Quelques films en vrac #38

Quelques films en vrac #38

     Voici quelques films vus récemment, que j'avais envie de présenter brièvement ici. Deux valent le détour.

 

Next door (de Pål Sletaune - 2005)

Quelques films en vrac #38

     C'est peut-être le seul film de cette liste que je déconseillerais, malgré sa courte durée (1h12). Next Door (parfois appelé Fantasmes Sanglants, ou Naboer en version originale) est un thriller norvégien qui s'annonçait comme un intéressant drame psychologique entre rêve, fantasmes et réalité, mais s'avère finalement décevant sur le fond et la forme. Le côté intrigant des 15 premières minutes laisse rapidement place à une histoire un peu étrange et pas franchement palpitante, pour accoucher d'une révélation finale convenue et attendue. J'ai été relativement gêné par le comportement masochiste de certains personnages, qui donnent au film un côté gratuit et bas de plafond, même si les comédiens sont plutôt convaincants. Pour conclure, Next Door est un thriller froid qui n'apporte pas grand chose en terme de scénario et de propos, malgré quelques séquences de labyrinthe mental assez réussies.

 

La consolation (de Magaly Richard-Serrano - 2017)

Quelques films en vrac #38

     Cette adaptation du livre de Flavie Flament à propos des abus sexuels qu'elle a subis lorsqu'elle était enfant est percutante et très réussie. A vrai dire, le film aurait pu se retrouver dans mon top 400 s'il ne souffrait de quelques défauts de narration, comme cette idée de raconter l'histoire à travers une Flavie adulte, sous forme de flashbacks. J'ai trouvé que ça donnait un aspect très "téléfilm du service public" alors que le récit pur et dur des événements est, quant à lui, magnifiquement mis en images et se suffisait à lui-même. La consolation est une œuvre marquante notamment grâce à Lou Gable qui incarne cette jeune fille avec une belle candeur, mais c'est la performance de Léa Drucker que je retiendrai. Dans le rôle de la mère de Flavie, l'actrice campe une femme toxique insupportable, elle m'a irrité pendant tout le film. J'ai ressenti de la rage à l'égard de cette femme malsaine qui ne vit que par le culte de la beauté et souhaite faire de sa fille un morceau de viande, par procuration. Léa Drucker joue ce rôle avec tant de justesse qu'elle vole presque la vedette à ce photographe violeur dans le rôle de la grande méchante du film, car on peine à comprendre comment une mère peut laisser sa fille sombrer dans les griffes d'un tel prédateur. Heureusement, son état psychologique est brièvement abordé afin de lui trouver quelques excuses, mais son personnage n'en demeure pas moins marquant. Evidemment, cette mère est loin d'être aussi abominable que le monstrueux David Hamilton, ici parfaitement interprété par Phillip Schurer. Certaines séquences sont effroyables, glaçantes, et on ne sort pas de ce film indemne.

 

5ème set (de Quentin Reynaud - 2021)

Quelques films en vrac #38

      J'avais hésité à aller voir 5ème set lors de sa sortie en salles en 2021, et je crois que j'ai bien fait de l'avoir esquivé car le film n'a pas grand-chose de cinématographique à proposer. Malgré un jeu impeccable d'Alex Lutz qui donne tout ce qu'il a en terme de puissance, le film est réalisé de manière très primaire, sans idées visuelles particulières. Le seul choix artistique est la manière de filmer les matches de tennis depuis le court, à hauteur d'homme. Cependant, on comprend rapidement que ce côté "caméra à l'épaule" est utilisé pour des raisons pratiques : Alex Lutz a beau s'être entraîné physiquement pour le rôle, il lui fallait des doublures pour les points importants, pour croire que son personnage puisse avoir le niveau pour Roland Garros. Les prises de vue depuis le terrain sont donc seulement un habile procédé pour ne pas montrer le visage d'Alex Lutz, et pas un choix réfléchi de mise en scène... Le reste du film souffre des mêmes défauts, en plus de n'offrir aucune tension palpable : les scores s'affichent à l'écran et on s'en fout un peu. D'ailleurs, pour le match final, le réalisateur ne s'emmerde même plus à filmer le match depuis le court de tennis : on a tout simplement droit à une diffusion télévisée, comme si on suivait la compétition depuis notre canapé. Bref, le film est passablement sans intérêt, d'autant qu'il ne raconte absolument rien de réel et qu'on se fout totalement de l'avenir de ce joueur de 37 ans qui ne pense qu'à son petit nombril et n'a aucune sorte de considération pour sa femme. Je tiens par contre à saluer Ana Girardot qui est exceptionnelle dans le rôle, mais ce n'est pas étonnant venant de cette fabuleuse actrice.

 

Soleil battant (de Clara et Laura Laperrousaz - 2017)

Quelques films en vrac #38

      Dans une volonté de creuser la filmographie d'Ana Girardot, qui me fascine, je me suis penché sur Soleil battant. Le film suit une petite famille : Iris et Gabriel ainsi que leurs filles jumelles Emma et Zoé. En vacances dans une maison de famille au Portugal, un lourd secret va être révélé aux petites filles, réveillant alors d'anciennes douleurs. Là, pour le coup, on a affaire à une petite pépite sur le plan visuel et scénaristique. Sur un thème rarement abordé au cinéma, le film offre quelques plans saisissants (on trouve même de temps à autres des plans-séquences plutôt intéressants) dans un cadre idyllique. Je n'ai pas envie de donner trop de détails sur Soleil battant car il faut en découvrir les enjeux sur le moment, afin de bien s'imprégner de l'émotion d'Iris et de la colère de Gabriel. Quelques scènes sont assez dures notamment à l'égard d'Iris, qui se prend des mots difficiles en plein visage. Ana Girardot est parfaite pour le rôle, à la fois bouleversée et bouleversante, la majorité des séquences repose sur ses talents. Bref, Soleil battant est un joli petit film, émouvant et superbement filmé, même si quelques musiques accentuent trop vite le côté dramatique (première scène notamment). Je vous le recommande chaudement.

 

 

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