C'mon C'mon (Nos âmes d'enfants) - Critique

      Sorti en début d'année, C'mon C'mon est un magnifique drame en noir et blanc, porté par un Joaquin Phoenix toujours aussi émouvant et juste. Il y interprète Johnny, un journaliste radio qui arpente les Etats-Unis pour interviewer des jeunes afin de connaître leur vision du futur, jusqu'au jour où sa sœur lui demande de s'occuper de son fils Jesse. Pendant quelques jours, Johnny va devoir apprendre à vivre avec son neveu, étrange et excentrique, alors qu'il n'a aucune expérience en terme d'éducation.

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      Nos âmes d'enfants a été beaucoup critiqué pour sa mièvrerie et je peux comprendre ce point de vue. Le choix d'entrecouper le récit de paroles d'enfants sur l'avenir peut paraître too much, cependant il est bon de savoir que les interviews n'ont pas été écrites et qu'il s'agit de véritables réactions d'ados. Même si l'ensemble des propos apporte, je l'admets volontiers, une certaine lourdeur à l'histoire, c'est bien le seul défaut que je trouve à ce film sublime.

     C'mon C'mon nous interroge sur notre rapport à l'enfant et à l'éducation et je l'ai trouvé passionnant d'un bout à l'autre. Les parents s'identifieront, car ils rencontrent nécessairement ce genre de questions et de problèmes au cours de l'évolution de leurs enfants, mais le film ne leur est pas réservé, loin de là. Les spectateurs qui n'ont pas d'enfants pourront également y trouver leur compte en se demandant comment ils agiraient à la place de Johnny. Il n'est effectivement pas aisé de se retrouver du jour au lendemain avec un gamin sur les bras, assez rebelle qui plus est.

      Joaquin Phoenix et Woody Norman sont aussi touchants l'un que l'autre, chacun prenant appui sur l'autre pour nous servir une relation neveu / oncle absent d'une grande complicité. Les dialogues, fins et passionnants, mettent en valeur l'état d'esprit de chaque personnage afin d'en comprendre les démons intérieurs : une souffrance à peine déguisée chez Jesse et une dépression refoulée chez Johnny. C'mon C'mon traite de drames familiaux et le fait avec subtilité et douceur, à travers les regards tristes et les répliques chargées en émotion des deux personnages, criantes de vérité.

      L'évolution de Jesse et Johnny au fur et à mesure qu'ils apprennent à se connaitre est magnifique et j'ai adoré l'idée de passer par des enregistrements de voix pour que l'un et l'autre expriment leurs sentiments profondément enfouis. L'ensemble est accompagné d'une BO légère et poétique qui instaure le genre d'atmosphère dont je raffole au cinéma. Certaines séquences sont superbement mises en valeur par les musiques, créant des instants d'émotion pure. C'est sans parler du choix de noir et blanc absolument parfait pour représenter l'absence de couleurs et de joie dans la vie des deux protagonistes.

      Par ailleurs, l'utilisation d'images sous forme de flashbacks pour illustrer un dialogue ou un souvenir est habile et j'ai trouvé le montage du film d'une grande fluidité. Bref, j'ai été conquis par Nos âmes d'enfants et je le recommande chaudement. Il rejoint mon top 400.