Acharnés - Une série qui m'a charmé

      Une femme, Amy, et un homme, Danny, tous deux dans un mauvais jour, ont une altercation au volant. Celle-ci va engendrer une escalade de vengeance qu'ils n'auront pas prévue et qui va se répercuter sur leurs vies. 

     J'ai découvert Acharnés il y a quelques jours et je l'ai dévorée en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Pour quelqu'un comme moi, qui suis notablement désillusionné par les contenus estampillés Netflix depuis quelques années, j'ai été bluffé par la qualité de cette mini-série. 10 épisodes qui se mangent comme des petits pains avec originalité, rythme, drôlerie mais aussi beaucoup de sérieux. Je vous la recommande chaudement, vous devriez passer un excellent moment.

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      Acharnés ne perd pas de temps et démarre au quart de tour. En quelques scènes, la situation et les personnages sont posés et j'ai adoré cette manière d'engager l'intrigue, avec ces deux personnages qui semblent aussi têtus et caractériels l'un que l'autre. Il y a peu de temps morts et, maintenant que j'y repense, c'est assez dingue de voir le nombre de choses qui sont traitées en seulement 10 épisodes de 30-40 minutes. On a le temps de comprendre les situations initiales de chaque personnage, de les voir s'affronter d'abord gentiment puis de plus en plus férocement jusqu'à atteindre un paroxysme de n'importe quoi, mais aussi de les voir évoluer, tout en s'intéressant à une ribambelle de personnages secondaires non moins intéressants. A côté de ça, la série se permet une construction dramatique de la psychologie des deux personnages principaux et elle le fait merveilleusement bien, aboutissant à un dixième épisode qui m'a mis une claque en terme d'intelligence d'écriture.

      Outre le scénario et les personnages qui sont clairement la force d'Acharnés, la série aborde de multiples thématiques que je n'avais pas du tout vues venir avec un tel pitch de base. Si on pouvait penser qu'Acharnés allait être une simple histoire de vengeance et d'escalade de violence comme avait tenté de le faire Derrick Borte en 2020 avec le film Enragé, il n'est pas question ici d'une telle simplicité dans l'écriture. En plus de montrer deux facettes sociales de l'Amérique avec d'un côté une Amy extrêmement riche et de l'autre un Danny qui galère à s'en sortir financièrement, les personnages sont creusés et passionnants, que ce soit en abordant la dépression de Danny comme le mal-être conjugal d'Amy. Sa relation avec son mari George donne d'ailleurs lieu à des scènes très drôles, car on sent que le côté zen et apaisé de celui-ci ne fait que pousser Amy à vouloir péter les plombs à tout moment.

     La série alterne donc entre la franche comédie et l'hystérie explosive (la réalisation et le montage sont d'ailleurs aux petits oignons), tout en respectant ses personnages et leur psychologie, ce qui rend Amy et Danny profondément attachants. Le spectateur n'aura de cesse d'avoir de l'empathie pour ces deux personnages sans jamais prendre parti, et c'est le principal tour de force de cette série. Durant 10 épisodes, je n'ai pas choisi mon camp une seule fois, car les motivations et les quiproquos engagés par chacun des personnages sont légitimes et nous les rendent plus sympathiques, plus humains. On comprend petit à petit qu'Amy et Danny se sont engagés dans cette folie pour combler un vide intérieur, tout en l'utilisant comme élément déclencheur pour faire du ménage dans une vie qu'ils ne supportent plus et veulent faire voler en éclats. C'est sans compter sur cette conclusion magistrale qui (sans spoiler) réunit pour de bon les deux personnages dans une situation qu'on n'avait pas, non plus, vue venir. Purement génial.

      Les comédiens sont parfaits dans leurs rôles, à commencer par Ali Wong que j'avais découverte quelques jours auparavant dans son one woman show Baby Cobra (hilarant, par ailleurs, je vous le conseille aussi). Cette femme est extrêmement drôle et j'ai été ravi de la voir également dans un registre dramatique, c'est une sacrée révélation. De même, j'ai adoré Steven Yeun qui apporte à son personnage un côté sournois et revanchard très stimulant. Cependant, l'intégralité du casting fait ce qu'il faut, là où il faut, que ce soient Joseph Lee, Ashley Park, David Choe comme Young Mazino ou Maria Bello. 

      Bref, je vous conseille de découvrir cette série tordante dans laquelle on ne s'ennuie jamais et qui nous amène même à réfléchir. Je ne me suis toujours pas remis de la conclusion qui est un excellent contrepied au côté explosif du reste de la série. Une vraie réussite.