Ce film de mon enfance fait partie de mes énormes madeleines émotionnelles. Jumanji, de Joe Johnston, est une pépite qui a le mérite de résonner aussi bien chez les enfants que les adultes. Il fait clairement partie de mes films préférés pour la nostalgie intense qu'il me procure, pour son humour merveilleux et son concept original, mais aussi pour la musique de James Horner qui est inoubliable et continue de me hanter des décennies plus tard... Je ferai prochainement un article sur le film puisque je l'ai revu récemment avec mes filles, ce qui m'a procuré de fortes sensations. Aujourd'hui, je voulais revenir rapidement sur une réplique du film (et une scène en particulier (et une musique en particulier)). Il existe des musiques qui, en l'espace de 20 secondes, frappent à vie.
Si Jumanji est marquant et reste un immense plaisir à revoir même à l'âge adulte, c'est parce qu'il parle à tout le monde, avec un aspect assez sombre notamment lorsqu'il aborde la relation père-fils. Jumanji, en effet, est un film sur la figure paternelle, sur le fait de grandir en s'appuyant ou en se révoltant contre cette figure que l'acteur Jonathan Hyde incarne à la perfection dans un double rôle : celui d'un père aimant mais sévère qui, dans les yeux d'Alan, se matérialise sous les traits d'un chasseur assassin qui le pourchasse avec un fusil (Van Pelt). Cette relation difficile, qui terrorise voire traumatise le jeune garçon, donnera lieu à des séquences d'une incroyable tristesse pour un film destiné aux enfants. La plus belle séquence du film est sans aucun doute celle dont il est question dans cet article et que je repasse ci-dessous :
Hey, wait a minute, where are you going ?
To find my parents !
Une fois ces répliques prononcées par Kirsten Dunst et Robin Williams, nous avons droit à la séquence la plus triste du film, magnifiquement accompagnée par la musique "Alan Parrish" de James Horner. Alan, après avoir passé 26 ans seul dans la jungle, pourchassé sans relâche par un tueur qui prend la forme de son père, découvre que ses parents sont décédés. Avant d'arriver à cette révélation, il arpente la ville et constate avec effroi à quel point elle a changé. Il ne reconnait plus les lieux, dévisage les gens avec inquiétude et incompréhension. Une étincelle de tristesse traverse ses yeux en voyant l'état de la statue du Général Parrish, totalement dégradée. Sa famille, qui tenait une place importante dans cette ville, n'existe plus.
A chaque fois que je pense à Jumanji, les notes de James Horner me passent par la tête (à partir de 0:12 dans la vidéo ci-dessus). Cette composition musicale est d'une telle beauté nostalgique qu'il m'arrive de me repasser ces 25 secondes vingt fois de suite. C'est d'ailleurs ce que je suis en train de faire en écrivant cet article. Il n'y a rien à dire : James Horner faisait partie de ces grands compositeurs qui parvenaient à capter un moment, une émotion, pour la faire grandir et nous marquer durablement. Son style est reconnaissable entre mille et il a toujours été l'un de mes compositeurs de musiques de films préférés.
En plus de nous rappeler que nos parents sont voués à disparaître avec cette réplique bouleversante d'Alan, la séquence est un cumul d'éléments qui frisent la perfection : que ce soit par l'atmosphère sombre qui règne tout à coup comme par le jeu d'acteur de Robin Williams qui incarne ce petit garçon dans un corps d'adulte avec une justesse époustouflante.
Je voulais ainsi revenir sur cette scène (avec une grande tristesse) pour continuer de parler de ces deux grands génies du cinéma ; James Horner et Robin Williams, tous deux décédés depuis maintenant 10 ans ou presque. Cette séquence sur fond de la musique "Alan Parrish" est un joyau à préserver à tout prix.