Like Crazy est une véritable merveille sortie il y a 2 ans, mais passée complètement à la trappe en France. Encore une preuve, s'il en fallait, que de nombreux films d'une beauté absolue n'ont parfois pas le succès qu'ils méritent. Cette romance est un véritable bonheur à regarder, à la fois poétique, sentimentale, déprimante, visuellement sublime, magnifiquement interprétée et mise en musique. Un film d'amour sans facilités, sans fioritures scénaristiques aberrantes. Un film simple, vrai et beau, sur les relations amoureuses et les effets du temps et de l'espace sur un couple.
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Mise à jour 2024
Vous pouvez aussi aller lire ma nouvelle critique de ce film en suivant ce lien, revu 11 ans plus tard.
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Il est très rare que je pense ça d'un film, mais Like Crazy ressemble de très près à mon idéal cinématographique. Que ce soit visuellement, sonorement ou scénaristiquement, ce film est pour moi un énorme coup de coeur et fait clairement partie des films qui m'ont le plus marqué cette année. D'une sensibilité magnifique, le film est réalisé par Drake Doremus qui semble avoir tout compris à la manière de traiter une histoire d'amour. Like Crazy est peuplé de doux moments qui m'ont immergé totalement du début à la fin.
La chose la plus difficile à faire, lorsqu'on traite de l'amour au cinéma, c'est de ne pas tomber dans le niais ou la mièvrerie. De nombreux films se plantent lamentablement en déballant les clichés, en présentant des couples stérotypés et/ou complexes, à grands renforts de longs dialogues. Et pourtant, le meilleur moyen de traiter de l'amour est probablement de le faire à l'aide de silences, de non-dits, de regards. Je ne peux pas m'empêcher de penser au sublime A la merveille de Terrence Malick qui m'avait déjà secoué. Like Crazy fait partie de ces films qui mettent du baume au coeur, qui bouleversent sans en faire trop, en restant toujours simples. Les rares dialogues prennent une valeur émotionnelle considérable lorsque les non-dits se succèdent. La scène au téléphone, notamment, où les deux personnages sont au bord des larmes, est l'une des plus belles que j'ai pu voir récemment. Tout simplement parce qu'elle criante de vérité, qu'elle met en valeur la fragilité et la dépendance que peut avoir une personne vis-à-vis d'une autre, qu'elle déborde de sentiments, qu'elle provoque chez le spectateur un flux d'émotions puissantes.
Qui plus est, le film ne reste pas constamment dans l'idée d'un amour idéal et éternel, et évite ainsi la niaisierie dont je parlais plus haut. Il traite non seulement des effets de l'espace sur un couple (la fameuse relation à distance, difficile à vivre), mais également des effets du temps. La dernière séquence, notamment, est une véritable merveille de poésie, de nostalgie assez déprimante. On ne reste pas dans un optimisme à toute épreuve, car la passion entre deux personnes est éphémère et qu'elle dépend d'un tas de paramètres qui évoluent. En ce sens, le film est extrêmement déprimant, faisant penser un peu (de manière moins évidente et plus réservée) au thème abordé dans Blue Valentine la même année.
Mais si Like Crazy m'a autant plu, ce n'est pas seulement parce qu'il traite son sujet à la perfection. Il est également baigné dans une ambiance bien particulière, un mélange de poésie, de nostalgie, de beauté visuelle et sonore qui m'ont bouleversé et scotché à mon siège. Esthétiquement et musicalement, Like Crazy correspond entièrement à mon film idéal. La BO aérienne, sompteuse et obsédante m'a pris aux tripes et permet de créer des moments de cinéma dont je raffole, que je savoure avec plaisir et frisson. Des séquences qui allient la beauté des images à la puissance de la musique et qui donnent envie de relancer le film une fois terminé. Ce genre d'atmosphères représente tout ce que j'aime expérimenter au cinéma. Le film m'a beaucoup fait penser au style de Sofia Coppola, avec des envolées musicales parfois déprimantes, des personnages forts et attachants, une photographie magnifique qui placent le spectateur dans des états secondaires.
C'est sans parler des acteurs, tous absolument brillants dans leurs rôles. Anton Yelchin (qui m'avait déjà plutôt ému dans Le complexe du castor) et Felicity Jones sont d'une justesse incroyable, que ce soit dans les jeux de regards comme dans les dialogues. Qui plus est, on s'attache dès les premières minutes aux deux personnages et il est impossible de ne pas partager leurs joies, leurs pleurs, leurs craintes, leurs questionnements, leur fragilité. Bref, le film est d'une sensibilité extrême. Si on aime cette sensibilité et qu'on se laisse embarquer dans cette belle et simple histoire, on passe un moment inoubliable. Il ne faut donc surtout pas passer à côté si on se sent d'humeur un peu romantique.