Il aurait été tentant de qualifier cette série de "perfectly splendid", malheureusement c'est impossible car j'ai rencontré une énorme déception en regardant cette deuxième saison de The Haunting. Si Hill House m'avait totalement convaincu, passionné et emporté, c'est sans doute parce que Mike Flanagan était aux commandes de l'intégralité de cette première saison. Ici, le réalisateur ne s'est chargé que du premier épisode, et ça se ressent car on n'est plus du tout au niveau.
Les premiers épisodes de Bly Manor étaient tout de même fascinants, malgré l'absence quasi totale de moments stressants ou angoissants qui faisaient le sel de Hill House. Seulement, j'ai fini par me lasser des personnages, des acteurs et de l'intrigue de manière générale, même si certains épisodes comme les 4, 6 et 7 relèvent le niveau en terme de révélations. J'ai particulièrement aimé tout le mystère qui entourait l'homme aux lunettes éblouissantes, jusqu'à ce que son identité soit révélée et qu'on n'en fasse plus jamais mention.
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A partir du moment où la révélation arrive (en milieu de saison), la série devient très inégale en terme de scénario et de mystères, on a même l'impression que les scénaristes ne savaient pas où ils voulaient aller. Il est d'ailleurs hallucinant de constater que les 9 épisodes de cette saison aient tous été écrits par des personnes différentes, ce que je trouve assez curieux.
En dehors de l'atmosphère, des décors plutôt réussis, et de certains sursauts dans l'écriture de l'intrigue qui m'ont permis de m'accrocher jusqu'au bout, je ne peux pas trouver de qualités réelles à ce Bly Manor. Il y a un gros problème dans l'écriture et le jeu des personnages, pour commencer. Aucun personnage ne semble avoir été creusé et ils ont tous la même attitude et le même comportement en permanence. Cette constance est d'un ennui profond. Miles est toujours l'enfant un peu distingué qui frise l'insolence. Flora est toujours la petite fille sage et lucide qui répète "perfectly splendid" à tout bout de champ. Hannah est toujours la femme compréhensive qui parle en bouffant les syllabes comme si elle ne savait pas fermer ses lèvres. Jamie est toujours la jardinière brute de décoffrage mais gentille, à l'accent tranché. Et rien ne change, jamais. Les personnages deviennent des caricatures d'eux-mêmes qui les rendent de plus en plus insupportables à mesure que l'intrigue avance.
Les acteurs, qui sont tous globalement mauvais ou mal dirigés, n'aident pas du tout le spectateur à s'y attacher. Ils en font tous des caisses et ce ne sont pas les dialogues qui sauvent les meubles. Les dialogues de The Haunting of Bly Manor sont, en effet, catastrophiques. La plupart sont sur-écrits, explicatifs et absolument pas naturels, pour nous permettre de mieux comprendre la situation ou les émotions des personnages au cas où le spectateur serait complètement débile et ne saurait pas analyser les choses par lui-même. C'est une différence fondamentale avec Hill House qui proposait des protagonistes nuancés qui étaient capables de changer de comportement ou de révéler des traits de caractères différents en fonctions des situations, avec une force dans les dialogues qui a été perdue ici. Au bout de 6 épisodes, dans Bly Manor, je n'en pouvais plus, contrairement à Hill House où j'attendais avec impatience d'en apprendre plus sur chaque personnage, car ils étaient tous passionnants et bien interprétés.
Et encore, je n'ai pas mentionné Dani, le personnage principal interprété par Victoria Pedretti, qui est une catastrophe. Si l'actrice pouvait gérer la mono-expression dans Hill House parce que son personnage fantomatique et dépressif convenait bien, elle est ici soit mal dirigée, soit complètement à côté de la plaque. Ses expressions sont toutes les mêmes, elles sont exagérées et parfois complètement décalées par rapport à ce que son personnage est en train de vivre. Au bout d'un moment, je ne supportais plus de la voir jouer la femme angoissée pour rien, ou la voir surjouer l'émotion avec les yeux qui clignent tout le temps pour bien montrer qu'elle est fragilisée. Elle m'a rendu son personnage insupportable alors que c'était presque la seule à être intéressante dans toute cette histoire.
Je vais finir par parler des deux derniers épisodes car je n'ai fait que souffler d'exaspération pendant 2 heures et que je ne les ai regardés que pour savoir comment tout allait se conclure. Les épisodes 8 et 9 ont été pour moi presque une torture à regarder, et ce fut cette fois à cause d'une narration affligeante.
Je ne comprends toujours pas pourquoi ces deux derniers épisodes sont intégralement décrits par une voix off qui ne sert strictement à rien. L'épisode 8, encore plus que le dernier, est parcouru tout du long d'une voix off qui ne cesse de raconter ce que les images nous montrent déjà. Je serais curieux de voir ce que cet épisode aurait donné en supprimant complètement la voix off, je crois qu'il aurait été intrigant et stimulant. Qui plus est, cette voix off a deux autres effets négatifs : elle est premièrement complètement idiote (mon dieu, je n'en pouvais plus des "she would sleep, she would wake, she would walk", bordel, j'avais envie de rire nerveusement tant ça m'a irrité !), et surtout, elle nous sort de l'atmosphère de la série... La voix off impose un détachement du spectateur par rapport aux images et elle m'a mis en dehors de toute émotion, à tel point que cette histoire (déjà bancale et osef) a fini par me désintéresser totalement. Le noir et blanc n'apporte rien à l'épisode et je n'ai toujours pas compris pourquoi celui-ci passe une heure à nous raconter cette histoire de deux sœurs qu'on ne connait pas et dont on se fout radicalement. Je n'en avais rien à taper, clairement. J'ai juste eu l'impression que cet épisode servait uniquement à expliquer des trucs "comme par magie" et sans réelle surprise. On s'en fout, de tout ça, d'autant que le lien avec les personnages qu'on suivait depuis le début de la saison n'est jamais vraiment fait.
Le dernier épisode et la résolution finale souffrent de tous ces problèmes en même temps : scénario bancal, histoires dont on se fout, voix off omniprésente et insupportable, aucune angoisse, aucun mystère, acteurs au ras des pâquerettes, et une narration sur-explicative qui nous prend pour des abrutis en nous montrant absolument tout ce qu'il était possible de montrer. L'émotion ne fonctionne jamais parce que toutes les scènes (presque sans exception) sont appuyées lourdement par une musique à grands renforts de piano et violon qui veulent nous convaincre que tout ceci est vraiment dramatique.
Je suis énervé car j'ai perdu mon temps alors que la première saison était astucieuse, subtile, intelligemment construite, surprenante. Bly Manor, quant à elle, n'était vraiment pas nécessaire malgré les quelques petites idées qui font lever un sourcil de temps à autres. Je me souviendrai de Hill House comme d'un chef d'œuvre, ce fut une saison presque parfaite, et de Bly Manor comme d'une saison prometteuse au démarrage, qui aurait pu réserver de belles surprises mais finit très rapidement par être gonflante et oubliable. Dommage !