Quelques films en vrac #36 - Spéciale Lacoste et Lilti

Quelques films en vrac #36 - Spéciale Lacoste et Lilti

     Comme prévu, voici la deuxième partie des films avec Vincent Lacoste que j'ai découverts récemment. Cette fois-ci, on va se concentrer exclusivement sur ses collaborations avec le réalisateur Thomas Lilti. En effet, j'ai vu récemment le génial Un métier sérieux qui pointe avec une certaine exactitude le quotidien d'un enseignant de nos jours, sans les caricatures ni les facilités qu'on voit actuellement dans le cinéma français à ce sujet. J'en ai donc profité pour voir ce qu'il avait également à dire sur le monde de la médecine dans ses deux précédents films avec Lacoste : Hippocrate et Première année.

 

Hippocrate (Thomas Lilti - 2014)

Quelques films en vrac #36 - Spéciale Lacoste et Lilti

      Pour son premier long-métrage, Lilti s'attaque directement au monde hospitalier en suivant une équipe de soignants de façon quasi-documentaire, et notamment deux internes incarnés par Vincent Lacoste et Reda Kateb. J'ai beau adorer le jeu sobre et "mou" de Lacoste, c'est bien Kateb qui lui vole la vedette avec une performance d'une grande justesse. Côté casting, il y a d'ailleurs peu d'erreurs ; Jacques Gamblin est très en retrait mais d'autres comédiennes telles que Marianne Dénicourt (excellente en cheffe de service) ou Carole Franck apportent une belle dynamique dans les dialogues. Je ne suis malheureusement pas assez calé pour juger si l'image renvoyée par ce film est en adéquation avec la réalité, mais vu le travail de recherche fourni par le cinéaste et son implication, je suppose que beaucoup de personnes exerçant dans le corps médical s'y sont retrouvées. Le film met le doigt sur toutes les petites failles et, surtout, tous les problèmes qui empêchent les hôpitaux de fonctionner comme ils le devraient. Tout y passe : le manque de lits, de budget, le matériel vétuste, les conditions de travail épuisantes qui mènent à des erreurs de jugement ou de diagnostic. Malgré tout, Hippocrate replace toujours l'humain au centre de son récit et s'avère poignant, tout en portant un regard plein d'espoir sur ces métiers essentiels. 

 

Première année (Thomas Lilti - 2018)

Quelques films en vrac #36 - Spéciale Lacoste et Lilti

      Quatre ans plus tard, le réalisateur fait marche arrière dans la chronologie pour se concentrer sur les études de médecine, en particulier la première année qui, on le sait, est l'une des voies les plus difficiles à suivre après le bac. On se rapproche un peu plus de mon domaine de prédilection (je suis prof de maths), même si j'admets avoir préféré le sujet d'Hippocrate qui me semblait avoir beaucoup plus de choses à dire. Dans Première année, le cinéaste met à nouveau en œuvre son procédé chirurgical en étudiant le sujet sous toutes les coutures. Le film est porté par un Vincent Lacoste totalement crédible en étudiant triplant et par un William Lebghil qui fait le job dans la peau d'un élève en "première première année". Quelques séquences sont palpitantes et j'ai beaucoup aimé la dénonciation de l'esprit de compétition qui peut régner dans ces filières. Evidemment, les places sont chères et les amitiés peuvent parfois virer vers un côté malsain. Je conseille Première année qui, sans être aussi fort que Hippocrate (le sujet est moins clivant), se démarque par son histoire d'amitié est n'est pas moins immersif que son prédécesseur. 

 

Un métier sérieux (Thomas Lilti - 2023)

Quelques films en vrac #36 - Spéciale Lacoste et Lilti

      On termine par le dernier film en date de Thomas Lilti, véritable plongée dans l'Education Nationale puisqu'on y suit une bande de profs dans un établissement scolaire. Vincent Lacoste joue le rôle de Benjamin Barrois (même nom que celui porté par son personnage dans Hippocrate), un prof de maths fraîchement nommé dans un collège français "moyen". Contrairement aux deux autres films, je peux désormais me prononcer sur l'exactitude ou la véracité de ce qui est montré dans Un métier sérieux, et je dois dire que j'ai été très impressionné. Malheureusement, certains spectateurs auraient préféré que le film s'appelle "Un métier difficile", et se sont offusqués du manque de réalisme. Comment ? Les élèves sont polis ? Les profs ne sont pas dépressifs ? Il n'y a pas de trafic de drogue à la sortie de l'école ? Pas de bastons générales dans les cours de récré ? Et bien non, bienvenue dans un collège normal de France. Le but de Thomas Lilti n'était pas de décrire les situations extrêmes qu'on a trop souvent l'habitude de voir dans le cinéma français. On n'a pas affaire à un établissement particulièrement difficile, ni non plus à un collège élitiste. On est purement dans ce que la majorité des profs expérimentent dans l'exercice de leurs fonctions, ni plus ni moins. Je comprends que ça puisse détonner lorsqu'on a l'habitude (et c'est pénible) de voir l'Education Nationale constamment dévalorisée dans des oeuvres alarmistes qui donnent l'impression que la jeunesse est perdue... Mais je vais vous spoiler : ces cas difficiles qu'on voit régulièrement au cinéma ne sont pas la norme. Et la jeunesse va très bien, globalement. Et les profs ne sont pas tous des êtres au bout du rouleau qui peinent à survivre, globalement. Non, beaucoup sont heureux d'enseigner et s'épanouissent dans leur métier, tout en pouvant vivre de façon relativement pépère (l'auteur de cet article en est un exemple frappant). Certains vont même travailler avec un sourire éclatant, une envie débordante... vous imaginez ? Certains même (et oui, c'est incroyable) sont si attachés à leurs élèves qu'ils leur manquent parfois. C'est pas fou, ça ?

 

     Je remercie donc Thomas Lilti pour ce film qui permet de rétablir une part de vérité dans un pays où tout le monde est persuadé que nos salles de classe ressemblent à des cages de zoo. Ce n'est pas le cas, à l'échelle de la France, et je dois dire qu'à part quelques inexactitudes techniques (comme l'inspectrice qui visite des profs de plusieurs matières différentes alors qu'un inspecteur est censé être cantonné à une seule discipline), j'ai trouvé Un métier sérieux extrêmement proche de tout ce que j'ai pu vivre lors de mes 10 années d'enseignement. Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit : les situations catastrophiques existent, et les profs qui n'en peuvent plus font aussi partie du paysage. Seulement, je trouve qu'ils sont bien trop représentés au cinéma et je suis ravi qu'un réalisateur ait enfin choisi de porter un regard moins extrême. En plus de pointer (de manière précise) tous les soucis que rencontre l'Education Nationale et qui empêchent la machine de fonctionner à la perfection, le film donne de l'espoir dans le métier de prof, mais surtout dans la jeunesse qui n'est pas aussi décadente qu'on voudrait bien nous le faire croire. Voyez ce film, il fait du bien. D'ailleurs, il faut saluer le talent de tous les comédiens (sans exception) qui rendent Un métier sérieux aussi drôle que crédible. Adèle Exarchopoulos est fidèle à elle-même (donc exceptionnelle), Louise Bourgoin est hallucinante de justesse. Même François Cluzet n'en fait pas des caisses, alors foncez.

 

     Voilà tout pour ces quelques films mettant en scène Vincent Lacoste. J'apprécie beaucoup cet acteur français et j'espère continuer à le voir régulièrement sur nos écrans, car il dégage quelque chose de magnétique.

 

 

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