Border Line - de Juan Sebastián Vásquez et Alejandro Rojas - Critique

Border Line - de Juan Sebastián Vásquez et Alejandro Rojas - Critique

     Très belle surprise que ce thriller espagnol de 1h17, que je suis allé voir un peu par hasard en attendant la séance de Jusqu'au bout du monde. Finalement, j'ai largement préféré ce huis clos palpitant au film ronflant de Viggo Mortensen. Border Line se base sur des expériences vécues par les deux réalisateurs : celles des contrôles douaniers aux aéroports américains. Ici, on suit Elena (espagnole) et Diego (d'origine vénézuélienne), un couple qui souhaite s'installer aux USA. Malheureusement, à leur arrivée à New York, le douanier qui vérifie leurs passeports les emmène passer des "contrôles supplémentaires" dans une zone plus obscure de l'aéroport.

 

Border Line - de Juan Sebastián Vásquez et Alejandro Rojas - Critique

     Border Line est suffisamment court pour ne pas tourner en rond. Le scénario et le jeu des acteurs, tout comme la mise en scène et la lumière, sont très sobres et les réalisateurs sont allés à l'essentiel, pour ne garder que les décors et les dialogues. Bien que le budget du film (assez faible) explique ces choix, ce sont des partis-pris des deux cinéastes qui ne voulaient pas enrober cette histoire d'artifices cinématographiques. Le spectateur est donc plongé dans cet interrogatoire comme s'il y assistait, forcé de se faire un avis sur l'ensemble des indices qui lui sont donnés. 

 

    J'ai adoré ce film qui met en exergue la suspicion des autorités sur l'immigration, tant et si bien qu'on finit nous-mêmes par douter de ce couple a priori réglo. Des révélations sont faites au cours du film, qui nous influencent forcément dans notre appréciation de la situation. Si, au début, ce petit couple en quête de rêve américain nous semble subir des accusations scandaleuses et des questions bien trop déplacées, on se surprend à douter de la parole de Diego, et à le trouver suspect. 

 

Border Line - de Juan Sebastián Vásquez et Alejandro Rojas - Critique

     Border Line est assez amusant parfois, puisqu'on entre en empathie avec les deux personnages qui sont extraordinairement calmes et patients face à la situation. Ce comportement est expliqué par le stress imposé par ces deux agents qui, tels des détectives, peuvent décider du sort de chaque personnage en un claquement de doigts. D'ailleurs, on se croirait presque dans un commissariat de police et le film joue habilement avec les clichés du genre : le flic qui pose les questions d'un côté de la table, qui refuse de céder un verre d'eau mais pose son café sur le bureau... Les personnages sont d'office placés dans un climat angoissant, dans une situation de laquelle ils ne peuvent pas s'échapper. On pourrait presque envisager leur incarcération, tant la pression est grande. 

 

Border Line - de Juan Sebastián Vásquez et Alejandro Rojas - Critique

     Alors bien sûr, le film garde un petit côté anecdotique, notamment avec ce dénouement qui amuse beaucoup mais qu'on voit évidemment venir. Je n'ai jamais personnellement subi la douane américaine mais, d'après ce que j'ai lu, le film semble très fidèle à la réalité. Border Line dénonce ainsi de manière cynique le traitement de l'immigration aux Etats-Unis, propos qu'on comprend dès les premières images puisque le fil s'ouvre avec une radio qui explique la volonté de Trump de construire son mur pour protéger les USA, projet envisageable grâce aux multiples dons des citoyens.

 

    Bref, si vous ne savez pas quoi voir au cinéma en ce moment, Border Line est un excellent huis clos qui vous fera passer un moment sympathique, entre le malaise et l'amusement sidérant.

 

 

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