Après avoir découvert la douceur nonchalante et candide de Vincent Lacoste dans Amanda il y a plus d'un an, ce qui fut pour moi une véritable révélation, j'ai enfin eu l'occasion de découvrir un peu mieux sa filmographie. Je vais donc revenir en deux articles sur quelques films de l'acteur découverts récemment dans un marathon que je me suis improvisé.
Les beaux gosses (Riad Sattouf - 2009)
Le film qui a révélé Vincent Lacoste à l'âge de 16 ans est une bonne entrée en matière pour découvrir le jeune homme. Déjà en 2009, pour son premier film, l'acteur est très à l'aise dans un rôle pas si facile à appréhender : celui d'un collégien mal dans sa peau qui fait face à la cruauté de l'adolescence mais également aux premiers émois amoureux et sexuels. Son duo avec Anthony Sonigo est plutôt drôle et ne tombe que rarement dans la caricature. L'ensemble du film n'est jamais grotesque et, malgré le côté pitoyable de ces personnages, le point de vue n'est jamais moqueur, il est même plutôt bienveillant à l'égard de ces jeunes en recherche d'eux-mêmes. Les beaux gosses a beau n'avoir que 15 ans aujourd'hui (comme ses personnages), il règne une ambiance des années 90, voire 80 ; j'ai parfois eu le sentiment de me retrouver devant Les sous-doués avec ces coupes de cheveux et ces vêtements d'un autre temps. Le film s'inscrit presque comme hommage à ces films des années 80 puisqu'il n'est pas question de téléphones portables et encore moins d'internet : on se concentre avec simplicité sur ces adolescents et leurs petits tracas, dont le passe-temps favori consiste à éplucher la section lingerie du catalogue de La Redoute. Même le grain de l'image ainsi que les couleurs (souvent dans les tons marron) semblent vouloir refuser la modernité et la technologie, ça donne une sensation assez géniale. Bref, j'ai beaucoup aimé Les beaux gosses qui se démarque dans le monde de la comédie française par des interprétations justes et une atmosphère qui nous rendrait presque nostalgiques de ces années que la plupart d'entre nous avons mal vécu.
Chambre 212 (Christophe Honoré - 2019)
Voilà une proposition tout à fait originale et passionnante dans le monde du cinéma français. J'ai tant apprécié les codes et les idées de Chambre 212 que je suis à deux doigts de l'intégrer dans mon top 400. Le film de Christophe Honoré est d'une incroyable tendresse pour ses personnages. Le pitch de base est plutôt surprenant et je préfère ne pas le dévoiler ici pour vous laisser la surprise, mais je vous invite à vous plonger dans cet univers qui tourne autour de trois personnages, au carrefour de la vie d'un couple. Les actrices et les acteurs sont tous brillants dans cette comédie dramatico-romantique savoureuse que j'ai suivi avec intérêt du début à la fin. Les idées de mise en scène sont parfois étonnantes d'inventivité et je souhaite saluer le travail sur la photographie et les couleurs, tout est absolument somptueux. Christophe Honoré prend le temps de poser les ambiances, avec une grande poésie dans la narration visuelle, particulièrement réussie. Je vous encourage donc à découvrir Chambre 212 dont je n'avais jamais entendu parler, mais qui vaut le détour.
Victoria (Justine Triet - 2016)
Cette aventure dans le monde nonchalant et bienveillant de Vincent Lacoste a été pour moi l'occasion de lorgner du côté de Justine Triet (dont le récent Amatomie d'une chute m'avait beaucoup plu) et de Virginie Efira, dont la carrière d'actrice en France décolle de manière fulgurante depuis plusieurs années (à raison, c'est mérité). Victoria est assez décevant dans sa construction, peut-être trop linéaire pour marquer véritablement. Même si le film est parcouru de belles idées, elles ne sont pas toutes poussées jusqu'au bout et la conclusion tombe un peu dans la facilité... Malgré tout, voir Virginie Efira, Vincent Lacoste et Melvil Poupaud se donner la réplique est assez satisfaisant car les trois comédiens sont parfaits dans leurs rôles. Les séquences de procès sont particulièrement réussies et, même si je ne connais pas du tout le cinéma de Justine Triet, on retrouve quelques similitudes avec Anatomie d'une chute dans le traitement des femmes, qui semblent devoir se dépasser dans les difficultés de leurs vies pour espérer faire triompher une certaine vérité. Je vous conseille donc Victoria, bien que le film me semble assez anecdotique et que je crains de l'oublier rapidement, car il manque d'envergure.