Une séparation est un film iranien sorti en 2011 qui occupait, ces dernières années, une place de premier plan dans ma liste des films à voir en priorité. Je remercie donc NTosic de me l'avoir proposé pour participer au concours lancé le mois dernier. Sans vouloir trop en dire, tous les films visionnés jusqu'à présent m'ont beaucoup plu sans pour autant devenir des coups de cœur ultimes, et ce sera à nouveau le cas pour Une séparation. Cela s'annonce donc, pour le moment, extrêmement serré.
Critique analyse explication du film
Ce drame d'Asghar Farhadi me restera en tête un bon moment, on a clairement affaire à un film qui ne s'oublie pas si facilement. Le film est empreint d'une intense pudeur à chaque instant, ce qui en fait sa force. Même lors des grands coups d'éclat des divers personnages, il se dégage une forme de retenue et de respect mutuel dans leur déchirement, ce qui fait beaucoup de bien. On peut facilement s'attacher à tous les personnages qui nous sont présentés, sans exception, car aucun ne nous apparait comme particulièrement plus en tort que les autres. Le réalisateur est ainsi parvenu à un incroyable équilibre, en prenant le temps de montrer les blessures de chacun des protagonistes, et ses raisons d'agir de telle ou telle façon. Mieux encore : au fur et à mesure de l'intrigue, certaines informations cruciales nous sont dévoilées au compte-goutte, et le spectateur a bien du mal à se faire une opinion de la situation, tant chaque personnage semble honnête en voulant défendre sa famille. La dernière partie du film offre un joli twist qui remet tout en question.
Une séparation fait aussi preuve d'un sens du cadre intelligent qui met en valeur le titre du film ; il ne s'agit pas que d'une séparation de couple, ça va bien au-delà. La séparation s'opère au cœur des familles, par des dilemmes et des relations complexes qui font de cette intrigue un sac de nœuds inextricable. Les plans soulignent régulièrement ces oppositions en séparant physiquement les personnages dans le cadre, ce qui donne un rendu très astucieux.
Je n'irai pas jusqu'à dire que le film m'a profondément ému ou bouleversé, car l'ensemble est assez rigide, tout en retenue, sans musique, avec des couleurs froides ou ternes. C'est un parti-pris qui sert le propos du film mais qui m'a paradoxalement laissé parfois en dehors. Quelques scènes auraient peut-être mérité un soutien sonore afin de dynamiser l'ensemble, à l'instar de la scène sur laquelle défile le générique final, parfaite pour conclure toute cette histoire dans un grand point d'interrogation.
Dans tous les cas, le film est maîtrisé scénaristiquement, d'autant que les acteurs sont tous exceptionnels dans leurs rôles, que ce soit Leila Hatami touchante dans sa carapace, Payman Maadi génial dans sa retenue, Shahab Hosseini percutant dans ses coups d'éclat, Sareh Bayat émouvante dans sa fragilité, ou encore Sarina Farhadi d'une grande justesse pour nous impliquer dans la situation délicate de son personnage. Une séparation m'a donc passionné et je crois qu'il est nécessaire que je laisse le film me marquer doucement au fil des prochains jours afin de savoir s'il mérite, éventuellement, de figurer dans mon top 400. Pour le moment, je reste encore assez indécis, mais il n'est pas impossible que le film me fasse l'effet d'une bombe à retardement. Merci encore à NTosic pour m'avoir aidé à franchir ce pas !