Je voudrais remercier cath44 pour ce sixième film du concours qui m'a permis d'explorer un réalisateur qui m'intéresse depuis quelques temps. En effet, depuis que j'ai découvert Personal Shopper qui m'a subjugué il y a 3 ans, ainsi que Sils Maria qui m'a passionné dans une moindre mesure, j'avais hâte d'en découvrir davantage sur Olivier Assayas. Malheureusement, je suis navré cath44, mais Demonlover m'a totalement laissé en-dehors...
Critique analyse explication du film
Le film a tout de même quelques qualités sur le papier, notamment dans son côté visionnaire puisqu'Olivier Assayas détectait déjà les dérives d'Internet et de la pornographie en ligne, alors que le film n'est sorti qu'en 2002. C'est avec quelques années d'avance que Demonlover dénonce de manière graphique et plutôt radicale les travers d'un monde virtuel, les limites entre le réel et l'imaginaire. La désincarnation des êtres humains est montrée par le biais de chaque personnage, à commencer par Diane, une femme qui semble insensible à tout ce qu'il lui arrive. Elle est campée par l'incroyable Connie Nielsen, d'une beauté froide, dont le regard est absolument fascinant du début à la fin.
Le casting est d'ailleurs le point fort de Demonlover, puisque le trio de tête est impeccable, que ce soit Chloë Sevigny (et j'ai appris, très surpris, qu'elle n'était, en fait, pas du tout une actrice française) ou Charles Berling que je n'avais jamais vu aussi impavide.
Malgré tout, un casting ne suffit pas toujours à tenir le spectateur passionné et, je dois bien l'admettre, je n'ai pas réussi à m'impliquer dans ce récit aussi abscons que foutraque. Assayas propose ici quelque chose de bien différent des deux films précédemment cités et ce fut particulièrement déstabilisant, mais pas dans le bon sens. Je n'ai eu aucune prise pour m'accrocher aux personnages ou à ce qu'il leur arrivait, et tous mes efforts ont été nécessaires pour tenter de comprendre de quoi il était question dans cette histoire. Les enjeux sont très flous, ce qui s'avère très pénible pour suivre l'intrigue et s'y impliquer. Entre la mise en scène froide et étrange, l'esthétique clipesque qui rend l'intrigue brouillonne, ou encore le propos difficile à cerner, je me suis rapidement retrouvé plongé dans un ennui profond. Demonlover m'a perdu rapidement et n'a pas cherché à me repêcher.
Le film est donc déroutant, ce qui aurait pu provoquer une certaine fascination (d'ailleurs, certaines gens défendent la puissance des images). Cependant, mon expérience ne fut pas positive en raison d'une intrigue sans queue ni tête et d'un style qui m'a totalement laissé sur le carreau. Certaines séquences m'ont même gêné de manière récurrente, notamment dans la façon très crue de présenter les choses visuellement. C'était comme découvrir un Lynch sans âme (et encore, ce n'est pas comparable) ou un mauvais Cronenberg. Je n'aime pas vraiment l'univers de Cronenberg et ce film m'y a beaucoup fait penser. Ceci explique peut-être cela : je ne crois pas être le bon public pour des films comme Demonlover, même si j'en reconnais les quelques intentions.
Je suis désolé, donc, cath44, même si tu m'as poussé à découvrir une autre facette d'Olivier Assayas. C'était probablement un énorme pari de ta part puisque le film n'est pas unanimement apprécié, mais ce cinéma-là ne me parle pas du tout. Ceci ne m'empêchera pas de poursuivre la filmographie du cinéaste, puisque j'ai entamé il y a quelques jours la série Irma Vep avec Alicia Vikander, œuvre qui me passionne déjà davantage et dont je n'hésiterai pas à venir parler sur le blog à la fin des 8 épisodes.