Je n'avais pas vu un si beau film d'animation depuis La Tortue Rouge en 2016. Le sommet des dieux m'a passionné du début à la fin, à commencer par son pitch fascinant. L'idée est issue d'un manga de Taniguchi que je n'ai pas lu et qui s'appuie sur un mystère remontant quasiment à un siècle : George Mallory a-t-il été le premier à franchir l'Everest lors de son expédition de 1924, où il a trouvé la mort ?
Le film m'a fait découvrir cette histoire qui reste à ce jour une énigme, et j'ai plongé au coeur de cette aventure avec beaucoup de curiosité. Aujourd'hui, il est unanimement admis que les premiers hommes à avoir gravi la plus haute montagne du monde furent Edmund Hillary et Tenzing Norgay en 1953. Cependant, le doute persiste toujours de nos jours à propos de l'expédition de 1924, car on ne possède aucune preuve que George Mallory ne soit jamais parvenu au sommet avant de trouver la mort. On a retrouvé son corps à 8170m, mais pas son appareil photo, qui pourrait trancher définitivement sur cette folle théorie.
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Le sommet des dieux part du principe qu'un alpiniste, Habu Jôji, a retrouvé le fameux appareil photo, détenant alors la réponse à une question qu'on se pose depuis plus de 90 ans. Un reporter, reconnaissant Habu, part à sa recherche pour éclaircir ce mystère. Le film est donc une fiction basée sur des faits réels et je dois avouer que j'ai ressenti une profonde fascination pour cette histoire.
C'est magnifique, sur la forme comme le fond. Le choix d'en avoir fait un film d'animation est judicieux, car les images amplifient l'aspect réellement vertigineux des montagnes lors des scènes d'alpinisme. On ressent le challenge et la difficulté liés à l'ascension de l'Everest. J'ai partagé avec les personnages leur froid, leur fatigue, leur douleur, et le film parvient véritablement à retranscrire le côté éprouvant d'une telle expédition.
Habu est aussi mystérieux que génial, avec son caractère froid, distant et renfrogné. J'ai adoré la relation existant entre ce personnage et celui de Fukamachi, le journaliste. Le film propose des scènes palpitantes, parfois déchirantes ou même terrifiantes. Je ne veux pas spoiler, mais ceux qui ont vu le film se rappellent sans doute de l'atmosphère flippante de la scène ci-dessous qui apporte une certaine profondeur à Habu.
Les musiques sont sublimes, tout comme les décors et les couleurs qui appuient sans cesse le côté sombre et mystérieux du mont Everest. J'ai adoré apprendre des choses sur la pratique de l'alpinisme et sur l'amas d'obstacles que représente l'ascension d'une telle montagne. Plus le film avance et moins il est bavard, accordant de plus en plus de place à la musique ou aux silences des personnages. Au fil du temps, les personnages s'effacent face au véritable personnage du film : l'Everest lui-même, majestueux, dangereux, impitoyable.
Le thème du défi est également omniprésent et Le sommet des dieux parvient habilement à nous montrer jusqu'où ces alpinistes accros au challenge pourraient aller, repoussant les limites du possible. Il y a cette idée que chaque étape franchie mène à la suivante, créant ainsi une succession sans fin de défis à réaliser. Gravir l'Everest ne suffit pas ; lorsque c'est fait, on peut pousser le bouchon plus loin en le gravissant seul, en hiver, avec un matériel différent, etc.
En bref, je vous conseille d'urgence ce film vertigineux et passionnant. Le sommet des dieux fait partie de ces pépites du cinéma d'animation français, malheureusement trop rares. Il rejoint mon top 300.