N'ayant plus la motivation actuellement pour parler de films dans leur ensemble, je vais revenir à ce que le blog aurait dû être depuis le début, à ce qui me motive vraiment à écrire ; les scènes de films marquantes. Les prochains articles vont donc concerner toutes ces séquences qui me plaisent particulièrement et que j'aime me repasser encore et encore, celles qui me donnent cette passion intense pour le cinoche... Ca passe par la poésie d'un instant, la grâce d'une scène, la tristesse d'un moment, le rire d'une situation, la puissance auditive, la beauté visuelle, la virtuosité d'une caméra, la création d'une nostalgie. Bref, ça passe essentiellement par l'émotion et c'est cette émotion que j'ai toujours voulu retranscrire ici avant même toute tentative d'objectivité. J'ai a-priori une petite cinquantaine de scènes qui me viennent à l'esprit quand j'évoque l'idée de faire un article. Je suis devant ma télé, qui passe actuellement Old Boy, et je sais d'avance que 3 ou 4 scènes de ce film viendront alimenter le blog un jour (ce combat en plan-séquence est merveilleux).
Cependant, j'ai décidé ce soir de parler du générique d'ouverture (et de fermeture) d'un film que j'ai découvert tout juste ce matin : The Rocky Horror Picture Show. Gros délire culte créé pour les fans de ciné, je n'ai pas le bagage nécessaire pour saisir toutes les références du film mais je l'ai grandement apprécié, avec 40 ans de retard.
Même si l'essentiel du film marche à merveille, notamment grâce à un Tim Curry survolté et complètement dingue, c'est le générique d'ouverture qui m'a envoûté d'office :
Cette comédie musicale complètement tarée a un gros atout ; celui d'avoir des chansons de qualité, et notamment ce morceau intitulé Science Fiction/Double Feature, chanté par Richard O'Brien par-dessus la bouche de Patricia Quinn. Ce générique est pour moi une merveille car il met immédiatement dans l'ambiance de ce qui va suivre ; un côté décalé et totalement hypnotisant qui ne m'a pas lâché pendant tout le film. A vrai dire, j'ai ressenti une énorme nostalgie en écoutant cette chanson, même si je ne l'avais jamais entendue auparavant. Je trouve qu'elle a un pouvoir mélancolique assez puissant, et que c'est une entrée en matière grandiose pour le film. Il est clair que ça donne envie de le voir, j'ai personnellement été emporté par cette voix qui a un effet particulièrement motivant.
Rares sont les films qui donnent envie dès les premières minutes (Old Boy fait partie de ceux-là également), rares sont les génériques mémorables. En 4 minutes, que ce soit visuellement comme auditivement, on se sent étrangement pris dans une ambiance très agréable, renforcée par la vision de cette unique bouche qui captive bizarrement notre regard. Bref, je trouve cet effet assez fou, qui donne en plus un aspect épique au film sans même qu'on ne comprenne vraiment pourquoi. De la pure nostalgie, comme je l'adore.
Mais ce qui est plus fort encore, c'est que cette même chanson est réutilisée pour le générique final, et que la différence entre les deux versions est magnifique. Pendant le générique d'ouverture, la musique est entraînante et a un effet enthousiasmant, rythmé. Au contraire, à la fin du film, la musique est associée à une réplique tout à fait étrange et triste, qui ne semble pas correspondre à la lignée du film et qui m'a vraiment fait tout drôle. Alors que le film est constamment plongé dans un univers de grande poilade et de délire WTF assez savoureux, il se conclut brutalement avec une réflexion assez déprimante qui m'a laissé avec un sentiment particulier.
En d'autres termes, la musique est utilisée avec un double objectif ; elle ouvre le film avec une nostalgie positive pour donner envie de voir la suite, et nous laisse avec une nostalgie plus négative pour qu'on ne l'oublie pas une fois fini. Je trouve ça assez fort et efficace, d'autant que la chanson est vraiment marquante et reste dans la tête.
Bref, inutile de dire que je vais écouter cette chanson un bon paquet de fois. Si The Rocky Horror Picture Show va me rester en tête, c'est en grande partie grâce à ces deux génériques et je pense que, malgré ses défauts et son côté nanardesque, je risque de revoir ce film encore et encore.