Mes dernières découvertes ont été effectivement très joyeuses : deux films sur les attentats de Paris, un sur l'avortement clandestin dans les années 60, pour finir par un film sur le harcèlement scolaire vu de l'intérieur. Ils m'ont tous marqué à leur manière, sans pour autant devenir des coups de cœur.
Novembre (2022)
Sans perdre de temps après le succès de Bac Nord en 2021, Cédric Jimenez nous fait plonger au cœur de l'anti-terrorisme en relatant les 5 jours qui ont suivi les attaques du 13 novembre à Paris. Gilles Lellouche et Jean Dujardin ayant à peu près la même façon de jouer dans les deux films, les différences sont assez minces et il est difficile de ne pas voir dans Novembre une volonté de réitérer les choix qui ont fait le succès de Bac Nord en salles. Même si la thématique est bien différente, on reste dans le même registre, les mêmes couleurs bleu-gris, la même réalisation, la même manière de faire monter la pression et de présenter les situations tendues du point de vue des forces de l'ordre. Finalement, même si la plupart des scènes sont efficaces, Novembre ne surprend pas vraiment et m'a même laissé un peu sur le carreau. Le film use de procédés classiques et presque démodés, comme le fait d'informer le spectateur du lieu de l'action en affichant le nom de la ville à l'écran. Je pense que je ne retiendrai pas grand-chose du film. D'ailleurs, je n'en ai presque rien gardé 5 jours après l'avoir vu.
Revoir Paris (2022)
Revoir Paris traite également des attentats, mais il fait de manière radicalement différente. Ici, le point de vue est centré sur les victimes et notamment le personnage de Mia, qui cherche à retrouver la mémoire après le traumatisme qu'elle a subi. J'ai trouvé Revoir Paris passionnant sous plein d'aspects, notamment dans la façon d'aborder le syndrome du survivant ainsi que toutes les répercussions physiques et psychologiques des personnages principaux et secondaires. J'ai beaucoup aimé le fait de focaliser tout le récit sur ces questionnements, d'autant que Virginie Efira est excellente d'un bout à l'autre. Mis à part une histoire de romance qui n'était absolument pas nécessaire et qui tombe comme un cheveu sur la soupe, le film est plutôt subtil et prenant.
L'événement (2021)
Je comprends l'intention de L'événement, mais j'admets ne pas avoir été totalement emballé par ce film. S'il pose des questions essentielles sur le droit à l'avortement et la liberté des femmes à disposer de leur corps, j'ai trouvé certains passages contre-productifs. Le film se veut être un film choc mais tombe parfois un peu trop dans la démonstration excessive. Je comprends, encore une fois, la volonté de montrer les choses crûment, de manière frontale, mais je pense que j'aurais parfois aimé un peu plus de pudeur. Parfois, il faut moins montrer pour mieux montrer.
Un monde (2022)
Ce film de 1h10 est une merveille et a bien failli se retrouver parmi mes coups de cœur de l'année. Il est possible, d'ailleurs, qu'il finisse par y figurer avec le temps, car je ressens déjà que Un monde se bonifie dans mon esprit deux jours plus tard. Filmé à hauteur d'un enfant, l'intégralité des scènes se déroule dans l'enceinte d'une école et on y suit Nora, une petite fille bouleversée par le harcèlement que subit son frère Abel au quotidien. Tiraillée entre son frère qui lui demande de ne rien dire et son envie de l'aider, elle se retrouve dans une situation terriblement délicate qui aura des répercussions sur Abel, mais aussi sur elle-même.
J'ai adoré le film, qui est clairement le plus intelligent et le plus maîtrisé parmi les 4 présentés dans cet article. L'immersion est très efficace et la réalisatrice belge, Laura Wendel, pose le doigt sur les questions qui font mal, en étudiant les causes et conséquences du harcèlement scolaire tout en questionnant les failles de l'équipe pédagogique pour gérer cette situation. Le seul point qui m'ennuie est du point de vue du casting, qui pêche parfois un peu et a pu me faire grimacer. Les enfants sont tous extraordinaires, il n'y a rien à dire, mais le film souffre de gros soucis dans l'écriture de certains dialogues ou dans la direction des acteurs adultes. Les discussions, par exemple, entre Nora et sa maîtresse, sont peu crédibles et m'ont fait sortir du film par moments. Sans ça, j'aurais clairement crié au chef d'œuvre.
Pour conclure, je vous conseille le visionnage de tous ces films qui ont tous un côté important voire essentiel (à part peut-être Novembre qui enfonce beaucoup de portes ouvertes). Un monde, notamment, aborde un sujet délicat et encore tabou, et le fait admirablement.