C'est la première fois de ma vie que je quitte (de mon plein gré) une salle de cinéma avant la fin de la séance. C'est quoi ce bordel ? J'avais résisté à la tentation, l'année dernière, de découvrir Everything everywhere all at once au cinéma car le film ne me semblait être qu'un délire pour twittos adolescents ; ce genre de spectateurs qui crient au génie dès qu'ils voient un logo A24 ou qui s'affolent pour du Ari Aster et du Jordan Peele. Lors de la sortie du film, en effet, je traînais encore sur Twitter et j'hallucinais devant le plébiscite auquel avait droit le film de Daniel Kwan et Daniel Scheinert.
J'avais décidé d'ignorer la tendance car le thème ne m'inspirait pas des masses, et MERDE, des mois plus tard, je me fais quand même avoir ! Je suis allé voir Everything everywhere all at once hier soir au cinéma, bien décidé à prendre mon pied depuis que je l'ai vu recevoir 7 Oscars, dont ceux de Meilleur Film, Meilleur Scénario, Meilleur Réalisateur et Meilleure Actrice. Et putain, mais qu'est-ce qui leur est passé par la tête pour récompenser à ce point un film aussi daubesque ? Au bout de 1h30, lorsque j'ai vu qu'il restait quasiment une heure de film à découvrir, je ne tenais plus en place, je n'en pouvais plus. J'ai fait la chose que je m'étais juré de ne jamais faire : j'ai quitté la salle. La raison est simple : je refusais de perdre une minute de plus à subir un tel calvaire, une telle purge. Ce fut l'une des pires séances de ma vie, d'autant plus que j'avais fini par me convaincre que Everything everywhere all at once était le chef d'œuvre tant acclamé par tout le monde. Naïvement, j'ai presque cru que tout ce tapage était justifié.
Bon, je ne vais pas passer l'intégralité de l'article à cracher gratuitement sur le film, alors allons-y pour les critiques constructives.
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Oscar du meilleur scénario original
Pardon ? Le scénario de ce film est la principale raison qui m'a poussé à quitter la salle, tant ce film est vide de toute idée scénaristique. Beaucoup de critiques saluent le côté "épuisant, hystérique, loufoque" du film, mais c'est pour moi un fiasco total. On en voit même, sans aucune honte, dire que le film des Daniels est "génial et incroyable" parce que, je cite "le scénario est un beau bordel, c'est n'importe quoi". Là-dessus, je suis on ne peut plus d'accord : ce scénario, c'est n'importe quoi. Alors récompenser aux Oscars du n'importe quoi, c'est aussi n'importe quoi. De nos jours, il est donc admis que la cohérence et l'intelligence d'un scénario n'ont aucune importance, tant que le public y trouve son compte. Je ne vais pas perdre mon temps à citer l'ensemble des incohérences et autres débilités qui parcourent ce film car, si j'avais eu le courage de les noter, j'aurais probablement davantage gratté sur du papier que regardé l'écran.
Peut-on m'expliquer ce qui fait l'originalité du scénario de ce film ? Non parce que pour ma part, Everything everywhere all at once ne fait que piquer des idées à des oeuvres cultes pour les rendre complètement nases. On peut considérer que le fait de transformer de l'or en merde est un talent, certes. Le plus évident est l'hommage général à Matrix, mais j'ai presque envie de gerber quand j'entends dire que ce nanar est le "nouveau Matrix". Soit les gens qui encensent ce film à outrance n'ont jamais vu Matrix, soit ils ont de la merde dans les yeux. Everything everywhere all at once reprend absolument tous les éléments de Matrix pour en faire de la merde : des univers parallèles avec des protagonistes parallèles, auxquels on peut avoir accès via une technologie avancée (quasiment la même : un système informatique qu'on branche sur la tête). On y retrouve aussi les personnages qui tirent les ficelles en arrière-plan avec des écrans et des lignes de code, etc. Bref ! Tout pareil, sauf que Matrix avait un sens profond et un scénario en béton, là où ce film est une foirade à tous les niveaux. La seule différence, c'est qu'au lieu d'apprendre le kung-fu grâce à un programme informatique, le personnage principal va apprendre grâce à ses doubles présents dans les autres univers, à l'aide de connexions toutes plus débiles les unes que les autres (échanger ses chaussures, avaler une mouche par le nez), sauf que ça n'a aucun putain de sens. Je passe sur les références à Kill Bill ou 2001 L'odyssée de l'espace qui sont confondantes de ridicule.
On pourrait penser que c'est ce qui fait la force de EEAAO : des idées absurdes et loufoques, pour créer un humour "fou", sauf que rien ne fonctionne en terme d'humour tant les idées sont nases (les éléments qui sont là pour faire rire le spectateur sont généralement au ras des pâquerettes, comme l'apparition de godes-nunchakus ou de doigts en forme de saucisses). J'ai souvent soupiré et j'ai fini par être excédé par l'atmosphère faussement "fofolle" que propose le film, comme si l'accumulation de scènes insensées devait provoquer chez le spectateur une forme d'admiration. "Oh la la c'est incroyable, ça va à 200 à l'heure !!". Visiblement, ça marche sur beaucoup de monde, mais de mon côté je trouve assez déplorable de voir comme on nous prend pour des cons, et comme ce film évite par tous les moyens de vouloir nous faire réfléchir sur quoi que ce soit. Ainsi, pour ce qui est du meilleur scénario, on repassera, surtout lorsqu'on a en face des films comme The Banshees of Inisherin ou The Whale qui ont pris la peine de poser un cadre et des situations intrigantes. Même The Fabelmans, que j'ai trouvé relativement bof, méritait ce prix 100 fois plus.
Oscars de meilleurs acteurs
Encore une fois : WHAT THE FUCK ? Le film repart avec 3 récompenses sur 4 pour les Oscars concernant les acteurs, mais c'est quoi le délire ? Pour les Oscars de seconds rôles, attribués à Jamie Lee Curtis et Ke Huy Quan, je ne vois pas d'autre explication que la suivante : ils n'ont pas jugé un rôle, mais une carrière. Ils avaient envie de le filer à Jamie Lee Curtis parce que bon, cette actrice mérite bien quelque chose après 45 ans de carrière non ? Allez, ça fait plaisir. Et puis, pour Ke Huy Quan, il faut bien faire plaisir à tout le monde : les nostalgiques de la première heure seront ravis.
Sauf que, pardonnez-moi, mais aucun acteur de ce film ne méritait un Oscar pour son rôle. Jamie Lee Curtis et Ke Huy Quan ne proposent rien qui dépasse l'ordinaire, et frisent souvent l'exagération. Je ne parlerai même pas de Michelle Yeoh car je ne comprends vraiment pas comment son interprétation aussi banale et passe-partout a pu lui permettre de remporter une statuette. Merde, quand même, on avait Cate Blanchett et Michelle Williams en face ! Et quitte à valoriser la diversité, pourquoi ne pas attribuer l'Oscar du second rôle à la géniale Hong Chau qui livre une performance ultra touchante dans The Whale, plutôt qu'à une Jamie Lee Curtis qui cabotine et n'offre rien de sérieux ?
Qui se souviendra des interprétations d'acteurs dans Everything everywhere all at once et surtout, qui sont ces gens qui ont trouvé un quelconque intérêt à ce casting ? Qui êtes-vous, vous qui avez trouvé un intérêt à ces personnages fades et sans âme ? Je ne comprends pas. Le film n'est qu'un délire débile, sans émotion, et parfaitement prévisible malgré les apparences (je n'ai pas, non plus, compté les scènes qui se sont achevées exactement comme je l'avais prédit). Je n'ai pas vu la fin du film, hein, mais je ne pense pas me tromper si j'imagine qu'au bout du compte, le mariage est probablement sauvé et la fille remarque enfin l'amour que lui porte sa mère ?
Oscars de meilleur film, meilleure réalisation, meilleur montage
Je finirai là-dessus car, finalement, je me demande ce qui a pu motiver l'Académie des Oscars à attribuer à Everything everywhere all at once les deux prix les plus convoités : Meilleur film et Meilleur réalisateur. Dans toute l'histoire des Oscars, le nombre de films ayant remporté les deux prix simultanément est bien plus important qu'on pourrait le penser, surtout ces dernières années. En effet, si on regarde sur les 20 dernières années, c'est arrivé 13 fois. C'est à se demander s'il existe une réelle différence entre ces deux prix, et si on ne devrait pas fusionner les deux récompenses en une.
Dans tous les cas, EEAAO ne mérite absolument pas ce privilège, à mon goût. Pour l'Oscar du meilleur film, je pense avoir suffisamment décrit les raisons qui me font penser que le film est affligeant. Selon moi, il n'aurait même pas dû être nommé dans cette catégorie et c'est l'incompréhension la plus totale qui règne. J'aurais été d'accord pour récompenser un film qui propose des centaines d'idées comme le fait EEAAO... mais lorsque toutes ces idées sont merdiques, n'est-ce pas ce qu'on appelle un mauvais film ? EEAAO, ce n'est pour moi qu'un remake de Matrix, auquel on aurait enlevé : l'excellent casting, les idées révolutionnaires (puisque EEAAO copie celles de Matrix, elles ne sont plus tellement novatrices), les jolis effets visuels et le scénario en béton. En gros, il ne reste plus rien, à part une vulgaire référence qui permet aux jeunes spectateurs de lâcher un "Woah, c'est cool !!". Pour le montage, bon, passe encore, mais il n'y a rien de bien compliqué à pondre un montage pareil lorsqu'on s'occupe d'un film sans réelle cohérence visuelle, puisque qu'il se targue d'être "un joyeux bordel".
Quant à l'Oscar de la meilleure réalisation, encore une fois : PARDON ?? Everything everywhere all at once n'est qu'une succession de confrontations entre les personnages, rarement jolies à regarder. Le film use et abuse d'effets dégueulasses à base de ralentis / accélérés qui m'ont fait saigner des yeux tant ils sont laids, et de chorégraphies hideuses comme celle du combat du sac-banane, complètement grotesque. Je ne parle pas de la photographie qui est une horreur sans nom (heureusement, le film n'a pas gagné cette récompense), avec des lumières très mal dosées, qui ruinent un potentiel univers qui aurait pu être agréable à suivre. Là, c'est juste laid.
Bref, vous l'aurez compris, j'ai détesté ce film. C'est l'une des plus grosse daubes que j'ai pu voir dans une salle de cinéma et ma déception est d'autant plus grande que ce film paresseux et moche a remporté une foule d'Oscars incompréhensibles. Pour ma part, ce fut une monumentale perte de temps.