Dark Waters - de Todd Haynes (4/16) - Critique

    Proposé par e_Ti, que je remercie pour cette découverte, Dark Waters est sorti en 2019 et relate le scandale de santé publique qui a été révélé par Rob Bilott après plus de 20 ans d'enquêtes et de procès contre DuPont, un groupe industriel de produits chimiques. L'avocat, par sa ténacité, a mis en lumière la contamination de l'eau, dans laquelle des produits toxiques étaient déversés, et remis en cause l'utilisation de matières comme le Téflon.

Critique analyse explication du film

     Dark Waters est un film qui tient en haleine en partie grâce à Mark Ruffalo qui campe un Robert Bilott de plus en plus stressé et atteint physiquement par l'épuisant combat qu'il mène contre ces puissances industrielles, presque impossibles à attaquer sans y laisser des plumes. Sous bien des aspects, j'ai parfois pensé à un autre film dans lequel Mark Ruffalo tient un rôle similaire : Spotlight (2015), dans lequel on peut également suivre une équipe qui donne son maximum pour faire éclater au grand jour un scandale bien dissimulé. Dans Dark Waters, par contre, l'ensemble est principalement axé sur l'aspect juridique et, même si le film ne rentre pas dans tous les détails, on comprend aisément l'enfer dans lequel s'est plongé Rob Bilott pour aboutir à la vérité.

      Le film reste assez conventionnel sur le fond et la forme, on voit défiler à peu près toutes les scènes qu'on s'attend à voir surgir pour ce genre de films. En ce sens, il n'y a pas beaucoup de surprises et je me suis senti parfois assez passif face aux événements relatés. On comprend très rapidement de quoi il est question et on imagine sans mal la conclusion du film, jusqu'aux informations données juste avant le générique pour expliquer brièvement comment l'histoire s'est terminée. Ce côté assez académique m'a légèrement déçu car Dark Waters ne laisse que peu de place au suspense... Il est facile notamment de prévoir, dans la dernière partie, à quel moment Robert va enfin recevoir le coup de téléphone qu'il n'attendait plus (mais que le spectateur, lui, n'a pas du tout oublié). L'ensemble souffre donc de quelques facilités dans sa narration, assez attendue.

     Par contre, outre le sens du détail et de la reconstitution (le film a été tourné dans les vrais bureaux de Taft, ajoutant à l'authenticité du récit), Dark Waters brille surtout pour le traitement de son personnage principal qu'on voit évoluer doucement, puisque la santé de Rob se détériore progressivement en même temps que celle de ses clients, pour des raisons bien différentes : cette injustice le ronge de l'intérieur. J'ai beaucoup aimé voir à quel point cette affaire, chronophage et harassante, isole doucement Rob de ses pairs et de sa famille. C'est l'enquête d'une vie, que le personnage paye au prix fort. Mark Ruffalo trouve ici l'un de ses plus grands rôles, il est très sobre et n'en fait jamais trop. Le rôle d'Anne Hathaway est également très important et l'actrice l'interprète à merveille. On ressent à quel point le travail de Rob vient détruire sa famille de l'intérieur, comme un produit chimique et toxique qui s'infiltre progressivement.

      Bref, j'ai beaucoup aimé découvrir Dark Waters et je remercie à nouveau e_Ti pour cette proposition. Le film est puissant et sobre à la fois, même si je l'ai trouvé assez conventionnel dans sa forme et dans sa narration. Je vous le recommande, ne serait-ce que pour avoir quelques éclairages sur ce scandale qui a remué le monde en terme de santé publique.