Encore une fois, cet article va sortir de l'ordinaire, mais il faut absolument que je parle de Bruce Willis sur ce blog. Il a été annoncé, il y a deux jours maintenant, que l'acteur mettait fin à sa carrière à cause de soucis de santé. Depuis deux jours, je me sens triste, dévasté même. Ça vous paraîtra sûrement stupide, mais la nouvelle a été un énorme choc pour moi, et j'ai beaucoup de choses à dire à ce sujet.
Tout d'abord, il faut savoir que j'ai été bercé pendant toute mon enfance par les films de Bruce Willis. Ma mère était une immense fan de l'acteur lorsque j'étais jeune, elle possédait toutes les VHS de ses films, les regardait régulièrement, etc. Du coup, j'ai grandi avec des films comme Piège de cristal, Boires et déboires, Hudson Hawk, L'armée des 12 singes, Code Mercury, Le cinquième élément. Il y a même eu une période où elle s'était achetée l'intégralité des DVD de Clair de lune, la série qui a révélé l'acteur à la fin des années 80. Avec ma soeur, nous nous moquions d'elle parce que les intrigues faisaient un peu "old school", avec cette atmosphère très marquée années 80. Ma mère était à fond dedans, tandis que ma soeur et moi suivions les épisodes de la moitié d'un oeil, en faisant autre chose. On a beaucoup ri à ce propos.
Résultat, à l'approche de mes 20 ans, autour de 2005, je considérais que Bruce Willis était mon acteur préféré. Et ce n'était pas à cause de ma mère, non ; elle avait seulement été l'élément déclencheur de mon amour pour lui. C'est surtout ma découverte émerveillée de Sixième Sens, puis Incassable, qui ont fini de forger mon opinion sur Bruce Willis de manière définitive. Quelle putain de classe, quel putain de regard ! Je ne connais pas un autre acteur capable d'exprimer tant d'émotion dans un regard. Que ce soit la malice, la colère, la tristesse, la compassion, l'amour même, la palette de jeu de Bruce Willis passe essentiellement par ses yeux d'une profondeur démentielle.
Lorsque je rencontre de nouvelles personnes et que j'évoque ma passion pour le cinéma, la même question revient toujours : "ah, et alors c'est quoi, ton film préféré ?". Cette question est si difficile que je n'y réponds jamais. Bordel, j'ai au moins 10, 20 films préférés ! Cependant, je me suis toujours dit que je devrais préparer une réponse toute prête pour cette question et, après plusieurs années de réflexion, à hésiter entre des films comme Mommy, Into the wild, Interstellar, je me suis enfin décidé : mon film préféré est Incassable. Point final. Ce film contient tout : casting, réalisation, scénario, musique. Il est parfait.
Bref. Jusqu'au coeur des années 2010, Bruce Willis a illuminé chacun de ses films de ses apparitions et, lorsque je pense à lui, des centaines d'images et de regards précis envahissent mon esprit et ma mémoire. Puis, ce fut la dégringolade. Depuis une petite dizaine d'années, l'acteur a fait le choix de n'apparaître que ponctuellement dans des Direct to DVD un peu pourris et on l'a alors soupçonné de ne plus tourner que pour le fric. De grands noms du cinéma l'ont critiqué pour ses choix, l'accusant de ne jouer que pour prendre quelques billets. Pour ma part, j'ai toujours refusé de le faire car Bruce Willis restera à jamais indétrônable dans mon coeur. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'à part en 2019 où j'ai parlé ici de Glass, je n'avais pas mentionné Bruce Willis sur le blog depuis 2012. 10 ans sans évoquer l'un de mes acteurs préférés. Vous ne lirez jamais de ma part un commentaire négatif sur cet acteur car il a été à l'origine de mes émotions cinématographiques les plus fortes, et que malgré les films moyens qu'il a tournés ces dernières années, le fait de le voir quelque part dans le paysage cinématographique me rassurait. Je nourrissais l'espoir qu'il revienne au top de sa forme, de son talent. Qu'un réalisateur veuille bien lui offrir cette chance de faire un come-back magistral.
Malheureusement, je ne connaissais pas la vérité derrière ces Direct to DVD et, donc, je suis sous le choc depuis mercredi. J'ai bien vu, lorsque j'ai découvert Glass au cinéma, que quelque chose clochait. Que Bruce Willis était éteint, plus fade que d'habitude. Peu investi. Et maintenant je sais pourquoi : son aphasie l'empêchait tout simplement de faire son métier correctement. Tout avait été mis en oeuvre pour que Bruce Willis tourne le moins de scènes possible (utilisation d'une doublure pour toutes les scènes où le personnage a une cape). J'ai lu qu'une personne était chargée de le suivre afin qu'il ne se perde pas sur les lieux de tournage, qu'un souffleur était présent pour qu'il puisse retenir ses répliques. Je suis donc triste et dévasté, car c'est officiel : Bruce Willis ne reviendra plus avec son humour si particulier, son sourire si charmeur, son regard si expressif.
Hier, j'ai eu envie de réaliser cette petite vidéo. Ce n'est pas grand-chose, comme d'habitude : je fais ces vidéos surtout pour moi-même. Je voulais juste rappeler à quel point le regard de Bruce Willis est démentiel, et quel immense acteur il a été pendant 35 ans.
"Allez, Sebmagic, ne pleure pas en écrivant cet article, c'est ridicule !"
"Mais, c'est trop tard."