Bon, je ne vais pas perdre une heure à écrire un article sur ce film con comme la Lune. Ce nouveau Roland Emmerich sorti il y a quelques semaines semble pourtant avoir déjà 15 ans. Autour des années 2000-2010, Moonfall aurait encore pu se comprendre, mais il sonne aujourd'hui comme un réchauffé insipide de tous ces blockbusters à l'ancienne que j'apprécie de ne plus voir dans nos salles depuis quelques années.
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Lorsqu'Emmerich avait fait son 2012, explosant la Terre de tous les côtés, j'avais été légèrement séduit malgré l'utilisation abusive de tous les codes du genre. Il y avait un côté sympathique à voir la Terre se faire défoncer, d'autant que l'avalanche d'effets spéciaux était plutôt bluffante il y a 10 ans. Mais je croyais que le cinéaste avait le tour de la question avec cet ultime kiff et, lorsque j'ai vu qu'il revenait avec un nouveau film catastrophe, j'ai naïvement pensé qu'il y aurait du nouveau dans son cinéma, une volonté de parler d'autre chose.
Raté : Moonfall est un condensé de tous ces procédés scénaristiques navrants, usés jusqu'à la corde, vus et revus 10000 fois. Le film n'échappe à aucun cliché et, dès les premières minutes, j'ai su que Moonfall serait plus un film catastrophique qu'un film catastrophe. Les premières images semblent être un copier-coller de l'introduction de Gravity, sauf que l'ambition n'est bien sûr pas du tout la même. Dès que cette première séquence s'achève, le film enchaîne tous les poncifs du genre, et plusieurs détails m'ont énervé au plus haut point. J'ai détesté Moonfall, réellement détesté, et je vais simplement faire ici la liste de tout ce qui m'a excédé pendant plus de deux heures. Et la liste va être longue car absolument TOUT dans ce film m'a gonflé.
Il y a d'abord un problème d'écriture des personnages puisqu'aucun d'entre eux n'a une once de personnalité. J'en ai ras-le-cul, pour être poli, des trames sur fond de drame familial, des pères absents mais qui font quand même de leur mieux pour regagner l'estime de leurs enfants. Ras-le-bol des familles recomposées problématiques où le beau-père est systématiquement un enfoiré plein aux as (parce que, bien sûr, si l'honnête et charismatique héros de l'histoire s'est séparé de sa femme, c'est toujours au profit d'un autre homme plus riche et plus autoritaire). Marre du personnage féminin symbole de la "femme forte et indépendante", qui ne peut se faire respecter qu'avec du dédain ou un ton désagréable en permanence. Patrick Wilson et Halle Berry incarnent des personnages sans consistance, le summum du vide. Ils n'ont aucune émotion, aucun passé, ce sont des coquilles vides qui ne font que déclamer leurs répliques. Impossible pour ces deux comédiens (par ailleurs talentueux habituellement) de proposer quelque chose d'intéressant pour leurs personnages lorsqu'on voit avec quelle rapidité ils ont dû être écrits (pas plus de 10 minutes, probablement).
Ras-le-cul, également, du personnage "rigolo parce que gros" incarné ici par John Bradley-West, un peu fou et maladroit, que tout le monde méprise en continu sans AUCUNE raison. La première heure du film ne consiste qu'à se foutre de sa gueule, car même les personnages qui ne le connaissent pas passent leur temps à le dédaigner et le regarder comme s'il était une bête gluante et repoussante. Il a du mal à mettre son pantalon, ça fait hausser les sourcils de la femme militaire qui vient de le réveiller. Plus tard, il s'essuiera les mains sur son pantalon avant de la tendre à Halle Berry, parce qu'il transpire visiblement beaucoup. Main que le personnage de Halle Berry refusera de serrer parce que, apparemment, le gros qui fait des blagues ne mérite aucun respect. En 2022, je ne comprends pas comment on peut encore écrire des personnages aussi merdiques. C'est balourd, c'est pénible, c'est un réchauffé écervelé. Sans compter sur l'évolution du personnage complètement conne. Je suis sûr que John Bradley-West est capable de jouer autre chose que du Game of Thrones, et je suis sûr que les spectateurs ne sont pas débiles au point de vouloir constamment le revoir dans ce rôle.
Parlons maintenant des dialogues et des choix scénaristiques. Ras-le-cul de ces personnages qui parlent pour ne rien dire, comme pour expliquer au spectateur des choses qu'il ne pourrait pas comprendre seul. J'en ai marre d'être pris pour un con à ce point et, là, on atteint une sorte de paroxysme de débilité. Je n'ai pas noté toutes les répliques ineptes du film car j'ai quand même autre chose à foutre, mais c'est navrant. C'est, par exemple, lorsque la navette part en lambeaux, perd un réacteur, que tout l'espoir repose sur sa trajectoire, que Patrick Wilson prononce la phrase : "Si ça marche pas, on est morts..." et que Halle Berry lui répond "ça a intérêt à marcher !!". Putain de merde, oui, c'est vraiment ça, le niveau des dialogues. Un peu plus tard, le personnage d'Halle Berry se retrouve face à la navette complètement déglinguée, puisqu'elle s'est crashée et que son état d'épave est clairement montré à l'écran. Son personnage fait alors une sacrée remarque :
Merci, franchement. Heureusement que le personnage est là pour me souligner l'état de la situation. En matière de répliques, j'ai arrêté de compter les conneries au bout de 30 minutes tellement ça m'exaspérait. La palme quand même à cette réplique incroyable, prononcée par un expert de la NASA : "une technologie avec des années-lumière d'avance"... C'est pas comme si ça faisait déjà 40 ans qu'on se fout de la gueule des films qui font cette erreur, qui décrédibilise instantanément les personnages qui la commettent.
Ras-le-cul aussi des révélations à la Dr House, où les personnages ont des idées miraculeuses parce qu'elles ont été soufflées par un autre personnage considéré moins intelligent. C'est une astuce de scénario complètement nase qui permet au film d'avancer lorsqu'on ne sait pas comment le faire avancer. Moonfall utilise cette affreuse technique trois fois et je soupirais déjà à la première. La première fois, c'est un chien qui pisse sur une page de journal, page montrant évidemment ce dont le personnage a besoin. La deuxième fois, c'est une personne âgée atteinte d'Alzheimer qui donne une idée à son fils en racontant n'importe quoi. Lorsque le fils lui demande de répéter (pour bien que le spectateur comprenne que la remarque de la vieille était cruciale), celle-ci a les yeux dans le vague puis réplique : "Oh, bonjour ! Qui êtes-vous ?". Mais C'EST UNE BLAGUE ? C'est quoi, encore, cette manière merdique de présenter les personnes atteintes d'Alzheimer ? On est vraiment dans la blague du poisson rouge, vraiment ? Quelle catastrophe, putain. Et la troisième fois, c'est le fils du personnage d'Halle Berry qui lui donne une solution par l'intermédiaire d'une question idiote.
Je ne parle même pas des militaires clichés et complètement crétins à la Cinquième Elément, qui ont une bombe nucléaire à la place du cerveau. C'est risible, c'est grotesque, c'est du vide. Un néant total. Des personnages fades et sans personnalité. Les plus crétins se sacrifient, les héros survivent pour retrouver leurs gosses. C'est con, merde, que c'est con.
A part quelques prises de vue relativement jolies, j'ai trouvé globalement les effets spéciaux dégueulasses, à la hauteur de 2012. Sauf que 10 ans ont passé. De l'exagération constante, à peine crédible, une succession de coïncidences rocambolesques qui font lever les yeux au ciel tant c'est ridicule. J'ai donc fini par me poser une question : quel est le but de Moonfall ? Quel intérêt peut-on trouver à ce film, si ce n'est (admettons) une certaine nostalgie pour les blockbusters débiles ? Eh bien, j'ai cru à un sursaut d'intérêt scénaristique à la fin du film, mais je me suis complètement planté. Moonfall, en plus d'être complètement con, mal écrit et mal interprété, s'offre le luxe de valider l'une des théories du complot les plus connes ayant jamais existé : la théorie de la Lune creuse. Le film, sans honte, admet tout simplement que les tarés qui ont imaginé cette théorie ont raison, que la Lune n'est pas vraiment un satellite naturel et que les personnages dotés d'un minimum de bon sens ou de connaissances scientifiques se plantent de A à Z. Non, ce sont les délires des conspirationnistes qui sont valides (conspirationnistes qui, eux aussi, sont des clichés ambulants). On assiste alors à l'un des dénouements les plus mal ficelés de ces 30 dernières années, et ceci a fini de me sidérer. Roland Emmerich (ou qui que soit la personne qui a écrit ce film) montre une fois de plus qu'il ne sait pas écrire, tant la résolution finale est d'une trivialité enfantine.
Comment expliquer aux spectateurs ce qu'il se trame depuis le début ? Oh, c'est bien simple : on va dire que le personnage principal se retrouve face à une entité supérieure qui va lui raconter absolument toute la genèse de cette histoire. Et on y va avec de gros sabots, hein, à coups de "il y a très très longtemps...". Et comment va-t-on pouvoir montrer au spectateur toutes ces choses qui nous sont racontées ? Oh, c'est simple là aussi : on va dire que le personnage se retrouve face à des écrans imaginaires qui lui montrent en images tout ce qui est dit ! Putain, merde, c'est vraiment débile, je n'en peux plus. Moonfall est une horreur sans nom, sur tous les plans.
Allez, je m'arrête là-dessus, tiens.