Je poursuis ma découverte de la filmographie de cette actrice fascinante avec quelques films plutôt sympathiques qui ont tous leurs qualités et leurs défauts. Rien de mémorable, donc, malgré quelques séquences ou ambiances très intéressantes.
L'autre rive (David Gordon Green - 2004)
Un film qui se laisse regarder, notamment pour son atmosphère poisseuse souvent caractéristique du sud des Etats-Unis. L'autre rive suit deux frères vivant avec leur père dans l'état de Géorgie, jusqu'au jour où leur oncle surgit dans leur vie après avoir purgé une peine de prison, pour réclamer son héritage familial. Si le film est loin d'être parfait et frôle parfois l'ennui (la faute à des personnages peu intéressants), l'histoire prend place dans un milieu aride et sale qui n'est pas sans rappeler des films comme Gilbert Grape pour la relation fraternelle entre deux jeunes un peu paumés, ou encore Shotgun Stories pour les règlements de compte familiaux. Le film évoque les relations fraternelles sous deux aspects radicalement opposés et offre quelques moments de poésie intéressants. Malheureusement, il échoue à mettre en place une quelconque tension et j'ai eu beaucoup de mal à m'investir dans cette histoire. Je l'aurai oublié dans un mois.
Still Alice (Richard Glatzer & Wash Westmoreland - 2014)
Still Alice est un joli drame sur la maladie d'Alzheimer précoce, étonnamment réussi lorsqu'on se penche sur les contraintes de tournage. Premièrement, le réalisateur Richard Glatzer (malheureusement décédé en 2015) était lui-même atteint d'une maladie qui l'empêchait de parler et devait donc communiquer avec l'équipe du film par l'intermédiaire d'une tablette. Deuxièmement, le tournage n'a duré que 23 jours en raison de l'emploi du temps chargé de Julianne Moore à l'époque (demandée sur le tournage de Hunger Games). Néanmoins, ces 3 semaines de tournage ont donné lieu à un film plus qu'honnête et aura d'ailleurs valu à Julianne Moore le Golden Globe & l'Oscar de la meilleure actrice pour le rôle d'Alice.
Le film est relativement conventionnel dans sa forme, et c'est malheureusement un défaut majeur puisqu'absolument rien d'intéressant n'est tenté d'un point de vue de la réalisation. En effet, mis à part quelques séquences qui jouent sur le flou de l'arrière-plan pour symboliser les pertes de mémoire d'Alice, la mise en scène n'est pas très recherchée. Elle donne l'impression d'avancer étapes par étapes, de façon linéaire, sans essayer de nous perdre dans les méandres du cerveau du personnage. C'est dommage, car le point de vue du film demeure totalement extérieur à Alice, le spectateur restant finalement spectateur. Il n'en demeure pas moins que le casting est incroyable et que Julianne Moore mérite amplement sa récompense. Kristen Stewart est également parfaite pour le rôle, toujours douce et subtile, même si j'aurais apprécié que le rapport mère-fille soit bien plus développé. J'ai souhaité à plusieurs reprises que le film emprunte cette voie de manière plus approfondie, montrant alors que la fille dont Alice est la moins proche s'avérerait finalement la plus adaptée pour l'aider dans sa maladie. Malheureusement, le film ne prend jamais ce chemin qui aurait pu être passionnant, à la fois scénaristiquement et émotionnellement. Au final, Still Alice ne nous implique pas sur le plan de l'émotion et nous laisse étrangement en-dehors. Honnête, donc, mais légèrement passe-partout.
The Runaways (Floria Sigismondi - 2010)
Là encore, on a affaire à un film qui se laisse regarder, mais qui vaut plus pour la performance des acteurs que pour ce qu'il a à raconter. The Runaways est un film biographique sur la naissance du groupe de rock féminin du même nom, et je dois dire que je ne comprends pas la nécessité de relater cette histoire tout à fait banale. Je n'avais jamais entendu parler de ce groupe et, maintenant que j'ai vu le film, je ne vois pas l'intérêt d'en avoir entendu parler. Cette intrigue ne propose pas de point de vue particulier, sinon celui de vouloir montrer les dangers du monde du showbiz sur des adolescentes.
S'il n'y avait pas eu ce casting mémorable pour me tenir éveillé, j'aurais déjà oublié ce film sans réelle saveur et sans réels enjeux dramatiques. Dakota Fanning crève l'écran à chaque scène, son interprétation est folle. J'ai également été ravi de retrouver Michael Shannon, acteur que j'adore depuis Take Shelter en 2011. Je ne comprends pas, d'ailleurs, pourquoi ce mec est désespérément cantonné à des seconds rôles. Kristen Stewart, quant à elle, offre une performance assez peu crédible à mon goût. Même si elle donne tout, j'ai eu beaucoup de mal à croire à son personnage et son air faussement ravagé qui ne marche pas très bien, à la limite du ridicule parfois. Cependant, je ne connais pas du tout Joan Jett et il est possible que cet aspect forcé du personnage colle à la réalité.
Du point de vue de la réalisation, l'ensemble du film est d'une platitude extrême et il y a peu d'idées de mise en scène. Les scènes sont assez plan-plan, notamment les séquences musicales complètement "osef". Le seul intérêt de The Runaways, selon moi, c'est cette occasion parfaite pour Kristen Stewart en 2010 de pouvoir se détacher de son rôle de Bella Swan dans Twilight, avec un rôle plus trash. Cependant, l'actrice s'avérera beaucoup plus grandiose et subtile dans la suite de sa carrière.
Les messagers (Les frères Pang - 2007)
Les Frères Pang, surtout connus pour avoir réalisé la saga The Eye, proposent en 2007 le film d'horreur "The Messengers" avec Kristen Stewart dans le rôle principal, mais aussi Dylan McDermott qu'on retrouvera quelques années plus tard dans une atmosphère similaire avec la saison 1 de American Horror Story. Tous les clichés du film d'horreur sont présents ici, allant de la vieille maison de bois au plancher grinçant et coupée du monde au démon sadique qui s'attaque uniquement à l'adolescente rebelle de la famille.
Cependant, j'ai adoré l'ambiance du film avec quelques séquences très efficaces, offrant parfois une belle tension. L'un des passages, notamment, où la jeune fille porte son petit frère et que celui-ci pointe du doigt la menace, est très bien dosée en terme de suspense. Il est juste dommage que le film tombe parfois dans des représentations assez ridicules et cheap de l'entité malfaisante... Celle-ci prend souvent la forme d'un petit monstre qui court au plafond et c'est visuellement assez moche. De même, le scénario est bidon et a déjà été vu des dizaines de fois ; l'horreur découlant encore d'un drame familial à deux balles, qu'on voit venir à des kilomètres dès l'apparition forfuite de l'un des personnages du film.
J'en garderai tout de même un bon souvenir, notamment pour Kristen Stewart qui délivre une interprétation très convaincante, mais aussi pour certains partis pris très intéressants. En effet, si on oublie tous les clichés du genre, que The Messengers utilise allègrement, l'idée de tourner la majorité des scènes d'horreur en plein jour est assez innovante pour l'époque. J'ai été assez surpris de voir que certaines scènes baignant pourtant dans une atmosphère chaleureuse (un champ de tournesols) soient parvenues à me filer quelques frissons. Quelques bonnes idées, donc, même si le film est loin d'être inoubliable.