Pendant les années 30, deux soeurs médiums se produisent à Paris pour montrer leurs dons au grand public. Un homme, intrigué par leurs capacités, voit alors naître une obsession : capturer en images réelles une apparition spectrale pour en faire un long-métrage. Ce film français de 2016, réalisé par Rebecca Zlotowski, démarre merveilleusement bien mais finit par s'embourber dans une accumulation de thèmes confus.
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Le film aurait pu être brillant, merveilleux même. C'est d'ailleurs ce qu'il est pendant les 30 premières minutes avant de retomber comme un soufflé. Je suis extrêmement frustré d'imaginer l'expérience cinématographique qu'aurait pu être Planétarium, surtout lorsqu'on voit le casting qu'il propose. Il n'y a pas à dire : les acteurs sont tous sublimes. Le film est principalement vendu sur le duo Natalie Portman / Lily-Rose Depp qui fonctionne incroyablement bien. Leur belle complicité rend leurs personnages totalement crédibles et attachants, d'autant plus qu'elles parlent français la majorité du temps, ce qui permet de profiter encore plus de leur interprétation. Il y a une réelle alchimie entre les deux actrices qui m'a permis d'entrer dans cette histoire avec une grande facilité. De plus, les deux femmes sont soutenues par des costumes étincelants et colorés, une vraie réussite du film. De manière générale, la photographie de Planétarium est d'ailleurs époustouflante de beauté, tant sur les couleurs que la lumière. La caméra Alexa 65 utilisée sur le tournage a, en effet, été exploitée comme il se doit.
Cependant, l'élément de casting qui m'a le plus saisi est Emmanuel Salinger, envoûtant dès le début. Son regard est hypnotisant et l'acteur est à l'origine des plus belles séquences du film, comme sa première séance de spiritisme avec les deux soeurs médiums. Cette scène m'a happé et m'a fait croire, en quelques secondes, que Planétarium aurait une ampleur et une puissance démesurées.
Malheureusement, après (donc) une première demie-heure brillante, captivante et surtout très prometteuse, le film commence à ne plus tenir ses promesses. Ma déception a été intense et je n'avais pas vécu de tel ascenseur émotionnel depuis longtemps. Si Planétarium avait tenu sa ligne de conduite en nous plongeant dans l'univers du spiritisme, en partageant avec nous le mystère qu'il parvient merveilleusement à instaurer dans sa première partie, je pense que le film aurait figuré parmi mes plus belles découvertes de ces dernières années. Les musiques sont sublimes, certaines scènes semblent venues d'un autre monde tant elles m'ont emporté dans l'univers de ces trois personnages. La séquence ci-dessous, par exemple, est sublime et m'a rappelé la scène "ice dance" d'Edward aux mains d'argent.
Ce revirement de scénario et de thèmes est donc au mieux maladroit, au pire incompréhensible. Alors que je pensais être lancé sur les rails du mystère et du paranormal, je me retrouve subitement devant des états d'âme amoureux ou une critique de l'industrie du cinéma qui n'avaient pas particulièrement lieu d'être. J'aurais tant préféré que le film se concentre sur la relation entre les personnages de Natalie Portman et Lily-Rose Depp et sur leurs dons (inspirés de l'histoire vraie des soeurs Fox), plutôt que de s'égarer dans des histoires de jalousie dont je me foutais complètement. Le personnage de Louis Garrel, notamment, est inutile.
Et puis, pour finir, je n'ai pas trouvé la conclusion du film extrêmement pertinente. Sans trop en dévoiler, j'ai trouvé que l'évolution du personnage d'Emmanuel Salinger n'avait rien à faire dans ce récit et que le film s'engouffrait (une fois de trop) dans un propos qui ne semblait pas prévu au départ. En d'autres termes, je pense que Rebecca Zlotwoski a souhaité aborder trop de thématiques simultanément et que trop de thèmes ont tué le thème.
Planétarium avait donc tout d'un grand film mais s'égare malheureusement, jusqu'à proposer un dénouement qui n'est pas à la hauteur des promesses de la première demie-heure. J'en retiens de très belles séquences (l'apparition du titre est folle), mais c'est dommage.