Carnets 88 : Chronique du fascisme en temps de paix - Critique

Carnets 88 : Chronique du fascisme en temps de paix - Critique

       Carnets 88 est un documentaire signé Sylvain Yonnet dont les images sont si rares et exceptionnelles qu'il n'est diffusé nulle part. En 2016, le réalisateur a suivi pendant plusieurs mois le youtubeur nationaliste Daniel Conversano et nous fait donc plonger dans le monde de ce militant d'extrême-droite (extrêmement extrême). Dans ce documentaire quasiment inconnu - car clairement impossible à diffuser, il nous présente de manière frontale les propos choquants et racistes de Conversano ainsi que les coulisses de sa vie à travers des images inédites et rares. Nous assistons à des conversations, des échanges d'idées, des meetings ou encore des rencontres avec Jean-Marie Lepen, Dieudonné ou Alain Soral.

Carnets 88 : Chronique du fascisme en temps de paix - Critique

        Je ne m'étendrai pas sur le personnage de Daniel Conversano à proprement parler, ouvertement détestable, haineux et perturbant. De toutes façons, il en est fier et assume pleinement ses théories et ses propos racistes, homophobes, misogynes ou néo-nazis. Il ne sert donc à rien de le dénoncer puisque cela ne ferait que l'alimenter. Pendant les premières minutes, je trouvais complètement fou que Conversano ait accepté que de telles images de lui aient été prises pour en faire un film, mais on comprend rapidement qu'il est si ancré dans son délire que ce documentaire était pour lui presque une aubaine. Sylvain Yonnet, le réalisateur, confie d'ailleurs avoir hésité à faire ce film et on peut le comprendre. Si Carnets 88 est avant tout un constat, il peut s'avérer aussi dangereux qu'un Mein Kampf s'il tombe entre de mauvaises mains. Comme le document signé Hitler, d'ailleurs, Carnets 88 commence par un message d'avertissement concernant les propos choquants voire illégaux qui vont nous être présentés. Je dois moi-même admettre que j'ai hésité avant de faire cette comparaison avec Hitler puisqu'après avoir visionné le documentaire, je sais que Conversano la prendrait comme un compliment.

 

Carnets 88 : Chronique du fascisme en temps de paix - Critique

      Par ailleurs, Carnets 88 ne dénonce pas ouvertement le comportement du militant et le but n'est clairement pas là. Sylvain Yonnet a surtout souhaité montrer les coulisses, l'envers du décor d'une telle radicalisation. Il y a une volonté d'entrer en immersion dans ce monde abject. Certains journalistes l'ont fait par le passé en caméra cachée, mais il y a ici une différence fondamentale : Daniel Conversano sait qu'il est filmé, et ça ne semble pas le déranger le moins du monde. Le documentaire est paralysant car il n'est jamais bruyant. Le personnage aux pensées diaboliques prend la forme d'un homme calme et souriant, ce qui le rend d'autant plus glaçant. La réalisation, quant à elle, est froide et figée. Il y a un souci de ne jamais tenter d'embellir l'image afin de ne conserver quasiment que le texte révoltant. Certaines séquences, comme cette rencontre houleuse avec Alain Soral, arbitrée par Dieudonné, semblent si surréalistes qu'on pourrait croire qu'elles ont été scénarisées.

Carnets 88 : Chronique du fascisme en temps de paix - Critique

       Il est important de visionner ce film car vous y verrez des images que vous ne verrez jamais ailleurs. La question que vous vous posez certainement est : où peut-on le voir ?

 

     Personnellement, j'ai appris l'existence de ce film dans un livre de Victor Bonnefoy (youtubeur cinéma plus connu sous le pseudo Inthepanda). Cherchant à me procurer le documentaire suite au commentaire intrigant figurant dans le livre, je suis tombé sur la page Facebook de Carnets 88, où les gérants de la page indiquent vouloir diffuser le film gratuitement et nous l'envoyer sur simple demande (par mail ou MP). Vous pouvez donc suivre ce lien pour en faire la demande. 

 

 

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article