Cobra Kai - Saison 4

Cobra Kai - Saison 4

     Oui, je sais, j'ai tout enchaîné en 11 jours... A présent que j'ai terminé les quatre saisons de Cobra Kai, voici un petit article pour expliquer pourquoi je suis à la fois déçu et excité par cette série. Attention, spoilers sur l'intégralité des 4 saisons.

 

Pourquoi je n'aime pas Cobra Kai...

Cobra Kai - Saison 4

     En dehors des personnages issus des films d'origine, je dois dire que j'ai beaucoup de mal à apprécier tous les nouveaux personnages de cet univers, à deux exceptions près. Cobra Kai a souhaité perpétuer l'idée de Karate Kid, qui était de montrer à quel point un professeur (de karaté) peut influencer le comportement et le caractère de jeunes élèves. Tout le discours du film de 1984 résidait dans cette opposition Miyagi / Kreese, qui montrait que le karaté peut être utilisé à bon ou à mauvais escient selon la manière dont il nous est enseigné. La première saison de Cobra Kai reprenait ce principe merveilleusement bien, avec l'intelligence d'inclure Daniel et, surtout, Johnny dans ce processus de maturité puisque chacun continue 30 ans plus tard de tirer des leçons de son passé. 

 

     Le problème, c'est que la nouvelle génération de jeunes ne tient pas la route et sont, pour la plupart, vraiment très chiants au fur et à mesure des visionnages. Que ce soit Miguel comme Sam, ou encore Robby et Eli, tous passent leur temps à tirer les mêmes tronches et offrent une diversité de jeu très limitée. Miguel est toujours le garçon faussement mature qui ferme à moitié les yeux dans un air de lassitude, Sam demeure la fille à papa, niaise avec ses yeux en forme de sourire. Robby n'a quant à lui que deux expressions : les sourcils froncés pour montrer qu'il est un dur, ou le petit sourire en coin tout mignon qui, après 4 saisons, me tape sur le système. Bref, les nouveaux personnages sont chiants et, malheureusement, ils sont au centre de plus de la moitié des scènes de la série.

 

     Qui plus est, la série a un côté un peu cheap à cause de son écriture qui est, à mon goût, un problème majeur. Cobra Kai tente de nous vendre des pseudo-retournements de situations qu'on voit malheureusement toujours venir à l'avance et je trouve que quelque chose ne fonctionne pas. Je ne vais rien spoiler, mais il n'est pas difficile de savoir à l'avance ce qu'il va se passer à la fin de chaque épisode car absolument tous les événements importants sont teasés à l'avance par des discussions peu subtiles ou des apparitions de personnages à la limite de l'incohérence (on a le coup classique du personnage qui - on ne sait pas comment - se retrouve caché au bon endroit pour écouter une conversation). Les scènes et les affrontements sont donc quasiment toujours hyper téléphonés et ça gâche clairement le plaisir. Je n'ai en effet pas eu un seul moment de grande surprise, tant la construction de chaque épisode s'entrevoit à des kilomètres.

 

     La série donne l'impression constante d'être dans une économie de moyens, à chaque instant. C'est d'ailleurs probablement le cas, puisque les épisodes dépassent rarement les 25-30 minutes et que chaque scène est simplifiée à l'extrême pour avoir "le truc" qui permet de faire avancer l'histoire. Il y a donc peu de temps consacré à nous offrir des surprises ou à s'évader de l'intrigue principale. Par ailleurs, je pense qu'il y a un problème de communication sur la série qui est vendue comme une comédie et, donc, est construite comme telle avec des transitions d'une lourdeur abyssale. C'est curieux, car je ne pense pas que Cobra Kai soit à prendre comme une série comique malgré l'aspect humoristique évident de Johnny Lawrence. Je pense qu'elle a des enseignements plus intéressants à proposer. Quoiqu'il en soit, je pense que la série bénéficie d'un budget moindre et ça se ressent dans l'enchaînement simpliste des situations. De plus, les seules fois où la série ose s'écarter du thème principal (la rivalité dans le karaté), c'est pour raconter des histoires d'amour adolescentes à deux balles, dont tout le monde se fiche éperdument tant les gamins sont tous des stéréotypes sur pattes - lorsqu'ils ne sont pas de simples têtes à claques.

 

    Pour finir avec les défauts, je trouve que Cobra Kai ne permet pas de retrouver "l'esprit Miyagi". Daniel essaye tant bien que mal d'inculquer les valeurs de son sensei tout au long de la série, mais il le fait finalement de manière peu convaincante et je regrette l'accumulation évidente de scènes de combat. On a l'impression que les ados de ce lycée n'ont rien dans le cerveau et sont parfaitement incapables de discuter. Leur seul moyen d'expression est la colère, la rancœur et la bagarre ; même la fille de Daniel pourtant présentée comme fragile et douce à la base. C'est extrêmement lassant de voir à quel point ils ne progressent jamais, même après 40 épisodes. Quand on regarde Cobra Kai, on pourrait finalement penser que le karaté rend tous les gentils gamins agressifs, violents et colériques, même lorsque le prof a de bonnes valeurs à apporter. Chaque altercation finit en baston générale et ça m'a gonflé profondément (exception faite des bastons filmées en plan-séquence, notamment celle dans le lycée qui est absolument dingue). Au bout d'un moment, ça en devient même risible lorsqu'on imagine qu'une simple conversation de 10 minutes résoudrait probablement la majorité de leurs problèmes relationnels. 

 

    Malgré tous ces défauts, cependant, Cobra Kai a des qualités...

 

Pourquoi j'aime Cobra Kai...

Cobra Kai - Saison 4

      Il est évident que Cobra Kai me plait sous bien des aspects, sinon je ne me serais pas tapé les 40 épisodes en moins de deux semaines. Selon moi, la force de la série tient grâce à Karate Kid et il y a fort à parier que, si Cobra Kai avait été une série originale sans lien avec le film de 1984, je l'aurais abandonnée depuis longtemps. 

 

     Contrairement à toutes les intrigues débiles de tous ces adolescents sans charisme (à l'exception, sans doute, de Eli et Tory qui me semblent à moitié fascinants), les scènes centrées sur Johnny Lawrence, Daniel LaRusso et John Kreese me passionnent. Je dois dire, d'abord, que l'idée de faire de Johnny Lawrence le personnage principal est un coup de génie, permettant ainsi de montrer l'envers du décor de Karate Kid de manière intéressante. Le jeu de William Zabka, d'ailleurs, est infiniment plus passionnant que celui de Ralph Macchio qui peine à changer de registre... La série parvient à faire de jolis parallèles entre les gamins du film de 1984 et ce qu'ils sont devenus 30 ans plus tard. Là, c'est principalement la nostalgie qui parle, car certains aspects de Johnny ou Daniel, notamment leurs réactions prévisibles, commencent quand même à me lasser.

 

     Cependant, il y a un vrai travail de continuité entre les deux temporalités, que j'admire. Un soin particulier est apporté pour réintégrer les lieux et les personnages déjà existants de cet univers et je n'ai pas pu m'empêcher de jubiler en voyant revenir John Kreese, Ali Mills, Kumiko, Chozen ou même la mère de Daniel. Ils permettent de contrebalancer d'autres nouveaux personnages réellement sans intérêt comme la mère de Miguel (quelle horreur, ce personnage) ou encore Kyler, totalement insupportable. Mention tout de même à Courtney Henggeler qui incarne Amanda LaRusso, cette actrice est magnifique et elle apporte une incroyable personnalité à la femme de Daniel.

 

     Scénaristiquement, et même si la plupart des intrigues lycéennes me cassent les couilles car elles respectent de moins en moins le message de base de Karate Kid au fil des saisons, de nombreux rebondissements sont en lien avec cette nostalgie des années 80. Je me suis demandé, à un moment, si Cobra Kai s'adressait finalement aux jeunes d'aujourd'hui ou aux plus anciens qui, comme moi, sont fans du matériau de base. Après réflexion, je pense que la série parvient à jongler habilement entre les deux univers et c'est plutôt un tour de force, mais je pense que la balance penche plus du côté de la nostalgie Karate Kid que du côté du "renouveau". Les racines de Cobra Kai sont les mêmes que celles du film de 1984, que ce soit dans la musique comme les flashbacks ou les cliffhangers, ces derniers étant quasiment tous basés sur le retour d'anciens personnages. C'est donc plutôt rassurant pour les saisons à venir.

 

     Bref. Cobra Kai titille donc mes émotions de fan de Karate Kid même si la série m'apparaît beaucoup trop simplifiée, prévisible voire niaise par moments. J'espère que la série va continuer dans la voie qu'elle a commencé à tracer dans la saison 4 car, je dois le dire, la saison 3 m'a beaucoup déçu dans ses répétitions et ses retournements de situations à deux balles (les personnages sont des girouettes qui changent d'avis et de clan pour un oui ou pour un non, ça n'a aucun sens !). J'ai beaucoup apprécié les derniers épisodes de la saison 4 et notamment ce rapprochement tant attendu (mais forcément cool) entre Johnny et Daniel. Si la saison 5 est enfin synonyme d'une vraie coalition Miyagi / Aigles pour vaincre Cobra Kai, je serai comblé. De même, je suis ravi de voir Eli rejoindre enfin le camp du bien. Le personnage avait beau être badass en antagoniste principal des saisons 2 et 3, il était temps que ça s'arrête et qu'il revienne dans le droit chemin. Je n'aime pas faire de prédictions, mais j'espère qu'une amitié pourra également se lier entre Sam et Tory, afin que cette dernière puisse montrer la part d'honneur qu'on décèle chez elle et, accessoirement, dérider le côté fille à papa insupportable de Samantha LaRusso.

 

     J'ai hâte de voir la saison 5, même si une petite pause avant son arrivée me fera sans doute le plus grand bien.

 

 

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article