Watchmen, les gardiens - de Zack Snyder - Critique

               Même si le sujet n'avait clairement pas tendance à m'attirer au départ : quand je vois "film de super héros" je vois "gros effets spéciaux" et "manichéisme ridicule", surtout au vu de l'affiche. Et pourtant et pourtant... Watchmen se situe dans la catégorie des exceptions qui font plaisir à voir. Dès les premières minutes avec la mort du Comédien, j'ai su que le film allait me plaire, car il est visuellement sublime (de jolis ralentis et mouvements de caméra fluides), faisant penser à la fois à 300 comme à Sin City. C'est sans parler du générique d'ouverture qui est une merveille visuelle, on reconnait ici le style de Zack Snyder qui s'inspire encore une fois d'une BD pour créer un univers à part.


              Parlons-en justement (pas de la BD que je n'ai pas lu, mais de l'univers). L'ambiance très sombre du film est très appréciable et l'idée de départ est géniale. En effet on a affaire ici à une uchronie, c'est-à-dire un monde alternatif, où les super héros font partie du quotidien. La force du scénario est de situer l'histoire non pas dans le futur comme les films du genre ont l'habitude de le faire, mais en 1985. Du coup, on a une ambiance 80's absolument géniale et le film traite de nombreux thèmes passionnants, et notamment l'enjeu nucléaire et le conflit entre les USA et l'Union Soviétique, auquel assiste une poignée de super héros à la retraite. Le décalage avec le passé qu'on a connu sur la Guerre Froide, la Guerre du Vietnam, le président Nixon (ici réélu pour la 5e fois).




             Outre ceci, la trame est parfaitement et magnifiquement romancée avec des personnages profonds et recherchés. Nos super héros ne souffrent d'aucun manichéisme, ils sont tous à la fois rongés par le bien et le mal (certains plus que d'autres) et de côté le film ne cessera de surprendre jusqu'à la toute fin, vraiment bien pensée. Les personnages sont extrêmement charismatiques et on apprend à les connaître avec des scènes et des situations purement géniales. Rorschach le justicier, personnage auquel tous les spectateurs semblent vouer un véritable culte, est presque le personnage le plus charmant du film, avec sa détermination, sa voix, ses répliques, ses actes. Tout le passage où il se retrouve en prison et où on voit son vrai visage est un bonheur cinématographique, très drôle et très jouissif avec des dialogues de dingue "vous ne comprenez pas, je ne suis pas enfermé avec vous... C'est vous qui êtes enfermés avec moi !!". Si j'ai mis "presque", c'est parce que pour moi Rorschach n'est pas aussi charismatique que le Dr Manhattan. C'est impressionnant comme j'ai adoré ce personnage, extrêmement calme, n'ayant quasiment aucun goût à la vie tant ses pouvoirs inimaginables rendent sa vie lassante et sans intérêt et qui tient l'avenir de la Terre entre ses mains. Ce personnage a vraiment un charme dingue, dans toutes ses scènes. Je retiendrai longtemps la scène qui résume son histoire et son passé, qui demeure pour moi (indiscutablement) le meilleur passage du film. Très émouvant, très beau, fascinant.


                Si cette scène est d'ailleurs aussi frissonnante, c'est parce que la musique est magnifique. L'idée d'avoir utilisé la musique de Philip Glass provenant de Koyaanisqatsi ("Prophecies") est l'un des plus gros atouts du film. J'étais comblé. De manière générale, la BO de Watchmen est admirable, avec notamment Bob Dylan pour le générique qui nous fait entrer directement dans l'ambiance du film, Simon and Garfunkel dont la puissance permet au film d'émouvoir le spectateur et lui faire passer des frissons, ou encore Ride of the Valkyries qui est utilisée lors d'un clin d'oeil amusant à Apocalypse Now. Les autres personnages sont presque tout aussi intéressants, notamment Ozymandias et Le Hibou (je passe sur Spectre Soyeux qui est à mon goût un personnage raté, presque le seul défaut du film finalement, à cause notamment de sa personnalité et de son costume très cliché).



             Bref, Watchmen est une beauté visuelle parsemée de scènes jouissives qui nous tiennent en haleine et en émotion pendant 2h25, que rêver de mieux ? Quelques extraits de la BO :