Inutile de présenter ce chef d’œuvre de Chaplin. Les temps modernes est le témoin d'une époque, celle de la Grande Dépression des années 30, mais aussi un amer constat de l'industrialisation dans le monde, dont le cinéaste nous montre tous les inconvénients. Le film est en effet une critique acerbe de la société industrielle et de ses effets. Chaplin y décrit avec humour l'horreur du travail à la chaîne qui, uniquement dicté par le rendement, donne naissance à des dépressions nerveuses chez les ouvriers. Il se moque ouvertement des nouvelles technologies par l'intermédiaire de la machine à manger automatique et, dans le même temps, fait un triste parallèle avec l'explosion du chômage.
Les temps modernes est un joli titre, car en plus de changer la société et le monde du travail, la modernité vient impacter directement Charlie Chaplin en bouleversant les codes du cinéma. L'apparition du cinéma parlant, une décennie plus tôt, laisse toujours le réalisateur perplexe. Avec Les temps modernes, Chaplin tente pour la première fois de s'écarter du cinéma muet qui caractérise tant le personnage de Charlot. Même si le film est majoritairement muet, on entend tout de même ici et là quelques personnages prendre la parole directement, sans passer par des cartons intermédiaires. Les temps modernes est donc un entre-deux, comme une transition qui aidera Charlie Chaplin à sauter le pas quelques années plus tard avec Le Dictateur, son premier vrai film parlant.
Même si on a principalement retenu Le Dictateur comme premier film parlant du cinéaste, c'est pourtant bien dans Les temps modernes que le grand public entendra pour la première fois la voix de Chaplin, à travers une chanson dont les paroles n'ont aucun sens. Charlot, pour sa première (et dernière) prise de parole au cinéma, chante une chanson en yaourt, aux paroles incompréhensibles. Pour autant, cette chanson restera gravée dans les mémoires comme un immense moment de comédie grâce aux mimiques irrésistibles de l'acteur. Il s'agit là d'un pied de nez de Charlie Chaplin à l'industrie du cinéma, comme pour nous confirmer que Charlot est un personnage appartenant au cinéma muet et qu'il le restera. Non, vous ne l'entendrez pas parler. Et même si vous entendez sa voix, Charlot restera un personnage au comique visuel. En effet, Les temps modernes signe aussi la dernière apparition de Charlot en tant que personnage dans la filmographie de Charlie Chaplin. C'est un constat assez triste, celui de la mort du personnage de Charlot, tué par l'apparition du cinéma parlant. Fort heureusement, le cinéaste saura rebondir par la suite et mettre ses talents au service du cinéma parlant, avec les chefs d’œuvre qu'on connait.
J'ai profité d'avoir emmené mes élèves voir Les temps modernes au cinéma hier matin pour parler du film sur le blog, mais cet article n'avait pas cette vocation à la base. Soit dit en passant, c'est la première fois que je découvre ce film sur grand écran et ce fut une expérience incroyable.
Je souhaitais évoquer dans cet article ma passion pour ce cinéaste, qui me dévore depuis presque 15 ans. Je mentionne souvent mes réalisateurs préférés sur le blog, et ceux qui me suivent un peu savent que je suis fou de M. Night Shyamalan, Terrence Malick, Stanley Kubrick et tant d'autres. Étrangement, je ne parle pas très souvent de Charlie Chaplin alors que cet homme a envahi ma vie et qu'il représente, à mes yeux, toute l'âme du cinéma.
Je ne suis pas un grand collectionneur, mais je possède de nombreux objets à l'effigie de Charlie Chaplin et je les traque souvent sur internet ; livres, poupées, etc. Il y a quelques années, même, je me suis fait tatouer un petit Chaplin sur le bras alors que je n'ai jamais été spécialement attiré par cette pratique. Ma passion est allée jusqu'à me rendre en Suisse à Corsier-sur-Vevey pour y découvrir le magnifique village où Chaplin a vécu une bonne partie de sa vie. Je me suis rendu sur sa tombe alors que, selon moi, les cimetières sont des lieux inutiles.
Et surtout, surtout, je suis tombé amoureux du musée Chaplin's World à Corsier-sur-Vevey, construit par sa famille dans le domaine où il habitait à la fin de sa vie : le Manoir de Ban. Si vous n'êtes jamais allés voir ce musée, je vous le conseille terriblement. Je pense qu'il s'agit d'un de mes lieux préférés au monde. Visiter le manoir de Ban, qui surplombe le Lac Léman avec une superbe vue, est une chose à faire. Emprunter les couloirs, remplis de souvenirs, de reliques, d'archives, est délicieux. A côté de sa maison, un studio a été créé, dans lequel vous pouvez déambuler dans les décors reconstitués de ses plus grands films ou admirer des statues de cire des divers personnages. C'est un peu comme les Studios Harry Potter, mais sur le cinéma de Charlie Chaplin. C'est un endroit magique, agréable, inoubliable.
Une fois votre visite terminée, vous pouvez vous promener à Vevey et longer le Lac Léman, qui est à ce jour l'un de mes paysages favoris, très facile d'accès lorsqu'on vit en France. Depuis 2015, j'ai déjà visité ce coin presque une dizaine de fois et je pense être allé à Chaplin's World au moins quatre fois. Bref, je suis accro à ces lieux et à cet endroit, c'est comme une drogue pour moi. Je n'aime pas faire de la pub mais, franchement, si vous aimez un peu le cinéma, je vous encourage à vous rendre là-bas au moins une fois.
Bref, voilà pour cet article qui n'est ni vraiment une critique, ni vraiment une annonce de retour des articles. Parler de Charlie Chaplin me tenait à cœur et j'ai pu miraculeusement trouver une heure dans ma semaine pour le faire ici. Si certains se demandent quand reviendront les articles plus réguliers, sachez que ça ne va pas tarder mais que ma situation actuelle (familiale + fatigue extrême) m'empêche de visionner correctement des films en ce moment. Je pourrais me forcer, certes, mais ça m'obligerait à ne pas faire ça dans un cadre idéal.
A très bientôt (retour des articles réguliers avant Noël promis) !