindre mesure) est absolument mémorable et au risque de me répéter : ça fait vraiment un bien fou de le revoir sur grand écran, surtout pour nous sortir des interprétations pareilles.



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F
<br /> Un film étrange. Une expérience unique à vivre. Le film est totalement hypnotique pourtant, et c'est paradoxal, il reste totalement hermétique. Du coup, on s'ennuie. Mais on ne peut détourner le<br /> regard. Bizarre... Sinon, les acteurs et actrices (Amy Adams fait flipper) sont excellents.<br />
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S
<br /> <br /> Oui c'est bien résumé ! Hypnotique mais hermétique.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Sinon là je reviens de Django et c'est une vraie tuerie ! J'ai pas le temps d'écrire de critiques en ce moment.<br /> <br /> <br /> <br />
Z
<br /> Moi, on m'a dit que c'était chiant, prétentieux, et que ça menait nulle part. Je m'en dispenserai du coup... Paul Thomas Anderson, même si j'adore son There Will Be Blood, part de plus en plus<br /> dans ce genre d'approche très "prétentieuse" depuis ce dernier, des approches auxquelles j'approche beaucoup moins que les superbes monuments de générosité émouvants et drôles que sont Magnolia,<br /> et surtout Boogie Nights.<br />
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S
<br /> <br /> Faut que je vois tout ça ouais, mais perso ça va j'ai pas trouvé ça chiant ni prétentieux.<br /> <br /> <br /> <br />
2
<br /> j'ai déjà lu des critiques sur ton blog, beaucoup plus positives... <br /> <br /> <br /> "malgré la qualité<br /> des acteurs et l'intérêt que j'ai porté à l'histoire, j'ai eu du mal à saisir où voulait en venir l'auteur avec ces deux personnages"<br />
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S
<br /> <br /> Mon article est certainement mal écrit alors Parce que c'est plus ou moins la seule chose que je reproche au film :<br /> d'être peu clair dans son message. Qui plus est, ce n'est pas nécessairement un défaut et ne gâche pas le visionnage à mon goût :<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> "J'ai vécu un beau moment de cinéma même si je n'ai pas toujours ressenti où le film voulait m'emmener."<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> La deuxième partie de la phrase n'est pas à lire comme un point négatif, il faut lire la phrase dans le sens où ce petit hic n'empêche pas au film de m'avoir passionné, qu'il est négligeable.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Ceci dit c'est sûr qu'à mon avis c'est pas le film de l'année, mais il reste très agréable à voir (à mon goût) et très intéressant.<br /> <br /> <br /> <br />
2
<br /> Très motivé pour aller le voir (car grand fan de Magniolia), je suis en train de changer d'avis depuis ce matin...<br /> <br /> <br /> J'ai 2 amis (au goût très distinct) qui sont allés le voir ce week-end... et apparement ils se sont fait "chier" grave... <br /> <br /> <br /> et puis quand j'ai lu ta critique... où tu rames pas mal pour en sortir quelque chose de positif... j'ai encore moins envi de le voir... tant pis, j'irais voir le Tarantino !<br /> <br /> <br />  <br />
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S
<br /> <br /> Hein ? C'est tout le contraire : j'ai ramé pour en sortir quelque chose de négatif Je conseille d'aller le voir.<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Je n'ai pas tellement accroché à ce film, c'est difficile de voir où il veut nous mener, ça ne me gêne pas toujours (notamment quand ils invitent à la contemplation) mais ça m'a paru<br /> long...  Pour certains critiques, il est "trop parfait" c'est peut-être ça. Quoi que je pense qu'il peut y avoir mieux autour des mêmes thèmes. (qui sont apparemment chers à Anderson) Je<br /> n'ai pas vu d'autres films du réalisateur, à suivre donc.<br />
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S
<br /> <br /> Ouais, c'est exactement ce que je me suis dit en sortant de la salle, que j'avais pas compris où il voulait nous mener ni vraiment ce qu'il voulait dire. Après je me suis dit que ça n'avait pas<br /> perturbé le plaisir que j'ai eu à le voir donc ça a estompé ce côté. Ca mériterait peut-être une deuxième vision.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> La grâce était chez celui qui est parti. Et Joaquin ne s'en est jamais vraiment remis.<br /> <br /> <br /> Tiens au fait, en parlant de Gallo. Est sorti en janvier en DVD un film indé de 1998 : Johnny 3.16.La même année que son Buffalo 66'. Et une dimension poétiquo-mystique qui semble récurrente.<br /> <br /> <br /> J'ai pas mis 10 ans pour le commander celui-là. Pour info :<br /> <br /> <br /> http://www.iletaitunefoislecinema.com/dvd/5711/dvd-johnny-316<br />
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S
<br /> <br /> Cool, j'avais jamais entendu parler de clui-là, merci pour l'info !<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> C'est d'famille chez les Phoenix. Voir My own private Idaho et puis mourir .......<br />
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S
<br /> <br /> Ah oui je l'avais zappé celui-là, ça fait pourtant des années qu'il faut que je le voie !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Note : c'est quand même impressionnant comme il ressemble à Vincent Gallo physiquement (par moments).<br /> <br /> <br /> <br />