Gombo et Pagma vivent dans une yourte en Mongolie-Intérieure avec leurs trois enfants. Alors que lui souhaite un 4e enfant, sa femme est inquiète à cause de la politique de l'enfant unique imposée par la Chine. Lorsque Gombo vient en aide à Sergueï, un camionneur russe, il profite de cette nouvelle rencontre et saute sur l'occasion pour partir en ville se procurer des préservatifs.
Sixième participant de "Gagne un DVD", Urga est un film russe de 1991 qui suit donc cette famille mongole, vivant au coeur des steppes de la Mongolie chinoise. Je remercie @ElBrebiou qui m'a conseillé ce film qui a remporté le Lion d'Or à la Mostra de Venise cette année-là. Sans cette proposition, je n'aurais certainement jamais entendu parler de ce film qui m'a beaucoup plu.
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Le film est assez difficile à se procurer. Si vous souhaitez le découvrir, sachez qu'il est disponible à la location sur La Cinetek pour seulement 2,99€. Même en VOD, cependant, il est compliqué de le voir en très bonne qualité, le site ne proposant qu'un simple 480p (que j'ai dû réduire à 360p parce que la vidéo se bloquait tout le temps alors que j'ai une connexion largement suffisante). Bref, j'ai malheureusement eu l'impression de ne pas savourer les images à leur juste valeur, mais la copie proposée par La Cinetek reste quand même tout à fait correcte (et en VOST, ce qui n'est pas négligeable).
J'ai mis beaucoup de temps à me motiver pour regarder Urga car j'ai eu, ces dernières semaines, constamment l'impression que ce n'était pas le bon moment. J'avais une certaine appréhension, je dois le dire ; peur que le film soit trop lent, trop soporifique. Et puis, aujourd'hui, je me suis enfin décidé à le découvrir dans de bonnes conditions et j'ai été agréablement surpris : mes préjugés ont tous été défaits. Urga est passionnant et aborde des thèmes importants, notamment la confrontation entre les traditions et la modernité dans un pays en plein essor industriel.
J'ai principalement adoré l'humour que le film parvient à instaurer dès le début, à travers notamment le personnage de Sergueï, tellement fatigué au volant de son camion qu'il ne cesse de s'assoupir et de sortir de la route. L'acteur Vladimir Gostioukhine, très démonstratif, m'a beaucoup fait rire, tout comme Bayaertu (Gombo) dont le visage calme et observateur s'oppose directement à celui du camionneur russe.
L'humour passe aussi par diverses scènes assez savoureuses, parfois absurdes, comme cette petite fille jouant de l'accordéon ou le personnage principal essayant un tour de manège pour la première fois. Cependant, l'humour n'est pas au premier plan et il ne fait qu'ajouter un peu de piment à cette histoire, dont l'intérêt repose surtout sur la dualité entre les deux personnages principaux. Urga nous montre effectivement deux univers opposés au sein d'un même pays ; une Mongolie ancrée dans ses traditions face au développement des villes alentours.
Pour marquer cette différence, le film se déroulera donc en deux étapes. Pendant la première partie, c'est Sergueï (le conducteur de camion russe) qui découvre un monde très éloigné du sien : la vie dans une yourte reculée dans les steppes, sans électricité, où le repas du soir sera un mouton tué et dépecé devant ses yeux. Puis, la deuxième partie du film inverse les rôles. C'est alors à Gombo de se rendre en ville, se confrontant alors à une modernité qu'il ne connait pas. La scène de la télévision est incroyable, appuyant cette différence avec d'autant plus d'impact que le spectateur lui-même ressentira une gêne à voir cet objet parasiter la vie de cette famille.
Et puis, Urga est aussi parcouru de magnifiques images et de musiques qui mettent dans une ambiance toute particulière. Les paysages font déjà la moitié du travail, les couleurs choisies apportent une atmosphère très agréable à l'ensemble du film, surtout lorsque des arcs-en-ciel se joignent à l'image. Certaines séquences apportent une belle émotion, notamment lorsque l'un des protagonistes demande à Sergueï s'il se souvient du nom de son arrière-grand-père. Un très beau moment.
Bref, je ne peux que vous conseiller de découvrir Urga, même si - je suis bien obligé de l'admettre ! - il y a peu de chances que je le revoie un jour car sa durée reste quand même un peu longue pour les messages que le film veut faire passer. A moins qu'un jour, par chance, une version de meilleure qualité fasse son apparition, je pense qu'un deuxième visionnage ne m'apportera rien de plus. J'ai néanmoins passé un excellent moment, d'autant que les films ayant lieu dans cette région du globe sont extrêmement rares. Merci encore, donc, @ElBrebiou, pour cette découverte fascinante.