Ca fait plaisir d'être en vacances et de revisionner plein de films. Ca fait du bien aussi de se refaire des "journées thématiques". Ces 3 derniers jours, j'ai enchaîné les 8 volets de Harry Potter et la trilogie du Seigneur des Anneaux et c'est toujours un bonheur de me replonger ainsi dans deux de mes univers favoris. Ces petits marathons cinématographiques sont des délices d'ambiance, être immergé ainsi pendant 2 jours dans le monde de Poudlard est une expérience assez merveilleuse, surtout lorsqu'on est comme moi dingue de la saga littéraire. Je ne vais pas détailler ici toute ma passion pour Harry Potter, que je trouve scénaristiquement magique et émotionnellement puissant, ni mes déceptions/ravissements vis-à-vis des films. Ca me passionnerait, mais ça me prendrait des jours.
Cependant, j'ai été particulièrement ravi de l'adaptation de la première partie des Reliques de la Mort (7e et dernier livre de la série), et notamment la manière avec laquelle la relation entre Harry et Hermione a été traitée.
Globalement, j'ai accroché dès le début à la saga cinématographique. Même si j'ai pu avoir un peu de mal avec Daniel Radcliffe lors des premiers volets, je m'y suis fait et je pense même que je ne supporterais pas de voir un autre acteur incarner Harry Potter. D'ailleurs, cette remarque est valable pour l'ensemble des personnages et je trouve que c'est une sensation assez forte. On pourra toujours critiquer les films Harry Potter par rapport aux bouquins, parce qu'il manque des choses, ou parce que certains ajouts n'étaient que peu justifiés, et surtout parce qu'il est difficile de faire émotionnellement aussi fort que le support littéraire. Les petites déceptions que m'ont offert les films sont présentes essentiellement parce que les livres sont d'une qualité exemplaire. Parce qu'il est quasiment impossible de retranscrire à l'écran toutes les émotions du livre, étant donné que la plupart des moments forts se passent dans la tête d'Harry.
Cependant, l'esprit est bien présent à l'image et ces 8 volets ont à mon goût réussi à capter toute l'essence de Harry Potter, toute sa force, à travers les décors et les personnages. Je trouve que c'est un boulot monstre et je ne pourrai sans doute jamais descendre ces adaptations, parce qu'elles m'ont fait rêver et forment une sorte de bonus aux bouquins. Certes, certaines libertés regrettables ont parfois été prises, certains oublis également, et certains ajouts inutiles. Mais, parmi ces changements, il y a une scène ajoutée que j'ai trouvée profondément géniale, et que je trouve de plus en plus géniale à mesure que le temps passe : la scène de danse entre Harry et Hermione dans le 7e volet.
Beaucoup ont critiqué cette scène lors de la sortie du film, parce qu'elle n'est pas dans le bouquin, parce qu'elle a un côté ridicule, parce que sa présence n'était soi-disant pas justifiée. Et pourtant, je ne comprends pas comment les fans de la saga littéraire peuvent ne pas apprécier cette scène.
La relation entre Harry et Hermione
En matière de relation, de lien puissant entre personnages, je trouve qu'on a rarement fait aussi intense. C'est peut-être ma Pottermania qui parle, c'est peut-être ma passion extrême pour les bouquins qui m'aveugle, mais je trouve cette scène absolument prodigieuse. Je pense que David Yates n'aurait pas pu mieux exprimer l'amitié profonde et platonique qui existe entre Harry et Hermione. Cette scène est une ode à l'amitié pure, renforcée par les liens profonds qui existent entre les deux personnages depuis 10 ans d'adaptation cinématographique. Mis à part la relation entre Sam et Frodon dans Le Seigneur des Anneaux, je n'arrive pas à trouver au cinéma une amitié qui soit aussi forte et aussi belle entre 2 personnages.
L'ambiance déprimante du film joue en faveur de cette scène. Les deux personnages étant liés depuis 7 ans par des drames à répétition, ils sont à bout et sont désespérés. Hermione est dévastée, l'ambiance est merdique, Harry sent le poids de ses responsabilités l'envahir et les deux personnages songent même à abandonner leur vaine entreprise. Mais, en l'espace d'un instant, en l'espace d'une danse, Harry parvient à redonner le sourire à Hermione. Ils se rassurent mutuellement et on prend conscience de la pureté de leur amitié, extrêmement forte, sans aucune sorte d'arrière-pensée. Je ne crois pas avoir déjà vu au cinéma une histoire d'amitié homme-femme aussi belle. C'est un type de relation qui y est extrêmement peu abordé (dans presque tous les cas, l'amour ou le sexe viennent faire leur apparition) et je trouve ça vraiment dommage.
Le dosage de la musique
Qui plus est, la scène est magnifique parce qu'elle a un pouvoir terriblement nostalgique. L'utilisation de la musique (la sublime musique "O Children" de Nick Cave & the Bad Seeds) est absolument parfaite. On commence par l'entendre faiblement à la radio, au coeur du film. La voix et le ton, associés aux couleurs sombres de l'image, donnent d'emblée une atmosphère déprimante à la scène et on devine aisément ce qu'il se passe dans la tête des 2 héros. Lorsque Harry décide de remonter le moral d'Hermione, la musique s'intensifie à mesure que les protagonistes sourient et elle devient le principal élément de la scène. D'ailleurs, la puissante musique se retrouve alors extérieure à la scène, on est passé à un son off qui met en valeur la relation sublime entre Harry et Hermione. Pendant quelques dizaines de secondes, ils sont seuls au monde et oublient tous leurs problèmes. Je trouve cet instant véritablement magique, et j'ai du mal à comprendre qu'on puisse le trouver ridicule. Dans ces quelques minutes, leur amitié profonde est montrée, sublimée.
Ensuite, le volume de la musique diminue et l'euphorie du moment s'échappe. Hermione pose sa tête sur l'épaule d'Harry et vice versa. Les personnages sont plongés dans leurs pensées, leurs sourires s'effacent car la réalité revient subitement. Un instant de pure nostalgie apparaît alors, car le spectateur - en même temps que les personnages - repense au parcours extrême qu'ils ont eu pour en arriver là, et pense au trajet qu'il leur reste à faire avant la fin. La musique revient alors à l'intérieur du film, via la radio, et l'ambiance redevient déprimante et sombre.
Bref, une seule musique pour exprimer d'abord la déprime, la joie, l'euphorie, l'amitié profonde, la nostalgie, puis encore la déprime. Pour moi, cette scène est magnifiquement mise en musique et le réalisateur ne pouvait pas mieux mettre en image cette connection particulière entre Harry et Hermione. J'ose même dire que ces quelques minutes constituent le seul moment, sur les 8 volets, où le film vient surpasser le livre.
Dans cette scène, David Yates montre (enfin) que s'il est difficile d'utiliser le cinéma pour illustrer un livre, on peut quand même l'utiliser pour le rendre plus beau. D'un côté, la puissance des bouquins vient du fait que le lecteur est constamment dans la tête d'Harry Potter et que ses sentiments, ses pensées, ses émotions sont liées à celles du personnage. Or il est impossible, même avec une voix off, de retranscrire ces éléments au cinéma. Cependant, le cinéma a quelque chose que le livre n'a pas : il peut utiliser la puissance visuelle et la puissance musicale qui permettent d'émouvoir le spectateur et de transcender une scène. Bref, chaque support a ses avantages et ses manques, et chacun peut adapter ses outils afin de produire quelque chose d'intense. Cette scène de danse en est un exemple frappant.
N'hésitez pas à commenter ci-dessous, ou à venir discuter sur Twitter !