Oui, cette image de Natalie Portman observant la Terre depuis l'espace avec émotion est magnifique. Malheureusement, c'est à peu près la seule image que j'aurais à retenir de ce film de 95 minutes tant il présente peu d'intérêt. C'est dommage car, si les 5 premières minutes de Lucy in the sky sont assez saisissantes, les 90 minutes suivantes ne tiennent pas la route.
Je me réjouissais pourtant de voir Natalie Portman dans un film spatial et, je ne sais pas pourquoi, je nourrissais l'espoir d'y trouver un ton différent de toutes les aventures intergalactiques que le cinéma nous sert depuis 20 ans. J'attendais une atmosphère intimiste semblable à Another Earth, dans lequel le voyage spatial reste une simple toile de fond pour servir un propos plus psychologique. Lucy in the sky s'essaye à l'exercice mais se plante à mon goût totalement.
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Le film s'inspire de l'histoire de Lisa Nowak, une astronaute qui a pété un plomb suite à son retour de vol spatial en juillet 2006. Je ne connais pas les détails de l'histoire mais, si l'ensemble des faits relatés sont exacts, le film ne fait absolument aucun effort pour entrer en compassion avec son personnage principal. J'espère que Lisa Nowak n'a pas jeté un coup d'œil au film car, mis à part quelques scènes où on tente de nous expliquer le mal-être existentiel que traverse Lucy, elle nous est présentée comme une garce complètement folle. Natalie Portman excelle dans ce registre mais, malheureusement, un peu trop à mon goût. Elle incarne si bien cette folie toxique qu'il ne reste finalement plus beaucoup d'éléments pour que le spectateur se mette à sa place. Impossible, donc, de s'attacher à Lucy.
De toutes façons, même en admettant qu'on puisse compatir pour le personnage, j'ai trouvé le film complètement raté sur la forme, et notamment sur le cadrage. L'idée de changer de format est plutôt bonne. Si je ne me trompe pas, on a un format standard en début de film, lorsque Lucy profite de ses derniers moments dans l'espace. A son retour sur Terre, le cadre se resserre et Noah Hawley passe en format 4/3 pour accentuer la sensation d'oppression du personnage. Ce choix est logique, même s'il n'est pas sans rappeler Mommy puisque cet artifice génial a déjà été utilisé par Xavier Dolan en 2014. Le problème, c'est que contrairement à Dolan qui parvenait à jongler avec les formats de manière pertinente et ultra-cohérente, Hawley fait absolument n'importe quoi. Pendant plus d'une heure, on a droit à des changements de format qui débarquent sans logique, passant en cinémascope pour écraser l'image verticalement (on ne sait pas pourquoi !), puis revenant en 4:3 pour la resserrer horizontalement, puis en la ramenant à mi-chemin en format standard et tout ça n'a aucune putain de logique. C'est simple : on a le sentiment que le réalisateur fait mumuse avec les cadres sans réellement comprendre pourquoi il le fait.
Je passe sur les tentatives d'originalité qui rendent le film confondant de ridicule, comme ce moment ci-dessus où le cadre se déplace (oui oui, se déplace !) sur l'image, allant totalement à gauche puis totalement à droite pour bien suivre le personnage, annihilant de ce fait tout l'effet "comprimé" que le 4:3 était censé apporter. C'est un grand n'importe quoi et le procédé est tout sauf intelligent. Lucy in the sky échoue donc sur le plan émotionnel (le personnage principal est détestable) et sur le plan visuel, mais il échoue aussi d'un point de vue scénaristique. En effet, le film ne délivre aucun message particulier, si ce n'est que les astronautes peuvent subir des répercussions psychologiques en revenant sur Terre. Super. L'intrigue amoureuse, quant à elle, est désamorcée par l'absence totale de sentiments entre les protagonistes (lui est coureur de jupons, elle n'est jalouse qu'à cause de sa démence). Quelle perte de temps !
Par contre, je dois bien l'admettre, certains plans sont magnifiques. De temps en temps, la caméra de Noah Hawley se met à naviguer pour suivre ses personnages et on a droit à des séquences fluides et de toute beauté. On peut saluer aussi quelques effets à la Terrence Malick avec des plans extérieurs superbes ou, également, des prises de vue en plans zénithaux très bien sentis. Oh, et il y a aussi une séquence très originale pour faire la transition entre une maison et un hôpital (je n'en dis pas plus) sur la musique "Lucy in the sky", j'ai beaucoup apprécié cette tentative cinématographique.
En bref, même si Natalie Portman brille comme toujours et que le film tente quand même de très belles prises de vue, ou des plans-séquences parfois travaillés, je ne conseille pas ce film aux cadrages foireux, et très long pour ce qu'il veut souligner.