The Lodge - de Veronika Franz et Severin Fiala

The Lodge - de Veronika Franz et Severin Fiala

      Film sorti en 2019 directement en VOD / DVD, The Lodge est passé totalement inaperçu et, à en voir les différentes critiques, il a été peu apprécié. Pour ma part, c'est l'un mes meilleurs films d'horreur de ces dernières années. Le pitch : traumatisés par la disparition de leur mère, deux enfants partent quelques jours dans le chalet de leur père en compagnie de leur belle-mère, en pleine montagne. Des événements surnaturels commencent alors à faire leur apparition.

 

      Le genre de l'horreur est probablement celui qui divise le plus les spectateurs et je ne connais aucun film d'épouvante qui mette tout le monde d'accord (à part peut-être Shining car il réunit astucieusement différents types d'horreur (gore, suspense, ambiance, jumpscare) et qu'il est plastiquement magnifique). Là où certains expérimenteront la peur, d'autres vivront l'ennui et les réactions face à une scène horrifique peuvent être multiples ; la frayeur comme le rire, le traumatisme comme la sensation de ridicule. Certains ont été traumatisés par Midsommar alors que j'ai peiné à en voir le bout tant je me suis fait chier. A l'inverse, le plus gros flip de ma vie aura été devant Paranormal Activity, qui demeure pour d'autres comme la plus grosse blague du cinéma d'horreur. On ne peut pas juger les émotions de chacun et, donc, il est difficile de parler de cinéma d'épouvante objectivement.

 

     Si votre truc, c'est l'horreur bourrine et explosive basée sur le gore et le jumpscare, alors passez votre chemin : The Lodge vous ennuiera probablement. Ici, vous ne sursauterez pas face à un démon, vous ne vous cacherez pas les yeux. Si, par contre, vous êtes sensibles aux atmosphères lentes et insidieuses, au travail de l'ambiance visuelle et sonore, à la dimension psychologique, alors donnez-lui sa chance car c'est ce qui m'a particulièrement marqué dans ce film. Attention, je n'ai pas dit qu'il ne se passait rien, ce n'est pas le cas. Le film est d'ailleurs très rapide à se mettre en place : les principaux éléments sont donnés dans les 7 premières minutes avec un élément de scénario visuellement très marquant (je n'en dis pas plus). The Lodge m'a fait frissonner par l'installation douce et progressive d'une angoisse palpable. Seul dans le noir, avec mes écouteurs, je ne me sentais pas bien.

 

The Lodge - de Veronika Franz et Severin Fiala
The Lodge - de Veronika Franz et Severin Fiala

       Sur le principe, The Lodge ne semble pas vraiment novateur : une famille bloquée par la neige dans un chalet isolé de la civilisation, on a clairement une impression de déjà-vu. On pense évidemment à Shining, d'autant que l'ambiance et la musique semblent être des références évidentes au chef d'œuvre de Kubrick. Au niveau du scénario, The Lodge est loin d'être parfait et il rencontre les mêmes problèmes que la majorité des films d'horreur : des incohérences majeures (le père laisse ses enfants seuls avec sa nouvelle copine qu'il sait instable), des twists à la limite de l'invraisemblable... Pourtant, j'ai été globalement surpris par la construction du film sur la durée, car il est finalement assez difficile de prévoir comment les choses vont évoluer. Dans l'écriture, The Lodge a quand même une force : on ne sait jamais réellement d'où va venir l'horreur, et ce mystère est gardé jusqu'à la fin. A-t-on affaire à des enfants maléfiques ? à une présence démoniaque dans la maison ? à une jeune femme instable et folle ? à une expérience vaudou ? à des esprits frappeurs ? Toutes les pistes sont laissées ici et là, comme de faux indices qui noient le spectateur dans le flou.

 

The Lodge - de Veronika Franz et Severin Fiala
The Lodge - de Veronika Franz et Severin Fiala
The Lodge - de Veronika Franz et Severin Fiala

      J'ai adoré par-dessus tout l'ambiance hivernale du film qui, plusieurs heures après mon visionnage, est restée imprimée dans mon esprit. Le chalet en lui-même est sublime et on rêverait presque d'y passer ses vacances : la demeure est entourée d'une grande zone enneigée et sauvage qui instaure un calme incroyable. Le chalet est merveilleusement bien filmé, les images nous font constamment ressentir la fraîcheur de l'air mais aussi le côté "cocon reposant" de cette maison. 

 

     Toute l'ambiance est amplifiée par des musiques qui m'ont fait vibrer et m'ont plongé à 200% dans cette atmosphère kubrickienne savoureuse. Pendant 1h20, il ne se passe jamais rien d'horrible, tout est basé sur la tension et l'ambiance qui s'intensifient progressivement jusqu'au climax. Malgré l'absence de scènes d'action ou d'épouvante à proprement parler, The Lodge m'a saisi d'un bout à l'autre pour ses enjeux psychologiques, avec notamment de glaçantes séquences de rêves. J'ai en tête, par exemple, la scène ci-dessous qui, en terme d'image comme de musique, m'a fait dresser les cheveux sur la tête.

 

The Lodge - de Veronika Franz et Severin Fiala

      Bref, j'ai adoré The Lodge et je ne peux que le conseiller à tous ceux et celles qui seraient sensibles aux films d'horreur "à suspense" basés sur l'ambiance. Les acteurs sont tous fabuleux, notamment Riley Keough, aussi douce et chaleureuse que froide et flippante. Le film aurait été un coup de cœur s'il ne s'était égaré dans un dénouement un peu moins efficace.

 

      Intrigué par ce film des deux cinéastes australiens Veronika Franz et Severin Fiala, je pense que je vais bientôt me pencher sur leur premier film : Goodnight Mommy. Pour ceux qui l'auraient vu, n'hésitez pas à me dire en commentaires ce que vous en avez pensé.

 

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