Je vous conseille cette série qui sera inévitablement l'une de mes plus belles découvertes de 2024. Eric entame sa dernière année de lycée avant d'entrer à l'université. Du haut de ses 17-18 ans, il tombe amoureux de sa nouvelle prof d'anglais, Claire, et se rapproche d'elle. Celle-ci, bloquée dans un mariage qui bat de l'aile, se laisse prendre au jeu sans le repousser. Une relation interdite s'engage alors entre le jeune homme et sa tutrice, qui ne sera pas sans conséquences...
Critique analyse explication de la série
La série est magnifique. C'est une adaptation du film du même nom, qui avait également été réalisé par Hannah Fidell et que je n'ai pas vu. J'ai regardé les 10 épisodes de 25 minutes en deux soirées et j'ai été happé dans cette histoire qui émeut tout en poussant à la réflexion sur l'ambiguïté (et l'impossibilité) d'une relation prof-élève.
La série m'a clairement fait penser à Normal People sur la forme, avec son atmosphère parfois dramatique, sa romance poignante et ses personnages complexes. Les deux séries sont assez similaires sur la forme, avec notamment un montage brillant. Dans A teacher, le temps passe sans qu'on nous le dise de manière explicite, les ellipses sont fluides et identifiables d'un épisode sur l'autre. De même, j'ai apprécié les transitions entre les séquences, qui sont généralement entrecoupées d'un fond noir et silencieux de 2 ou 3 secondes. C'est une transition assez inhabituelle (à tel point que les deux ou trois premières fois, j'ai cru à un bug de ma connexion), mais qui apporte étrangement une certaine profondeur aux événements auxquels on assiste. C'est comme si la série nous laissait digérer cette relation interdite en proposant des instants de pause, j'ai adoré l'effet.
La relation en elle-même est traitée avec intelligence et un côté très romantique qui laisse parfois circonspect. Lors des quatre premiers épisodes notamment, la relation est montrée comme une histoire d'amour quasi normale. On nous vendrait presque les deux personnages comme des âmes-sœurs faites pour s'enfuir ensemble de leurs vies. Les scènes d'amour sont même filmées avec beaucoup d'émotion, appelant le spectateur à oublier que cette femme est une enseignante et que ce jeune homme est pris dans un tourbillon dont il lui sera difficile de se remettre. L'intrigue est ainsi extrêmement ambivalente puisqu'elle tente de nous faire croire que cette romance est légitime. Après tout, elle est très jeune. Lui a 18 ans. Alors pourquoi ne pourraient-ils pas tomber amoureux ? La série pose la question à travers les amis d'Eric, qui vantent ses exploits. Sauf que ça ne fonctionne pas comme ça et qu'il y a, évidemment, d'excellentes raisons pour lesquelles les relations profs-élèves sont interdites, même lorsque ceux-ci sont majeurs.
D'ailleurs, il suffit d'imaginer la même histoire en échangeant les sexes des protagonistes : voir un jeune professeur avec une étudiante n'aurait donné lieu à aucune ambiguïté. Est-il donc étrange que la relation décrite dans A teacher soit parfois présentée comme tolérable ? Probablement, mais c'est ce qui fait aussi la force de la série : elle nous pousse à la réflexion. J'ai suivi ces dix épisodes en craignant le pire pour le dernier épisode, qui aurait pu nous offrir une morale assez douteuse. Heureusement, A teacher se conclut de la manière la plus logique et magnifique qui soit... Je n'en dis pas plus. Une brève psychologie des deux protagonistes nous est montrée dans les derniers épisodes, à travers les conséquences que cette relation a pu avoir sur chacun d'entre eux.
Au niveau du casting, on est également proche de la perfection. Certains acteurs secondaires comme Ashley Zukerman ou Rya Kihlstedt tirent clairement leur épingle du jeu, chacun jouant un rôle tantôt protecteur, tantôt réprobateur. Quant aux deux personnages principaux, ils sont sublimement interprétés tout au long de la série, sans une seule fausse note. Nick Robinson, avec sa gueule d'ange, nous montre une palette de jeu tout à fait fascinante, son interprétation est sincère et souvent poignante, il n'est pas difficile de s'attacher au personnage.
Cependant, je pense que la palme revient à Kate Mara que je n'ai jamais vue aussi authentique que dans cette série. L'actrice a toujours été subtile, donc ce n'est pas nouveau, mais elle réalise ici un exploit : celui de rendre Claire tout aussi attachante qu'Eric. Il aurait été facile d'en faire une protagoniste malveillante ou manipulatrice, mais ce n'est jamais le cas. D'un bout à l'autre, on lui pardonnerait presque son "erreur" et le spectateur est amené à compatir, car elle est d'une sincérité absolue, jusqu'à en être particulièrement émouvante. La dernière partie qui traite de sa relation avec son père est encore plus touchante que le reste.
Je me répète donc : je vous conseille la découverte de cette série qui m'a fait passer par tout un faisceau d'émotions. Je vais d'ailleurs conclure en parlant de la musique, qui a joué un rôle évident dans l'expression de ces émotions. Comme Normal People, qui avait déjà rempli ma playlist de "musiques à écouter après minuit", A teacher est parcouru d'une bande-son absolument parfaite. Parfois, il ne s'agit que de petites touches qui viennent ponctuer cette romance de façon dramatique, mais on a aussi droit à des musiques qui hantent plusieurs heures après le visionnage. L'épisode 6, notamment, se conclut avec une superbe découverte que je compte bien diffuser dans ma voiture pendant des semaines en allant au boulot. Il s'agit de Half-Light de Rostam, et c'est une merveille.