Et voilà, ça recommence. Faisant suite à mon précédent article sur Underwater, me voici avec un autre film qui me pose question vis-à-vis des oeuvres qu'il cite. Casey Affleck a déjà, depuis de nombreuses années, toute mon admiration. Mais lorsque je lis ses différentes déclarations concernant ses inspirations pour Light of my Life, je ne parviens pas à comprendre pourquoi La route (réalisé par John Hillcoat et adapté du roman de Cormac McCarthy) n'est jamais cité, tant le film lui est similaire en - presque - tous points. Affleck dit avoir eu l'idée de ce film en 2009. La route est sorti en... 2009.
Tags Critique analyse explication du film
Je me pose la question, car les références à La route sont multiples, allant parfois jusqu'à l'outrance ! S'il ne s'agissait que de son scénario étrangement identique (un père et son fils / sa fille essaient de s'en sortir dans un monde post-apocalyptique, gris et mort), ce ne serait finalement pas si dramatique, car il est vrai que si on creuse un peu, on réalise que les deux films abordent deux sujets vraiment différents. Le film de Hillcoat abordait principalement la nature humaine, avec un aspect "zombie" qu'on ne retrouve pas dans Light of my Life. Casey Affleck, pour sa part, se concentre davantage sur le féminisme et j'ai trouvé cet aspect parfaitement bien développé.
Mais alors, si les sujets sont si différents, pourquoi les deux films se ressemblent-ils tant ? On y retrouve les mêmes idées, les mêmes couleurs et lumières (magnifiques par ailleurs), parfois les mêmes plans. Les flashbacks chaleureux pour présenter le souvenir de la mère disparue sont traités exactement de la même manière : par fulgurances, avec émotion. Et même, à un moment donné (suis-je le seul à l'avoir remarquée ?) la même musique... Lorsque j'ai entendu les premières notes de The Road de Nick Cave & Warren Ellis (qu'on peut écouter ici), j'ai commencé à croire que quelque chose clochait. J'ai à peu près tout envisagé, je suis même allé jusqu'à penser que Light of my Life voulait créer une deuxième histoire dans l'univers du roman de McCarthy. Je me suis dit que les deux univers étaient liés et, peut-être, que les deux histoires le seraient aussi. J'ai attendu la révélation jusqu'à la toute fin et cette idée m'aurait énormément plu, par ailleurs. Sauf que non, le dénouement ne va finalement pas dans ce sens, et c'est assez frustrant.
Je résume donc : présence de la même musique, mêmes flashbacks :
Le principe du père qui raconte des histoires à son enfant, avec la même lumière orangée rappelant le feu :
Parfois, des plans très similaires pour mettre en valeur l'aspect désertique et triste du décor, ainsi que des vêtements très proches :
Il y a même, et je n'en parlerai pas en détails pour ne spoiler aucun des deux films, le même traitement d'un personnage secondaire par le père, faisant ponctuellement preuve d'injustice dans un monde devenu injuste.
Et pourtant... je suis obligé d'affirmer que j'ai savouré Light of my life, que je l'ai adoré de bout en bout, même s'il ne fait finalement qu'emprunter à ses prédécesseurs (il y a aussi un arrière-goût des Fils de l'Homme avec cette idée que l'Humanité ne peut plus procréer). Mais tout m'a plu dans ce film, de la beauté des images à l'évolution des personnages, en passant par le regard incroyablement profond de Casey Affleck et les dialogues parfaitement crédibles.
J'en ressors donc enchanté et ému, même si on est à mon goût très loin de l'émotion procurée par le film de John Hillcoat, auquel j'ai préféré l'ambiance extrêmement déprimante et le dénouement très noir. La route était si radical et si destructeur qu'il reste inégalable selon moi et, Casey Affleck aura beau faire tous les efforts du monde, il est très difficile de détrôner le regard triste et magnifique de Viggo Mortensen.
Bref, Light of my life est un très beau film, mais j'ai été frustré de voir qu'il n'était pas à la hauteur de ce que j'en attendais.