Une chose est certaine : je vais continuer à m'intéresser au cinéma de cette légende du 7e art car ce premier essai de 35
minutes a été totalement concluant. Y'a pas à dire, le cinéma muet a un charme fou. En tout cas,
Une Vie de Chien est à mon goût sublime. Un
film quand même vieux de 93 ans, c'est un détail qui me parcourt presque de frissons quand j'essaie d'imaginer tout le chemin qu'il a parcouru. C'est assez magique de voir des vidéos vieilles
d'un siècle, je n'ai pourtant pas l'âme d'un historien mais ça me passionne. Ici, on a affaire à un film muet, mais alors presque complètement ! C'est-à-dire que, contrairement à
Metropolis, quasiment aucune réplique n'est retranscrite à l'écrit. Tout l'humour se base uniquement sur les images, la gestuelle, et je suis toujours
aussi admiratif devant les mecs qui savent faire rire sans jamais parler. Il y a un côté
Mister Bean que j'ai adoré, le personnage de
Charlot se retrouvant souvent dans des situations comiques, enchaînant la malchance.
Le personnage interprété par
Charles
Chaplin est un homme de la rue, un "vagabond" qui s'arrange comme il peut (avec ruse et malice) pour manger et boire, et l'essentiel de l'intrigue se base là-dessus. Pendant les
35 minutes,
Charlot, affamé, tente de calmer sa faim en essayant de piquer des saucisses, en se morfalant tout un plat de je-ne-sais-quoi (est-ce du pain
perdu ?). Malheureusement la police veille et il ne parvient pas toujours à ses fins. C'est un gentil gars, qui se balade dans les rues et dans les restaurants sans un sou, et qui va faire la
rencontre d'un chien et d'une jolie chanteuse. J'ai vraiment adoré ce personnage, tout petit avec ses grandes chaussures et sa démarche amusante.
Charlie
Chaplin fait passer un truc avec son regard et ses mimiques. Du rire, beaucoup de rire, les scènes géniales s'enchaînent et je me suis bien marré. Les gags de course-poursuite
auraient pu être lourdingues, mais ils passent parfaitement bien car l'image est accélérée et ne laisse jamais place à l'ennui. Outre ceci, on a un florilège de passages hilarants, notamment
lorsqu'il essaie de se présenter aux guichets de l'agence de recrutement mais qu'il n'y arrive pas car tout le monde lui passe devant et qu'il se cogne systématiquement à un grand gaillard devant
lui.
Charlie Chaplin, avec ses habits dépareillés et son chapeau melon qu'il ne cesse de réajuster, ressemble parfois à un gamin bousculé par
la foule et c'est vraiment drôle à voir. En fait, son personnage a toujours un côté candide, la tête du gars qui n'a rien fait ou qui tente de le faire croire. J'ai notamment bien ri lorsqu'il
avale tout un plateau posé sur le comptoir d'un bar, s'enfilant un à un les morceaux dans le dos du serveur, et qu'il fait l'innocent dès que celui-ci se retourne brusquement (image ci-dessus).
Certes, c'est un humour assez classique, mais un humour de répétition qui m'a beaucoup fait marrer. Surtout qu'on se demande comment il peut engloutir autant aussi vite.
On a droit à une scène similaire (mais pas basée sur la répétition) lorsque
le personnage principal pique une bière sur le comptoir comme si de rien n'était, avec un petit regard en coin totalement anodin. De même, on peut retenir ce cultissime gag qui a été ensuite
souvent repris (et oui, comment ne pas se souvenir de l'hilarant sketch du nain dans
Drôle de Jeu, présenté par Lagaf' ? Je sais mes références ne sont pas
glorieuses). Je parle bien évidemment de la scène des mains, où
Charlot assomme l'un des deux voleurs de porte-feuille puis prend le "contrôle" de celui-ci
avec ses propres bras. Tout le comique est ici basé sur la tête du gars au regard vide, absolument énorme et parfait, lorsque Charlot lui remet sa cravate comme à une marionnette, qu'il le fait
s'essuyer la bouche avec un mouchoir, bref ! Je ne vais pas tout raconter, ça n'aurait aucun intérêt mais j'ai trouvé ça purement tordant. A part l'humour, il faut également ajouter que c'est
l'acteur qui a pratiquement tout fait dans ce film puisqu'il y est comédien, réalisateur, scénariste, monteur mais également compositeur, ce qui n'est pas rien car le comique de situation passe
également par la musique, style
Benny Hill. Pour finir, cette petite histoire entre l'homme errant et le chien errant est assez touchante. Le vagabond prend
l'animal sous son aile et celui-ci le lui rend bien en trouvant des saucisses et de l'argent. Vraiment beau.
Bref, je ne connais pas encore suffisamment
Charles Chaplin pour dire que j'en suis
fan mais j'ai été complètement charmé et amusé par ce personnage qui marche en se dandinant avec les pieds en canard, un vagabond qui se trouve pourtant être un vrai gentleman (la scène où la
chanteuse essaie de flirter avec lui et qu'il n'y comprend rien, un pur moment !) un vrai clown au jeu de mime burlesque. Il a vraiment l'art de la gestuelle, un langage qui a le mérite de
pouvoir s'adresser à tout le monde. Voilà, je ne peux pas vraiment parler de cet homme en tant que réalisateur ni acteur, car je n'ai vu que 35 misérables minutes de la filmographie, mais je
compte bien continuer !
Voir aussi : Le
Dictateur.