Je ne comprends absolument pas l'enthousiasme généralisé autour de ce réalisateur, et j'écris cet article dans l'espoir de le comprendre. Si vous vouez un culte à ces deux films, n'hésitez pas à commenter cet article afin que nous engagions un débat autour de ceux-ci, car je suis réellement curieux de savoir comment on peut les encenser. Je vais parler de ces deux films comme un seul, car ils ont à mon goût les mêmes qualités et les mêmes défauts.
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Je ne vois que deux points positifs à ces films. Premièrement, il s'agit de la marque visuelle qui caractérise notamment Midsommar et que je trouve très intéressante. Certains plans sont esthétiquement très propres, on ressent une identité visuelle qui fait que le cinéma d'Ari Aster semble reconnaissable entre mille. Certes, le cinéaste n'a réalisé que deux films, mais on voit déjà ce que sera dans quelques années la "patte Aster". De ce point de vue, le réalisateur débarque forcément avec une sorte de puissance dans le milieu du cinéma. Ses films sont imposants et peuvent même, pour certains spectateurs, être intimidants. La symétrie, notamment, semble prendre une place importante dans son imagerie. Ari Aster l'utilise pour impressionner et, parfois, pour instaurer un climat d'angoisse efficace. L'utilisation de certaines formes, notamment triangulaires, s'annonce également être un leitmotiv concernant ses décors.
De ce côté, pas de souci, Ari Aster est arrivé à faire ce que trop peu de cinéastes parviennent à faire : être identifiable en quelques images et créer un "style Aster".
Deuxième point positif : l'aspect surprenant de quelques scènes qui, parfois, nous emmènent dans des directions qu'on n'aurait pas imaginées. Toute personne ayant vu Hérédité saura immédiatement de quoi je parle lorsque j'évoque le poteau ci-dessous. Une scène choc, marquante, plutôt efficace. Dans Midsommar, il s'agit plutôt de la scène du rocher qui fait basculer le film dans une certaine horreur, sans vraiment nous ménager. Ce sens de la rupture brutale est à mon goût une grande qualité de chacun de ces deux films, c'est indéniable. Il y a donc, dans l'un comme dans l'autre, un événement percutant qui nous force à prononcer ces mots : "Wow. Il a osé faire ça et je n'étais pas prêt".
Malheureusement, ce sont là les seuls éléments qui me permettent de dire que le cinéma d'Ari Aster n'est pas totalement vain à regarder, car à part ça, je ne vois absolument pas l'intérêt de visionner ces deux films. A mon goût, ils ne racontent rien et on n'en retient rien d'autre qu'un "choc visuel", ce qui me pose problème. A l'issue d'Hérédité, je suis resté circonspect devant le vide abyssal de ce film. Quel est, finalement, le but de ce film, à part rechercher constamment une atmosphère de malaise pas toujours maîtrisée ? Je ne comprends pas. A l'issue de Midsommar, il y a quelques semaines, j'ai compris que le cinéma d'Ari Aster ne me toucherait pas car j'ai eu l'impression de vivre un calvaire de 2h20. Attention ! Je ne parle pas de "calvaire" au sens que tout le monde souhaite visiblement lui donner : je n'ai pas vécu de moments d'angoisse, je ne me suis pas senti stressé, non... Juste, ce film m'a emmerdé tant il ne raconte rien, et j'ai clairement passé la dernière heure à soupirer et à regarder ma montre tant il ne se passait rien. Même les personnages, aussi crétins les uns que les autres, sont aussi vides que le propos du film.
Ensuite, je pense qu'il faut arrêter tout de suite avec cette espèce d'idée selon laquelle Midsommar et Hérédité sont les films les plus choquants / surprenants / malaisants / effrayants / ajouter l'adjectif que vous voulez / obsédants que l'on ait jamais vu, car c'est une réputation que je trouve totalement injustifiée et qui a grandement perturbé mes visionnages. Durant deux ans, j'ai entendu par-ci, par-là, que Midsommar était une œuvre révolutionnaire, si marquante que personne n'en ressortait indemne. Lorsque Hérédité a fait son apparition sur Netflix, j'ai à nouveau lu un peu partout à quel point le film était monstrueux et angoissant, une "expérience traumatisante et unique". Et merde, je ne comprends pas en quoi ces deux films peuvent prétendre à ce titre, tant ils m'ont globalement laissés indifférents d'un bout à l'autre - hormis leur unique scène "choc" qui fait basculer l'histoire dans chacun d'entre eux. Êtes-vous réellement si sensibles aux effets grossiers proposés par le cinéaste, ou exagérez-vous vos dires pour accentuer "l'aura" véritable de ces films ?
L'avalanche d'effets sur-appuyés sont soi-disant amplifiés par une mise en scène dérangeante, mais je n'ai jamais ressenti tout ça, dans aucun des deux films. Expliquez-moi, s'il-vous-plait, ce que vous ressentez en regardant Hérédité. En regardant Midsommar. Parce que, pour ma part, ça me fait juste soupirer. Je suis agacé par la surenchère d'artifices complètement stupides, censés provoquer chez moi un malaise qui n'arrive jamais. Peut-être suis-je insensible à tout ça, et je pourrais l'excuser si ces deux films avaient un sens. Mais j'ai beau retourner ces deux œuvres dans tous les sens, je n'en vois aucun. Je ne vois pas, par exemple, en quoi montrer la monstruosité, à travers des personnages vulgairement amochés, est censé susciter un intérêt chez le spectateur. Pire, je trouve assez malsaine cette idée que des personnages au visage monstrueux sont utilisés pour déclencher le malaise dans l'audience. C'est une idée abjecte et contraire à tout ce que je défends. Là où chez Julia Ducourneau - que je n'apprécie pourtant pas plus que ça, cf. ma dernière critique de Titane -, j'arrive à entrevoir le message autour de l'acceptation de la monstruosité, j'ai ce sentiment que chez Ari Aster, tout est fait pour dégueuler sur cette monstruosité. C'est gratuit, c'est laid. C'est bête.
Et même en admettant tout ça, j'aurais éventuellement pu adhérer à Midsommar et Hérédité s'ils avaient proposé un final digne de ce nom. Il aurait suffi que cette escalade de violence et ce crescendo d'effets visuels mènent véritablement à quelque chose. Mais non, bordel, ça ne mène à rien. RIEN. Les deux films se terminent exactement de la même manière, dans un délire de secte et de femmes à poil qui crient autour d'un acte sexuel, et bon sang, que c'est ridicule ! On a droit à chaque fois à un quart d'heure de gros n'importe quoi inutile, moche et sans intérêt. Il n'y a pas d'âme, pas de message, pas de conclusion intéressante. C'est juste du moche, du moche, et du moche, pour que le spectateur ait l'impression d'avoir vu un truc subversif.
Bref, je referme cette parenthèse autour d'Ari Aster et de ces deux films car, très clairement, je ne poursuivrai pas la découverte de ce cinéaste à la sortie de son prochain film, et c'est la dernière fois que je parle de son cinéma sur ce blog. Deux films m'ont suffi pour m'en faire une idée. Les deux ne proposent rien à part un petit élément choc (certes efficace mais... pour quoi faire ?), et se terminent dans la même orgie décidément chiante à regarder. N'hésitez pas à me dire ce que vous pensez de ces films, car je le répète : je ne comprends pas cet engouement.