La bête - de Bertrand Bonello - Critique

La bête - de Bertrand Bonello - Critique

      Il y a des films, parfois, qui posent question quant à leurs intentions. La bête m'a interloqué, me laissant avec deux interrogations lorsque le générique de fin est apparu : pour quelle raison avoir fait ce film et, surtout, pourquoi l'étaler sur presque 2h30 ? La bête part pourtant d'une idée géniale, celle qui m'a poussé à faire 30 minutes de route pour le découvrir : c'est l'histoire d'une jeune femme qui traverse ses vies antérieures grâce à une intelligence artificielle. Malheureusement, les enjeux sont flous voire inexistants. Je m'attendais à une magnifique romance à travers les époques, au parcours sublime et émouvant de deux âmes sœurs qui auraient besoin de plusieurs vies pour aligner les astres et se rencontrer réellement. Et non. Le film ne parle pas vraiment de ça... Le problème c'est qu'on ne sait pas exactement de quoi il parle.

Critique analyse explication du film

La bête - de Bertrand Bonello - Critique

     Le montage est assez curieux, j'ignore si c'est volontaire de la part de Bertrand Bonello (dont je ne connais pas vraiment le travail, par ailleurs) mais l'ensemble fait très brouillon et la lisibilité ne semble pas au centre des préoccupations. J'ai mis une bonne heure à comprendre qu'il n'y avait que 3 timelines différentes (1910, 2014 et 2044), j'ai parfois eu des soucis pour déterminer laquelle était montrée à l'image, sachant qu'à un moment, une voix évoque un événement ayant eu lieu en 2025... Les trois époques ne se répondent pas particulièrement et on aura bien du mal à saisir comment une rencontre assez froide et distante en 1910, suivie d'une autre encore plus étrange et dénuée de sentiments en 2014, ont pu mener à une intrigue amoureuse chez l'un ou l'autre des personnages. Le film souffre d'un manque cruel d'émotion, quelle que soit l'époque traitée, et on ne comprendra jamais vraiment pourquoi cette histoire devait être racontée, ni en quoi elle pouvait être vue comme fabuleuse. Ces 2h30 ne racontent rien, et le manque de cohérence global est assez désastreux.

 

La bête - de Bertrand Bonello - Critique

     Si, en dehors de cette romance complètement foireuse, le film avait su nous égarer vers des réflexions sur les dangers de l'IA, ça aurait pu sauver les meubles, mais ce n'est même pas le cas. La bête n'a pas de propos, ne prend aucune position ni aucun risque, et on finit par s'emmerder sévère, sans comprendre pourquoi le montage semble si mou. Les idées manquent : le film ne s'intéresse finalement qu'à deux époques, puisque 2044 n'est qu'une époque "d'attente" qui ne sert qu'à une scène finale ridicule, dramatiquement non justifiée. 1910 et 2014 ne se répondent pas, on suit ces deux histoires comme s'il s'agissait de deux courts-métrages dévoilés l'un à la suite de l'autre. En 2014, il n'est même pas question d'amour entre les deux protagonistes. C'est lunaire. J'avais pourtant rêvé d'un joli entremêlement de réalités ou chacune serait venue au bon moment pour expliquer les comportements des personnages dans les autres, pourquoi pas hérités de leurs vies antérieures. Mais non, que dalle ! Peut-être me suis-je trompé en lisant le synopsis ou en voyant la bande-annonce. Ou peut-être est-ce juste raté.

 

La bête - de Bertrand Bonello - Critique

      C'est d'autant plus frustrant que j'adore les deux comédiens, ici terriblement sous-exploités. George MacKay, pourtant capable de susciter l'émotion en général, est ici bloqué par la langue française et son personnage n'est jamais intéressant. Quant à Léa Seydoux, je commence à en avoir assez. Pas de l'actrice en elle-même, qui est incroyable de talent, mais de ce qu'on fait d'elle à l'écran depuis quelques années. Je pense sincèrement qu'elle a le potentiel pour devenir l'une des actrices françaises les plus emblématiques et poignantes, mais on en fait une sorte d'incarnation de la froideur, en lui attribuant des personnages sans émotion ni âme. Quel gâchis.

 

La bête - de Bertrand Bonello - Critique

      Quelques séquences magnifiques et visuellement réussies tentent de sauver l'ensemble, comme celle de l'inondation dans la fabrique de poupées qui vient redonner un peu d'espoir dans l'œil du spectateur. Mais ce sursaut de pétillement ne sera que de courte durée puisque La bête retombe ensuite dans ses travers : manque de cohérence, manque d'émotion, manque d'intérêt, manque d'enjeux. Et c'est bien là le pire : le film laisse indifférent. J'aurais adoré le détester, mais il m'a laissé complètement sur le carreau. J'étais sur mon siège, je voyais les scènes défiler en me fichant totalement de ce qu'il adviendrait des personnages, auxquels je n'ai jamais pu m'attacher puisque le film ne nous donne aucune accroche pour une quelconque empathie.

 

     Bref, je déconseille La bête qui m'a fait perdre 2h26 de mon temps, et je suis agacé par le fait de n'en avoir absolument rien tiré. Un scénario sans intérêt ni message, une romance sans émotion ni puissance, une réalisation parfois propre mais globalement froide et confuse. Incompréhensible.

 

 

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