Archive - de Gavin Rothery - Critique

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      George Almore travaille seul dans une zone isolée, créée pour concevoir des robots. Après avoir mis au point deux prototypes de plus en plus évolués, il est sur le point de créer une IA à l'image de sa femme décédée. Le pitch est passionnant, n'est-ce pas ? Ne vous y trompez pas, le film est raté et passe à côté de tout ce qui aurait pu en faire le sel. J'en ai marre.

Tags Critique analyse explication du film

Archive - de Gavin Rothery - Critique

       En lisant le synopsis, j'avais des attentes folles sur ce film. Je voyais déjà des scènes d'une intense puissance : des retrouvailles entre un homme et sa femme disparue, ce n'est pas rien bordel ! J'imaginais une vive émotion du côté de l'homme endeuillé, mais aussi de la femme qui reviendrait à la vie pour retrouver son être aimé. J'espérais des questionnements existentiels et profonds sur la vie, la mort, la vie après la mort. Je fantasmais des séquences d'une intimité démesurée, des moments sans musique où seuls les regards des comédiens auraient permis de transmettre ce que des mots ne peuvent pas expliquer. Oui, j'ai rêvé de tout ça lorsque j'ai lancé Archive de Gavin Rothery. Et je n'en ai pas eu la moindre goutte.

 

      A la place, on se tape un film froid, interminable et sans intérêt sur l'histoire d'un type qui passe ses journées à développer une intelligence artificielle à l'image de sa femme, constamment embêté par ses supérieurs qui ont des doutes sur ce qu'il manigance et qui préfèreraient qu'il sécurise le système de la zone. Pour commencer, on a droit à une heure entière de scènes merdiques où le gars va réparer divers appareils dans la nature, où il discute avec des humanoïdes de choses dont le spectateur se fout. Pire que tout : on n'a pas droit à UN SEUL moment de silence (malgré le paysage qui s'y prêtait drôlement bien), puisqu'une musique horrible et incessante nous accompagne dans chaque scène. Le genre de musiques d'ascenseur qui ne sont là que pour imposer une fausse ambiance parce qu'on a peur que le spectateur se fasse chier. Bref, au bout d'une heure, enfin, l'intelligence artificielle prend vie, prend forme, et... rien. Le mec s'en branle, il lui parle mal (comme à une machine), ne se soucie pas de ses émotions ni de son évolution et, pire que tout, on apprend via quelques flashbacks qu'il n'est qu'un connard égocentrique.

 

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      Theo James, qui joue le rôle principal, est absolument horrible, il joue comme une patate et ne parvient à générer aucune forme d'émotion alors que son personnage est censé vivre le deuil le plus insupportable de sa vie. On a bien parfois une larme qui coule, mais l'acteur est si froid et si peu investi qu'on n'a aucune forme d'empathie pour le personnage. On finit même par le détester complètement et c'est l'un des deux robots (J2) qui finira par nous émouvoir davantage.

 

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      Le casting est d'ailleurs absolument nase, que ce soit Peter Ferdinando (ci-dessus) qui est présent quelques minutes pour une scène de dialogue complètement débile et inutile que le mec ne parvient jamais à rendre crédible une seconde. Les personnages qui sont opposés à George, de toutes façons, ne savent faire qu'une chose : rire faussement à gorge déployée de façon ridicule, comme les méchants des films à l'ancienne. C'est grotesque, vraiment grotesque. Le seul élément de casting qui parvient à offrir quelque chose dans ce film - et bon sang, heureusement qu'elle est là, merci - est Stacy Martin, qui est réellement parfaite dans ses deux rôles : celui de Julie et de son alter ego mécanique. L'actrice est pétillante, fascinante même, elle sauve le film d'une catastrophe terrible. Malheureusement, on la voit si peu qu'on se dit que c'est presque fait exprès, pour ne pas mettre en avant les actrices qui ont du talent.

 

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      On apprendra seulement à la fin du film les raisons de ces choix scénaristiques débiles : il fallait construire une histoire compatible avec un pseudo-twist final qui fait un vrai flop. J'aurais 1000 fois préféré une histoire d'amour sensible, poignante et frissonnante sans twist, que cette succession de scènes froides inutiles qui ne sont là que pour aboutir à une révélation dont on se serait passés. Une fois le film terminé, d'ailleurs, on a l'impression que c'est comme ça que le film a été créé : en trouvant d'abord l'idée d'un twist jamais fait auparavant, puis en inventant une histoire chiante permettant de le justifier.

 

      Inutile de dire qu'aucun autre visionnage n'est nécessaire car, une fois la conclusion arrivée, on se tape totalement de tout ce qui a pu la précéder, rendant alors un second visionnage encore plus nase que le précédent. Gavin Rothery, dont c'est le premier film, ne semble clairement pas fait pour ça et je pense qu'il aurait mieux fait de rester dans le domaine qui l'a fait connaître, puisqu'il a d'abord été concepteur graphique sur l'excellent Moon de Duncan Jones en 2009. Moon est autrement plus intelligent, mieux interprété, mieux mis en scène et surtout, mieux scénarisé.

 

      Mis à part cette inspiration directe qui se ressent dans Archive, puisque les décors et robots du film font immédiatement penser à ceux de Moon, Gavin Rothery a aussi puisé ses influences dans Blade Runner puisque l'une des séquences prend place dans un Japon futuriste et coloré au néon, qui fait penser au chef d'œuvre de Ridley Scott. Seulement, la référence est purement gratuite et on est même en droit de se demander ce qu'elle fout là, au milieu de cette histoire sans queue ni tête.

 

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      Bref, vous l'aurez compris, je vous déconseille Archive, film d'anticipation qui n'a d'intérêt que les brèves apparitions éblouissantes et captivantes de Stacy Martin. Il y a cependant une chose de positive : Archive sera sans doute le déclic qui va me pousser à creuser la filmographie de cette comédienne, chose que je souhaite faire depuis La proie d'une ombre.

 

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